Le mou dégoûte, effraie, agace. Indécis et inconstant, il nous renvoie à notre propre dégénérescence. De la pieuvre à la morve en passant par l'apathie du flemmard, il indispose. Mais cette mollesse tant décriée est également matière de transition, elle évoque la fluidité, le flottant et la douceur, le réconfort d'un beignet moelleux. Et le temps du relâchement et de la contemplation n'est-il pas celui de la pensée créatrice ? Le mou est souple, insaisissable... dissident ! Sa réhabilitation, pourtant, n'est pas évidente. Les philosophes mènent la vie dure au mou : ainsi Alexis de Tocqueville conspue-t-il la « mollesse des moeurs » de l'homme démocratique, abêti et conformiste, et la fin des émotions nobles et brillantes. Jean-Jacques Rousseau n'est pas tendre non plus, lui qui déplore que les enfants soient « amollis avant que de naître par la mollesse des pères et des mères, [d']un tempérament déjà gâté ». Aujourd'hui encore, l'adolescent avachi dans son canapé inspire impatience et crispation. De la léthargie politique à la mozzarella, de l'impuissance aux tentacules, du coup de mou au pouvoir du jogging, la philosophe Géraldine Mosna-Savoye cherche à redonner sens et valeur au mou.
Pourquoi on tombe amoureux ? Pourquoi on est triste quand quelqu'un disparaît ? Est-ce que je suis libre de faire tout ce que je veux ? Simone se pose des questions, sur tout, tout le temps. C'est un peu fatiguant mais c'est comme ça... Alors au lieu d'embêter tout le monde avec ses questions, elle a trouvé une méthode. Chaque fois qu'elle tombe sur un mot compliqué, comme le bonheur ou la liberté, elle regarde dans le dictionnaire. Mais souvent cela suscite un tas de nouvelles questions ! Et si Simone faisait de la philosophie sans le savoir ?