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Seuil
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Depuis quelques années, la question resurgit avec force : peut-on séparer l'oeuvre de son auteur ? Du Nobel attribué à Peter Handke aux César à Roman Polanski, sans parler du prix Renaudot à Gabriel Matzneff, le débat fait rage. De même, le passé nazi de grands penseurs du XXe siècle, à commencer par Heidegger, trouble notre appréciation de leur legs, tandis que l'inscription d'un Céline ou d'un Maurras au livre des commémorations nationales a suscité une âpre querelle.
Faut-il considérer que la morale des oeuvres est inextricablement liée à celle de leurs auteurs ? Et bannir les oeuvres lorsque leur auteur a fauté ? Loin de l'invective, ce court essai entend mettre en perspective, historique, philosophique et sociologique, cette question, en analysant les prises de position dans ces « affaires ». Mais loin du « tout se vaut », il tranche, offrant à chacun les moyens de cheminer intellectuellement sur un terrain semé d'embûches.Gisèle Sapiro est directrice de recherche au CNRS et directrice d'études à l'EHESS, spécialiste de l'engagement des intellectuels et des rapports entre littérature et politique. Elle est l'auteure notamment de La Responsabilité de l'écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe-XXIe siècles), Seuil, 2011, de Les Écrivains et la politique en France. De l'affaire Dreyfus à la guerre d'Algérie, Seuil, 2018, et de Des mots qui tuent. La responsabilité de l'intellectuel en temps de crise (1944-1945), Points Seuil, 2020. -
Qu'est-ce qu'un auteur mondial ? Le champ littéraire transnational
Gisèle Sapiro
- Seuil
- Hautes Etudes
- 27 Septembre 2024
- 9782021568561
Longtemps, la notion de classique universel fut admise comme une évidence. Ce canon de la littérature mondiale est désormais contesté, en raison de la prédominance en son sein d'hommes blancs occidentaux. Mais par quels mécanismes s'est formée la « littérature mondiale » ? Comment se fabrique la gloire internationale ?
À partir d'archives, d'entretiens, d'observations et d'études quantitatives, ce livre analyse les conditions d'accès à la consécration littéraire par-delà les frontières nationales : les facteurs qui la favorisent ou l'entravent, et les acteurices qui y contribuent. Trois moments socio-historiques sont abordés : l'entre-deux-guerres, marqué par une internationalisation des échanges, d'abord en Europe puis avec les États-Unis ; l'ouverture géoculturelle après 1945, sur fond de guerre froide, avec une lente progression de la diversité linguistique, parallèlement à la féminisation ; et enfin leur intensification à l'heure de la mondialisation. Foires et festivals de livres se multiplient, mais la domination accrue de l'anglais et les concentrations éditoriales suscitent des résistances.
Gisèle Sapiro renouvelle les récits habituels de la fabrication des notoriétés littéraires et dévoile les coulisses d'un monde fait d'intermédiaires, éditeurices, médiateurices, traducteurices ou institutions de consécration (Unesco, Nobel). -
La responsabilité de l'écrivain ; litterature, droit et morale en France (XIX-XXI
Gisèle Sapiro
- Seuil
- Sciences humaines (H.C.)
- 3 Mars 2011
- 9782021048445
Un écrivain peut-il tout dire et, si non, quelles sont les limites que la société et l'époque lui assignent ? Un écrivain doit-il tout dire et, si oui, les lois de la République des lettres lui font-elles obligation d'enfreindre celles du pouvoir et de la morale ?
Depuis le XVIIIe siècle, les discours sur les dangers de la lecture et l'influence subversive des hommes de lettres sur les esprits confortent la croyance dans les pouvoirs de l'écrit. Face à eux, tenants de l'art pour l'art et partisans de l'engagement des intellectuels se retrouvent autour de la défense d'une éthique propre à la littérature. Ces débats, hantés à l'origine par la mémoire des événements révolutionnaires et profondément redéfinis au moment de l'épuration par la " collaboration de plume ", n'ont cessé depuis deux siècles d'animer les prétoires, le Parlement et les colonnes de presse.
Cet ouvrage en restitue toute l'importance, intellectuelle et politique, à travers l'étude de quatre moments-clés, qui marquent autant d'étapes dans l'histoire de la liberté d'expression et de la morale publique en France : la Restauration, le Second Empire, la Troisième République et la Libération. On y revisite des procès célèbres : ceux de Béranger, Courier, Flaubert, Baudelaire, ceux des naturalistes et, à partir d'archives inédites, ceux des intellectuels collaborationnistes.
L'épilogue examine la redéfinition de ces enjeux des années 1950 à nos jours : les formes de censure se font plus discrètes, la parole de l'écrivain a perdu de son poids dans l'espace public, mais l'actualité montre que la littérature peut et sait encore être scandaleuse.
Gisèle Sapiro est directrice de recherche au CNRS (Centre européen de sociologie et de science politique). Auteure de La Guerre des écrivains, 1940-1953 (Fayard, 1999), elle a notamment dirigé Translatio. Le Marché de la traduction en France à l'heure de la mondialisation (CNRS, 2008) et L'Espace intellectuel en Europe (La Découverte, 2009).
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Les écrivains et la politique en France ; de l'affaire Dreyfus à la guerre d'Algérie
Gisèle Sapiro
- Seuil
- Sciences humaines (H.C.)
- 20 Septembre 2018
- 9782021402155
De l'affaire Deyfus à la fin des années 1960, on ne compte plus les écrivains qui ont incarné en France la figure de l'" intellectuel ", celui qui s'engage dans la cité en mobilisant son pouvoir symbolique.
On pense tout de suite à Zola. Mais aussi à Aragon, à Malraux, à Sartre, à Simone de Beauvoir, et à tant d'autres. Autrement dit, d'abord aux écrivains de gauche ou, à tout le moins, réputés " progressistes ". Cependant, si Malraux fut le premier ministre de la Culture français, et si le modèle sartrien de l'engagement a connu une diffusion mondiale, il ne faudrait pas oublier pour autant ceux qui, au nom de leur engagement à droite, se sont illustrés dans les années sombres de notre histoire : Maurras, Brasillach, Rebatet, Drieu la Rochelle, Céline. Le regain d'intérêt pour leurs écrits les plus virulents dans un contexte de montée de l'extrême droite et de la xénophobie nous invite au contraire à un retour sur l'histoire de leurs engagements.
De fait, toutes les représentations étudiées dans ce livre demeurent profondément ancrées dans notre culture politique et ont même connu un regain d'actualité depuis les années 1990, qu'il s'agisse des catégories de droite et de gauche (malgré les tentatives de nier leur validité), du débat Orient/Occident (le " choc des civilisations "), ou encore des affrontements politiques autour de l'" identité nationale ". Elles constituent le vivier auquel puisent les intellectuels, les prophètes et les idéologues d'aujourd'hui, comme en témoigne l'épilogue de ce livre.
D'où la nécessité d'en revisiter l'histoire et d'en comprendre les ressorts culturels et professionnels, comme nous le propose cet essai documenté et profondément neuf, qui interroge aussi les formes de l'engagement.
Gisèle Sapiro est directrice de recherche au CNRS et directrice d'études à l'EHESS. Auteure de La Guerre des écrivains, 1940-1953 (Fayard, 1999), de La Responsabilité de l'écrivain (Seuil, 2011) et de La Sociologie de la littérature (La Découverte, 2014), elle a dirigé Translatio. Le marché de la traduction en France à l'heure de la mondialisation (2008), L'Espace intellectuel en Europe (2009) et Profession ? Écrivain (2017).