"La photo en noir et blanc d'une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l'autre laissée dans le dos. Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d'Ambre Solaire, d'échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses, plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d'une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d'un séjour ou d'une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotteville-sur-Mer."
Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective.
"Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide.
Une de mes frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la bouche.
Puisque la maîtresse me reprenait, plus tard j'ai voulu reprendre mon père, lui annoncer que se parterrer ou quart moins d'onze heures n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère. Une autre fois : Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre, si vous parlez mal tout le temps ! Je pleurais. Il était malheureux. Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancoeur et de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent."
En quelques pages, à la première personne, Annie Ernaux raconte une relation vécue avec un homme de trente ans de moins qu'elle. Une expérience qui la fit redevenir, l'espace de plusieurs mois, la "fille scandaleuse" de sa jeunesse. Un voyage dans le temps qui lui permit de franchir une étape décisive dans son écriture.
Ce texte est une clé pour lire l'oeuvre d'Annie Ernaux - son rapport au temps et à l'écriture.
"J'ai voulu l'oublier cette fille. L'oublier vraiment, c'est-à-dire ne plus avoir envie d'écrire sur elle. Ne plus penser que je dois écrire sur elle, son désir, sa folie, son idiotie et son orgueil, sa faim et son sang tari. Je n'y suis jamais parvenue."
Annie Ernaux replonge dans l'été 1958, celui de sa première nuit avec un homme, à la colonie de S dans l'Orne. Nuit dont l'onde de choc s'est propagée violemment dans son corps et sur son existence durant deux années. S'appuyant sur des images indélébiles de sa mémoire, des photos et des lettres écrites à ses amies, elle interroge cette fille qu'elle a été dans un va-et-vient entre hier et aujourd'hui.
"Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d'un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J'ai la mémoire qui flanche, n'importe quelle chanson qui m'a accompagnée durant cette période, me bouleverse."
Annie Ernaux
"À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi."
Annie Ernaux
Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un "cadre", mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c'est une femme gelée. C'est-à-dire que, comme des milliers d'autres femmes, elle a senti l'élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d'enseignante. Tout ce que l'on dit être la condition "normale" d'une femme.
Annie Ernaux s'efforce ici de retrouver les différents visages et la vie de sa mère, morte le 7 avril 1986, au terme d'une maladie qui avait détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique. Elle, si active, si ouverte au monde. Quête de l'existence d'une femme, ouvrière, puis commerçante anxieuse de "tenir son rang" et d'apprendre. Mise au jour, aussi, de l'évolution et de l'ambivalence des sentiments d'une fille pour sa mère : amour, haine, tendresse, culpabilité, et, pour finir, attachement viscéral à la vieille femme diminuée.
"Je n'entendrai plus sa voix... J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue."
Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l'hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne. " Voir pour écrire, c'est voir autrement ", écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Avec ce relevé libre de sensations et d'observations, l'hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.
Annie Ernaux est écrivain. Elle est notamment l'auteur de La Place (1984), La Honte (1997), Les Années (2008) aux Éditions Gallimard.
"J'ai toujours eu envie d'écrire des livres dont il me soit ensuite impossible de parler, qui rendent le regard d'autrui insoutenable. Mais quelle honte pourrait m'apporter l'écriture d'un livre qui soit à la hauteur de ce que j'ai éprouvé dans ma douzième année."
Annie Ernaux.
"Ça suffit d'être une vicieuse, une cachottière, une fille poisseuse et lourde vis-à-vis des copines de classe, légères, libres, pures de leur existence... Fallait encore que je me mette à mépriser mes parents. Tous les péchés, tous les vices. Personne ne pense mal de son père ou de sa mère. Il n'y a que moi."
Un roman âpre, pulpeux, celui d'une déchirure sociale, par l'auteur de La place.
Une grande loterie sera bientôt organisée à Versailles. comme promis, Élisabeth offre un billet à Colin. Le valet s'imagine déjà remporter le gros lot. Mais, une fois rentré au château, il s'aperçoit que le billet n'est plus dans sa poche, il a disparu ! Quelqu'un l'a volé ! Malheureuse pour son ami, Élisabeth se promet de l'aider.
Depuis que Versailles est sous la neige, Élisabeth et ses amis s'amusent follement. Mais il y a urgence : en promenant Biscuit, Colin surprend deux voleurs qui complotent dans les jardins. Ils vont cambrioler une baronne ! Mais comment la prévenir, alors qu'il ignore son nom ? Élisabeth se promet de le découvrir. Son enquête débute alors près du Grand Canal, où les ouvriers cassent de la glace...
La gouvernante de la princesse Elisabeth a bien du mal à la faire obéir. Avec l'accord du roi de France, qui n'est autre que le grand-père d'Elisabeth, elle va engager une sous-gouvernante, madame de Mackau, qui aura pour mission de la « mâter ». Mais Elisabeth n'est pas décidée à se laisser faire... Heureusement, elle va vite devenir inséparable d'Angélique, la fille de madame de Mackau. Ensemble, Elisabeth et Angélique vont être amenées à résoudre une énigme bien mystérieuse... à qui est adressé le billet dissimulé dans le précieux automate d'Elisabeth ? Comment retrouver « La Dame à la Rose », le précieux tableau qui a disparu depuis plus de 30 ans ? Pour les aider, elles pourront compter sur Théo, le jeune page...
À partir de 8 ans
Tandis que Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. La lettre d'un inconnu, natif de Guernesey, va le lui fournir. Elle pénètre alors un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d'un club de lecture au nom étrange, inventé pour tromper l’occupant allemand. Et puis vient le jour où elle se rend à Guernesey...Grâce aux 5 comédiens donnant vie aux personnages de ce roman épistolaire, impossible de résister au charme de ce cercle bien particulier !
Durée : 08H17
(c) The Trust Estate of Mary Ann Shaffer & Annie Barrows, 2008. Traduction française : NiL éditions, © et (P) Audiolib, 2014
Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D'où vient l'absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C'est cet angle inédit qui constitue l'objet de ce livre.
Pour l'éclairer, il faut exhumer des strates de documents ensevelis, retrouver des fonds d'archives inexploités, en rouvrir, un à un, tous les cartons, déplier chacune des enveloppes, déchiffrer les différentes écritures manuscrites. Alors tout s'organise autrement et le statut de l'artiste se révèle beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginait.
Un étranger nommé Picasso nous entraîne dans une enquête stupéfiante sur les pas de l'artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions. On le voit imposer au monde son oeuvre magistrale, construire ses propres réseaux et devenir un puissant vecteur de modernisation du pays. Un modèle à contempler et peut-être à suivre.
Alors que la famille royale et toute la cour sont obligées de fuir Versailles pour éviter l'épidémie qui y règne depuis la mort du roi Louis XV, la princesse Elisabeth et son amie Angélique de Mackau sont bien décidées à retrouver le précieux tableau La Dame à la Rose, disparu depuis plus de 30 ans. C'est donc au château de Choisy qu'elles continueront leur enquête, toujours aidées de leur fidèle ami, le page Théo. Mais elles doivent faire face à un autre défi... comment prouver l'innocence du petit valet d'Elisabeth, Colin, accusé à tort de vol au sein du château ? L'heure est grave, Colin risque la prison voire pire...
À partir de 8 ans
Dans l'appartement en travaux d'Angélique et de Mme de Mackau, Colin découvre une petite fiole. À l'intérieur : un message d'amour, daté d'une cinquantaine d'années, que sa destinataire semble n'avoir jamais reçu... Se sentant pousser des ailes de Cupidon, Élisabeth et ses amis décident de remonter la piste des deux anciens amants... Mais la princesse doit aussi apaiser ses domestiques, qui se disputent pour la servir !
"J'avais quitté W. Quelques mois après, il m'a annoncé qu'il allait vivre avec une femme, dont il a refusé de me dire le nom. À partir de ce moment, je suis tombée dans la jalousie. L'image et l'existence de l'autre femme n'ont cessé de m'obséder, comme si elle était entrée en moi. C'est cette occupation que je décris."
Annie Ernaux.
Alors que la famille royale est exilée au château de Choisy pour échapper à une épidémie de variole, Elisabeth est très inquiète : le roi Louis XVI, son frère, a décidé de se faire inoculer la maladie afin d'en être protégé et de montrer l'exemple à son peuple. N'est-ce pas dangereux ? Au même moment, Elisabeth et ses amis découvrent au château de Trianon le troisième et dernier automate qui peut les mener au tableau La Dame à la rose, volé à la famille de Théo de Villebois. Suivre l'ange est le message caché dans cet automate, mais de quel ange s'agit-il ? Si seulement l'ennemi de Théo, Maurice de Fontaine, ne se mettait pas en travers de leur chemin...À partir de 8 ans
Angélique et Mme de Mackau sont folles de joie, elles vont enfin pouvoir quitter le Grand Commun, où elles souffrent du froid et du bruit. Un logement, grand et bien situé, leur a été accordé ! Toutes deux déchantent cependant en découvrant ledit appartement... Mais elles n'ont guère le temps de s'apitoyer : un cri les attire soudain, Théo, Guillaume, Colin, Élisabeth et elles, au grenier. Là-haut, un homme vient de tomber d'une échelle, et agonise. Il prie les jeunes gens de retrouver pour lui une boîte, et de sauver un certain Evrard. Deux requêtes bien énigmatiques, mais Élisabeth s'y engage. Une promesse est une promesse, surtout quand on estune princesse !À partir de 8 ans
"[...] Je n'ai jamais rien su de ses activités qui, officiellement, étaient d'ordre culturel. Je m'étonne aujourd'hui de ne pas lui avoir posé plus de questions. Je ne saurai jamais non plus ce que j'ai été pour lui. Son désir de moi est la seule chose dont je sois assurée. C'était, dans tous les sens du terme, l'amant de l'ombre.
[...] J'ai conscience de publier ce journal en raison d'une sorte de prescription intérieure, sans souci de ce que lui, S., éprouvera. À bon droit, il pourra estimer qu'il s'agit d'un abus de pouvoir littéraire, voire d'une trahison. Je conçois qu'il se défende par le rire ou le mépris, "je ne la voyais que pour tirer mon coup". Je préférerais qu'il accepte, même s'il ne le comprend pas, d'avoir été durant des mois, à son insu, ce principe, merveilleux et terrifiant, de désir, de mort et d'écriture."
Annie Ernaux
Pour la plus grande joie d'Élisabeth, la Cour est de retour à Versailles ! Quel plaisir de retrouver ses appartements après ces longs mois pluvieux passés à Fontainebleau ! Mais une drôle de surprise attend la princesse dans sa bibliothèque... Quelqu'un y a déposé un bébé, avec un petit mot qui l'adresse à ses bons soins ! Émue, Élisabeth cherche à comprendre. Elle remonte avec ses amis la piste des parents de l'enfant... Qu'est-ce qui a donc bien pu leur arriver pour qu'ils se séparent ainsi, à contrecoeur semblerait-il, du petit Adrien ?À partir de 8 ans
Annie Ernaux est aujourd'hui, de façon incontestable, l'un des auteurs français les plus (re)connus dans le paysage littéraire contemporain. Ce Cahier, mêlant regards critiques et témoignages personnels d'écrivains ou d'artistes, comporte un très grand nombre d'inédits de l'auteure - notamment des extraits de son journal - ainsi que des documents personnels (manuscrits, photos, échanges épistolaires....).