« Longtemps, je n'ai pas su de quel milieu je venais. Pendant ma prime enfance, même, j'ai pensé que je venais d'un milieu social aisé. À un moment, j'ai compris : ma famille et moi, nous étions pauvres. »
Les origines : voilà un « grand mot » pour répondre à la question de nos identités et de nos devenirs. Sommes-nous la somme des déterminations biologiques et sociales dont nous avons hérité ? Si, en revanche, l'identité se construit au fil de la vie, quelles places y tiennent le travail et le mérite ?
Gérald Bronner, « transclasse » lui-même, s'interroge et revisite la question sous le double angle du savoir sociologique et de son expérience personnelle.
Une réflexion émouvante, ainsi qu'un plaidoyer en faveur de la complexité qui rend nos origines dignes d'être racontées.
La situation est inédite. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons disposé d'autant d'informations et jamais nous n'avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Nos prédécesseurs en avaient rêvé : la science et la technologie libéreraient l'humanité. Mais ce rêve risque désormais de tourner au cauchemar. Le déferlement d'informations a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une dérégulation du « marché cognitif » qui a une fâcheuse conséquence : capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention. Nos esprits subissent l'envoûtement des écrans et s'abandonnent aux mille visages de la déraison. Victime d'un pillage en règle, notre esprit est au coeur d'un enjeu dont dépend notre avenir. Ce contexte inquiétant dévoile certaines des aspirations profondes de l'humanité. L'heure de la confrontation avec notre propre nature aurait-elle sonné ? De la façon dont nous réagirons dépendront les possibilités d'échapper à ce qu'il faut bien appeler une menace civilisationnelle. C'est le récit de cet enjeu historique que propose le nouveau livre événement de Gérald Bronner.
La révolution numérique bouleverse nos modes de vie, nos économies et nos pratiques sociales. Elle transforme aussi en profondeur notre rapport à l'information. En effet, nous sommes aujourd'hui confrontés à une masse inédite d'informations disponibles et à une concurrence généralisée des points de vue, qui s'expriment sans filtre et selon une logique peu intelligible pour les utilisateurs du web et des réseaux sociaux. Cette saturation et cette dérégulation du marché de l'information en ligne mettent à rude épreuve nos capacités de vigilance intellectuelle, ce qui nous rend davantage perméables aux fausses informations. Désinformation, infox... : les vocables se multiplient pour désigner ces fausses nouvelles qui circulent en ligne et sont susceptibles d'influencer nos attitudes, nos comportements, mais aussi notre représentation du monde environnant, au risque de faire émerger des réalités parallèles et de voir disparaître l'espace commun nécessaire à la confrontation des opinions, des idées et des valeurs : autrement dit, à la vie démocratique.
Pourquoi les mythes du complot paraissent-ils envahir l'esprit de nos contemporains ? Pourquoi le traitement de la politique tend à se « peopoliser » ? Pourquoi se méfie-t-on de plus en plus des hommes de sciences ? Comment un jeune homme prétendant être le fils de Mickael Jackson et avoir été violé par Nicolas Sarkozy a-t-il pu être interviewé dans les journaux de 20 h ?Comment d'une façon générale, des faits imaginaires, inventés ou parfois franchement mensongers arrivent-ils à se diffuser dans l'espace public, à nous faire croire tout et n'importe quoi, à infléchir les décisions des politiques, bref à façonner une partie du monde dans lequel nous vivons ? N'était-il pas raisonnable d'espérer qu'avec la libre circulation de l'information et l'augmentation généralisée du niveau d'étude, les sociétés démocratiques allaient tendre vers une forme de sagesse collective ? Ce livre propose, en convoquant de nombreux exemples, de répondre à toutes ces questions en montrant comment les conditions de notre vie contemporaine se sont alliées au fonctionnement intime de notre cerveau pour faire de nous des dupes.
On a pu penser un temps qu'avec le progrès des sciences et de la connaissance, l'empire des croyances allait devenir moribond et disparaître. On ne peut qu'être frappé par l'ampleur du démenti que la réalité oppose à cette thèse. En effet, idéologies, croyances pseudo-scientifiques, " persistance " d'un esprit magique et superstitieux, légendes urbaines, théorie du complot, tels sont quelques-uns des éléments qui constituent une bonne part de notre vie quotidienne et démontrent la vitalité de ce vaste empire. Comment comprendre les métamorphoses et les formes actuelles de la croyance ? Pourquoi certaines croyances se diffusent-elles rapidement dans l'opinion publique et d'autres non ? Quels sont les contextes sociaux qui favorisent l'émergence des croyances ? Ce livre propose de répondre à ces questions, et à quelques autres, en mobilisant des exemples divers et d nombreux. Son ambition est de décrire les logiques qui sous-tendent nos adhésions cognitives, les phénomènes collectifs qui les permettent ou qui en émergent. Pour cela, l'auteur part de l'idée que, contrairement à une opinion répandue, l'empire des croyances et celui de la déraison ne se recouvrent pas nécessairement.
Une émission de téléréalité pour se choisir un dieu ? C'est l'idée folle et géniale lancée par une église évangélique américaine. Le principe en est simple : après un gigantesque casting mené dans le monde entier, treize candidats choisis pour leurs aptitudes extraordinaires, réelles ou prétendues, concourent dans l'émission He is alive ! et c'est au peuple - nous, les millions de téléspectateurs - de voter pour le messie des temps modernes. Notre messie.
Qui éliront-ils ? Martin Schnapper dont le tatouage en forme de coeur saigne comme un stigmate ? Lei qui affirme n'avoir jamais dormi de sa vie et qui considère, étant asiatique, que ses chances d'être choisi par la providence sont supérieures statistiquement ? Ou encore la belle Dorothy Olsen, fille d'agriculteurs du Colorado, qui ressuscite des animaux et n'a pas de mère connue sur Terre ?
Ce projet fantasque ne peut manquer d'attirer l'attention de Jeff Jefferson, un universitaire franco-américain qui, il y a une vingtaine d'années, a écrit sa thèse sur le groupe sectaire qui donne lieu aujourd'hui à cette révolution évangélique. Le voici arraché à son chemin mélancolique, et plongé dans un phénomène télévisuel au coeur de l'Amérique : entre cynisme et grâce....
Ce roman aux allures de quête métaphysique est à la fois drôle, puissant, essentiel : et si Jésus revenait réellement, combien de temps la société du spectacle s'y intéresserait-elle ?
Gérald Bronner, romancier, sociologue, passionné de raison, nous offre un texte jubilatoire et sombre, analysant avec finesse nos comportements humains tout en interrogeant la possibilité du sublime dans un monde désenchanté.
Titan est un super-héros un peu dépressif depuis qu'Alicia l'a quitté. Pour ne rien arranger, il vient de perdre une place au Panthéon Top 30, l'émission de télévision qui classe les trente super-héros les plus populaires d'Amérique. Les potes du commissariat de Lexington Avenue ont beau être ses premiers supporters, Titan n'a plus goût à rien. Dans ces conditions va-t-il pouvoir affronter l'un des pires ennemis de sa carrière ? Celui que les journalistes nomment déjà le Vampire de New York, un tueur en série qui s'attaque aux surhommes. Alors qu'il mène l'enquête, aidé par son vieux collègue Monté Carlo, un ex-super-héros, contraint à la retraite depuis que, à force de coups encaissés, il a développé la maladie de Parkinson, Titan est conduit à remuer les eaux boueuses du mythe des super-héros. Alors une question bientôt s'impose à lui : sera-t-il le prochain sur la liste du Vampire de New York.
L'ouvrage explore la rationalité paradoxale de ceux qui s'abandonnent à la folie du fanatisme. Il défait un certain nombre d'idées reçues sur leur profil et leurs intentions. Il s'agit en fait d'une exploration d'un univers mental mal connu et qui, à juste titre fait peur. En convoquant les travaux les plus récents de la sociologie, des sciences politiques et de la psychologie cognitive, le texte dessine un portrait inédit d'un mal qui ronge les démocraties contemporaines : la radicalisation des esprits. S'appuyant sur de nombreux exemples et expérimentations de psychologie sociale, il propose un descriptif des étapes qui conduisent au fanatisme et quelques solutions pour aider à la déradicalisation.
Le monde est devenu fou, nous le constatons tous un peu chaque jour. Nous sommes accablés par un déferlement continu de fake news et de théories du complot, par la haine ordinaire sur les réseaux sociaux, par la radicalisation des points de vue, au quotidien, en famille, sur les routes, au travail... D'une façon générale, le ton monte, dans un mélange de fébrilité, de versatilité, et sans grand respect pour l'Autre.
La situation est telle que la défense de la rationalité dans le débat public est souvent inaudible, voire impensable. Raisonnable, vous avez dit raisonnable ? Ce livre apparaîtra donc comme une provocation. Il propose de comprendre notre impuissance contemporaine face à ce que beaucoup appellent la post truth society, en nous invitant à pénétrer dans les coulisses de cette folie collective.
Gérald Bronner nous invite notamment à constater les dérives d'un certain monde intellectuel et à rencontrer avec lui les jeunes du premier centre de « déradicalisation » français à Beaumont-en-Véron qu'il a suivis durant plusieurs mois. Comment « rendre à la raison » de jeunes gens qui ne sont pas malades en général, mais fanatiques ? Comment entrer dans leur mode de pensée et les arracher à l'idéologie ? D'une rencontre avec le Président de la République en passant par des échanges avec Jean-Marc Rouillan le fondateur d'Action directe, d'une scène de la vie quotidienne au récit de la fin d'une secte millénariste, Gérald Bronner nous propose d'analyser cette situation délirante et de nous guider vers une lumière relative.
Quelle mouche a piqué nos contemporains ? Ils ne paraissent regarder vers l'avenir que la peur au ventre, cherchant les premiers signes d'une apocalypse écologique que les films hollywoodiens ne cessent de nous narrer. Ils ont le sentiment d'être menacés par les ondes, la radioactivité, par leur assiette même, devant laquelle ils se souhaitent bonne chance plutôt que bon appétit. En un mot, certains discours ont fait de nous des hypocondriaques permanents à peine étonnés que surgisse une nouvelle alerte sanitaire, fatalistes face aux scénarios de fin du monde qui sont devenus les narrations dominantes de notre avenir commun. Ce livre, en convoquant de nombreux exemples, met en évidence ce que cette nouvelle idéologie de la peur et de la précaution a de mortifère. Son objectif est de montrer que les promoteurs de l'« heuristique de la peur », pour emprunter l'expression du philosophe Hans Jonas, commettent une erreur qui pourrait nous être fatale en tentant de mettre sous contrôle le moindre de nos gestes. Il est donc impératif de construire une nouvelle histoire de notre avenir commun, de réenchanter le risque, et pas seulement pour sortir d'un climat morose, mais pour notre survie même.
Cette étude tente de faire le point sur ce problème, en montrant le type de stratégies qui peut se mettre en place face à des situations d'incertitude, et en montrant comment notre imaginaire produit des récits face à l'incertitude.
Pourquoi l'homme se trompe-t-il aussi souvent ? Quelles sont les voies qui le conduisent à croire qu'il a raison alors qu'il s'égare ? Certaines de nos erreurs sont fascinantes parce qu'elles sont récurrentes et même prévisibles, cela voudrait-il dire que nous serions parfois programmés pour l'erreur ? Ce livre se propose de répondre à ces interrogations en présentant de façon claire les recherches les plus récentes assorties de plusieurs exemples, dramatiques pour certains. L'énigme de l'erreur est obsédante pour qui veut comprendre le fonctionnement de notre vie collective car elle a de nombreuses conséquences sociales.
This book discusses the media, beliefs, the news, the Internet, etc. but it should not be seen as yet another critique of the media system, exploring with indignant fascination the idea of a machination against truth set up to serve a society of domination. These kinds of theories, whether they pertain to conspiracy theories or, more subtly, to a self-styled "critical" way of thinking, have always seemed to be the expression of a form of intellectual puerility. This is not to say that attempts at manipulating opinions do not occur, or that our world is free from compromised principles, or indeed corruption; far from it, but none of this is the key issue. In fact, reality can somehow be even more unsettling than those myths, however sophisticated they may be, that envisage the media system hand-in-hand with industry, science, and so forth, all in agreement so as to lead the "people" away from the truth. It is more unsettling because the processes described in this book and that allow falsehood and dubiousness to take hold of the public sphere are boosted by the development of IT, the workings of our minds, and the very nature of democracy. And finally, it is more unsettling because we are all responsible for what is going to happen to us.
Ces dernières années, la diffusion et la multiplication des théories du complot ont accompagné les progrès de la communication. Jamais, depuis la démocratisation d'Internet, on a connu autant de mythes : nous vivons désormais sous la tyrannie des « fake news ». Le sociologue Gérald Bronner est un optimiste : avec cet ouvrage, il nous explique comment ne pas nous laisser tromper par nos propres sens et intuitions.
Le monde contemporain a besoin des éclairages de la sociologie. Mais cette discipline à vocation scientifique est prise en otage par ceux qui veulent en faire un « sport de combat » politique, provoquant au besoin le risque de son rejet. Ce livre s'adresse à tous ceux qui s'intéressent aux faits sociaux et sont inquiets ou étonnés des dérives intellectuelles de certaines figures reconnues des sciences humaines et sociales. Les sociologues ne sont pas immunisés contre les biais cognitifs qui peuvent nous égarer dans des récits idéologiques et outranciers : dans ce cas, toutes les conditions sont présentes pour que la sociologie « tourne » en une production plus militante que proprement scientifique. Il est temps pour les sciences humaines - prises en leur sens large - de sortir de leur sommeil dogmatique et de s'astreindre aux règles qui régissent la cité des sciences. C'est ce que ce livre propose, en convoquant des données issues tout aussi bien de la sociologie que des sciences du cerveau, dans l'intention de rendre accessibles aux non-spécialistes les enjeux fondamentaux que représente ce continent de la pensée.
This book contributes to the developing dialogue between cognitive science and social sciences. It focuses on a central issue in both fields, i.e. the nature and the limitations of the rationality of beliefs and action. The development of cognitive science is one of the most important and fascinating intellectual advances of recent decades, and social scientists are paying increasing attention to the findings of this new branch of science that forces us to consider many classical issues related to epistemology and philosophy of action in a new light.
Analysis of the concept of rationality is a leitmotiv in the history of the social sciences and has involved endless disputes. Since it is difficult to give a precise definition of this concept, and there is a lack of agreement about its meaning, it is possible to say that there is a `mystery of rationality'. What is it to be rational? Is rationality merely instrumental or does it also involve the endorsement of values, i.e. the choice of goals? Should we consider rationality to be a normative principle or a descriptive one? Can rationality be only Cartesian or can it also be argumentative? Is rationality a conscious skill or a partly tacit one? This book, which has been written by an outstanding collection of authors, including both philosophers and social scientists, tries to make a useful contribution to the debates on these problems and shed some light on the mystery of rationality. The target audience primarily comprises researchers and experts in the field.