Vous êtes las d'entendre parler à tout-va d'identités, de diversités, de minorités ? Leurs sommations, leurs bûchers, leurs revanches victimaires vous impatientent ? Ce livre est pour vous. Il ne s'agit pas ici de dresser un nouvel état des lieux des avancées du wokisme, prête-nom des idéologies diversitaires, en France. Ces ouvrages existent. Ils sont nécessaires et précieux. Mais à quoi bon, objecte Bérénice Levet, multiplier les enquêtes, alerter sur l'extension du domaine des revendications identitaires, si nous n'avons rien de substantiel à leur opposer ? Réalité cruelle peut-être, mais criante : ânonner le catéchisme républicain ou faire tintinnabuler la clochette de l'identité nationale, ces voies empruntées jusqu'ici se sont révélées bien impuissantes à endiguer la déferlante wokiste. La philosophe se propose donc de prendre à bras-le-corps le défi qui nous est lancé. Pourquoi (et au nom de quoi) devons-nous refuser d'entrer dans Eschyle ou Colette comme dans Gauguin ou Balthus, Rameau ou Bizet, par le prisme féministe, lgbtiste ou racialiste ? Pourquoi devons-nous refuser de déboulonner les statues de Voltaire ou de Colbert comme de les escorter de cartels dits pédagogiques ? En quoi les black, gender, cultural studies sont une régression et non une avancée ? Une perte et non un gain ? Haut les coeurs !, nous enjoint Bérénice Levet. Si, de tous les pays attaqués par le wokisme, il ne devait en rester qu'un, que la France soit celui-là. Ayons le courage de la dissidence civilisationnelle !
L'écologie a gagné la bataille des esprits, c'est incontestable. Mais telle qu'elle s'incarne aujourd'hui, dans Europe Écologie les Verts, chez Anne Hidalgo ou dans les mouvements associatifs et militants (animaliste, antispéciste, végan, zaddiste), elle est engagée dans une vaste, furieuse et abstraite entreprise de déconstruction de nos sociétés. Plus occupée à « changer les comportements et les mentalités », à convertir les âmes, à remodeler nos imaginaires et nos rêves, qu'à préserver ce qui peut, et doit l'être. Nous voilà une fois encore entraînés dans l'ivresse de la table rase et de la régénération de l'humanité ! Désoccidentaliser nos civilisations serait pour ces écolos la voie du salut. D'où la porosité et les alliances avec le féminisme identitaire, le décolonialisme, l'islam politique, le wokisme, la « cancel culture »... Analysant les « laboratoires de transition » des écolos que sont devenus Paris, Grenoble, Lyon, Bordeaux..., ainsi que le sujet - ô combien idéologique - des éoliennes, Bérénice Levet dénonce ce grand règlement de compte civilisationnel, et milite pour une autre écologie, une écologie des sens qui s'appuie sur les hommes, sur leurs expériences, sur leurs attachements à un lieu, leur besoin de continuité et de stabilité - autant de dispositions conspuées par les écologistes officiels. Et pourtant, la Terre n'a pas de meilleur allié !
La philosophe Bérénice Levet entend remettre à l'heure les pendules déréglées par le néoféminisme : non, l'homme blanc occidental hétérosexuel n'est pas l'ennemi à abattre !
Pour l'essayiste, si le féminisme, en son inspiration originelle, est un mouvement d'émancipation, il n'est plus guère aujourd'hui qu'une machine à surveiller et punir, à abêtir et infantiliser, à fabriquer des réalités et en occulter d'autres.
Criminalisation du désir masculin, guerre des sexes, néopuritanisme, épuration culturelle, politique du deux poids-deux mesures lorsque le mâle est musulman : nous libérer du féminisme constitue aujourd'hui un impératif catégorique si nous voulons être rapatriés sur terre, loin du monde fictif de l'idéologie féministe.
Bérénice Levet ne craint pas d'affirmer, et d'établir, que la cause des femmes n'est qu'un alibi : le néoféminisme travaille à la déconstruction de notre modèle de civilisation. Patrie de la galanterie, du libertinage, la France doit être le fer de lance d'une révolte contre ces Robespierre du jeu, de la séduction, de la ruse, de la légèreté !
Dans cet essai brillant et engagé, la philosophe donne des raisons de résister.
« Cet essai est né d'une impatience, d'une colère même. Depuis bientôt quarante-cinq ans, les besoins fondamentaux de l'être humain sont non seulement méprisés mais disqualifiés, diabolisés par l'idéologie progressiste. Le besoin de racines, d'identité nationale, de frontière, le besoin d'un passé et d'une histoire : toutes ces constantes anthropologiques sont traitées par les idéologues contemporains comme de la frilosité, de la crispation sur soi, comme un repli identitaire et xénophobe. Jusqu'à quand allons-nous continuer de flétrir ces aspirations sans être un instant effleuré par la question de savoir si ce ne sont pas des besoins normaux, liés au fait que nous sommes des êtres humains qui ne créent pas le monde dans lequel ils arrivent. Nous en héritons, avec notre langage et l'histoire qu'il charrie.
J'ai choisi d'ouvrir cet essai par le récit de mon propre parcours, car il me fortifie dans cette défense du besoin d'identité nationale, d'inscription dans une histoire. Née au début des années soixante-dix, j'appartiens à cette génération qui a été le laboratoire de l'idéologie de la désidentification qui continue de nous gouverner. Avec notre liberté pour alibi, les adultes ont renoncé à nous transmettre le vieux monde. Nous formerons bientôt la génération Mitterrand, celle de la jeunesse flagornée. »B.L.
Si l'oeuvre d'Hannah Arendt a été beaucoup travaillée, et dans beaucoup de directions, on ne s'est pas jusqu'ici intéressé à la place qu'occupe dans ses livres et dans sa vie la réflexion sur les grandes créations esthétiques. Or la musique, mais surtout la peinture et le roman, ont joué tout au long de la vie d'Arendt un rôle moteur dans sa création philosophique.
Bien entendu, les philosophes l'ont constamment accompagnée ; mais pas moins les romanciers et les peintres. Elle fréquentait les musées, lisait Balzac avec avidité, non seulement pour le plaisir qu'elle y trouvait mais aussi parce que, en un temps où elle réfléchissait de plus en plus à « la vie de l'esprit », elle se voulait attentive aux démarches de création.
Toute une partie de son oeuvre est un hymne à la vie, à la naissance, à la positivité, et dans ce cadre les oeuvres du panthéon culturel sont pour elle un matériau inestimable.
Le Genre se veut notre nouvel Evangile, porteur de la « bonne nouvelle » que le masculin et le féminin ne sont que constructions et peuvent par conséquent être déconstruits. A cet historicisme intégral qu'elle récuse, Bérénice Levet n'oppose pas Dieu, la nature ou la tradition mais la partition que l'Europe et spécialement la France ont composée sur cette donnée universelle de la dualité des sexes : la galanterie, l'érotisme et la conversation. Non parce qu'ils sont des legs du passé mais parce qu'ils exhalent une saveur incomparable.
Forte d'une position critique, Bérénice Levet se situe à égale distance des partisans du Genre et de ses opposants : au coeur du Genre, dans cette promesse d'un monde où il n'y aurait plus ni hommes ni femmes mais des êtres rendus à une prétendue neutralité originelle, n'y a t-il pas une volonté de couper les ailes du désir hétérosexuel, d'exorciser la hantise de l'attirance que les deux sexes s'inspirent ?
En d'autres termes le Genre n'est-il pas le dernier avatar de la haine d'Eros, l'ultime mouture d'un puritanisme qui n'ose pas dire son nom et se pare d'un alibi progressiste ?