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L'Herne
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Le débat de l'identité culturelle traverse l'Europe entière ; il concerne, plus généralement, le rapport des cultures entre elles en régime de mondialisation. Or on se trompe ici de concepts : il ne peut être question de « différences », isolant les cultures, mais d'écarts maintenant en regard et promouvant entre eux du commun ; ni non plus d'« identité », puisque le propre de la culture est de muter et de se transformer, mais de fécondités ou ce que j'appellerai des ressources. L'auteur ne défend donc pas une identité culturelle française impossible à identifier, mais des ressources culturelles françaises (européennes) - « défendre » signifiant alors non pas tant les protéger que les exploiter. Car s'il est entendu que de telles ressources naissent en un milieu et dans un paysage, elles sont ensuite disponibles à tous et n'appartiennent pas. Elles ne sont pas exclusives, comme le sont des « valeurs » ; elles ne se prônent pas, ne se « prêchent » pas, mais on les déploie ou l'on ne les déploie pas, et de cela chacun est responsable. Un tel déplacement conceptuel obligeait, en amont, à redéfinir ces trois termes rivaux : l'universel, l'uniforme, le commun, pour les sortir de leur équivoque. En aval, à repenser le « dialogue » des cultures : dia de l'écart et du cheminement ; logos du commun de l'intelligible.
À se tromper de concepts, on s'enlisera dans un faux débat, donc qui d'avance est sans issue.
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L'Europe est en malaise de ne plus savoir que faire, aujourd'hui, du christianisme.
Or, si nous évitons la question du christianisme, c'est, je crois, que le clivage entre « celui qui croyait au ciel » et « celui qui n'y croyait pas » n'est plus pertinent.
Aussi aborderai-je le christianisme à titre de ressources. Celles-ci sont, disponibles, à qui les explore et les exploite. -
François Jullien revient ici sur son chemin de pensée dans un entretien avec son lecteur.
Ou comment il a fait jouer la pensée chinoise comme un opérateur théorique pour ébranler dans leurs fondements les choix faits par la philosophie ; et ouvrir celle-ci à de nouveaux questionnements. -
Il s'agit d'un texte d'intervention, comme il en fut écrit au cours de notre histoire intellectuelle lorsque l'urgence du moment appelait une parole neuve et forte. Le mauvais fonctionnement du jeu démocratique en France, les menaces qui pèsent sur la construction européenne, les incertitudes majeures que traverse la planète ne peuvent laisser le philosophe indifférent et passif. Les postures de protestation qui par le passé firent florès, celle de l'intellectuel engagé, par exemple, ne conviennent plus à la situation actuelle. Car dénoncer, opposer ou prêcher des solutions du haut d'une tribune est devenu largement inaudible et donc inefficace. Il s'agit plutôt, c'est l'objet même de ce texte, de remonter aux conformismes idéologiques qui enlisent la politique pour tenter d'en dé-coïncider. Une tâche qui est à la fois théorique et pratique.