Jean François Sirinelli
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La Ve République s'installe à un moment où deux processus complexes et à géométrie variable - la décolonisation, d'une part, et l'essor écono-mique sans précédent, de l'autre - dessinent de nouveaux périmètres pour la vie de la Cité. Après plus de soixante ans d'existence, ce régime, qui apparut à beaucoup comme la structure politique d'accompagnement de la modernisation du pays et de sa métamorphose, semble peiner à conduire la nouvelle mue de la société française au sein d'un monde globalisé. En historien, Jean-François Sirinelli observe le fonctionnement de l'écosystème quinto-républicain. Il en analyse les crises conjoncturelles et éclaire les mouvements structurels de la démocratie française de ces dernières décennies.
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Les Révolutions françaises 1962-2017
Jean-François Sirinelli
- Odile Jacob
- 27 Septembre 2017
- 9782738139009
La France a changé, et rien désormais ne sera plus comme avant. En deux générations à peine, les Français ont radicalement modifié leurs façons de vivre, de penser et de voter, au point qu'on a pu parler de « Seconde Révolution » pour désigner les bouleversements intervenus au cours des années 1960. Ce sont ces Révolutions françaises que retrace pour nous Jean-François Sirinelli. Elles ne sont pas toutes politiques ; nombre d'entre elles concernent la vie intime des Français, ce qui les enthousiasme, les fédère ou les heurte, des Parapluies de Cherbourg au Cabu de Charlie Hebdo, de la fin de la guerre d'Algérie à la révolution introuvable de Mai 68, du règne de De Gaulle à l'ascension de Macron. Une interrogation parcourt ce livre : née sous le signe de la paix et de la prospérité, la Ve République est-elle parvenue au terme d'un cycle ? Faut-il redéfinir le modèle républicain français ? Jean-François Sirinelli est professeur émérite d'histoire contemporaine à Sciences Po. Spécialiste de la Ve République et des mutations socioculturelles de la France contemporaine, il a publié de nombreux ouvrages qui ont fait date.
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Le temps qui passe, la France qui change : échos du monde d'avant
Jean-François Sirinelli
- Odile Jacob
- 23 Août 2023
- 9782415006471
«?Longtemps, les Français se sont couchés de bonne heure, avant que la télévision vienne s'installer dans leur vie?», écrit Jean-François Sirinelli. Son livre parle de la prolifération des images et des sons depuis les années 1950. Le constat paraît banal, mais la banalité, en histoire, «?concerne souvent les phénomènes les plus massifs?», si visibles qu'ils paraissent évidents. Le livre questionne cette évidence en nous conviant à une promenade de mémoire, qui réveillera des nostalgies. Pourquoi certains événements de ce monde d'images et de sons font-ils toujours partie de la culture commune, tandis que d'autres s'éloignent dans un «?monde d'avant?» lentement oublié?? Pourquoi la plupart des chansons ont-elles connu, au fil de ces décennies, la relégation mémorielle alors que Les Neiges du Kilimandjaro (1966), Alexandrie, Alexandra (1977) et Les Lacs du Connemara (1981), par exemple, continuent de nourrir les bandes-son de bien des mariages et les programmes de beaucoup de karaokés?? L'auteur suit le fil de deux mutations socioculturelles?: d'abord le triomphe de l'image et du son, radio et télévision détrônant l'imprimé, puis l'avènement d'Internet. Il décrit, en de courts chapitres consacrés à des exemples choisis, le passage, à deux reprises, d'un monde à un autre. Une histoire buissonnière qui dépeint un demi-siècle d'un passé qui est encore plus ou moins - ou qui n'est plus vraiment - une composante de notre présent collectif. Entre ce qui change, ce qui reste et ce qu'on a oublié, un portrait délicat de la France et des Français. Jean-François Sirinelli a été professeur d'histoire contemporaine à Sciences Po. Spécialiste de la Ve République et des mutations socioculturelles de la France contemporaine, il a publié de nombreux ouvrages qui ont fait date, récemment Les Révolutions françaises. 1962-2017 et Vie et survie de la Ve République. Essai de physiologie politique.
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Ce monde que nous avons perdu : une histoire du vivre ensemble
Jean-François Sirinelli
- Tallandier
- 6 Janvier 2022
- 9791021051850
Longtemps les Français ont vécu sous l'égide de la civilisation républicaine. Cet écosystème a tissé un vivre-ensemble reposant sur la démocratie libérale, la laïcité, la langue, l'école et le sentiment d'appartenance à une communauté nationale. Après 1945, les Trente Glorieuses ont mis en place l'État providence, puis la fin des guerres coloniales a instauré une paix intérieure et extérieure durable : prospérité, plein-emploi, concorde civile... Des forces historiques sont venues miner cet équilibre. Perte du sens de l'intérêt général, dégradation de l'école et sa mission de porter les valeurs de l'État-nation, émergence de violence sociale. Sur fond de mondialisation, de crise climatique et de débats sur l'immigration, le vivre-ensemble a dégénéré en un vivre côte à côte, voire un vivre face-à-face. Jean-François Sirinelli décèle les étapes d'un phénomène dont nous n'avons pas eu forcément pleine conscience.
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Le siècle des bouleversements, de 1914 à nos jours
Jean-François Sirinelli
- PUF
- Une histoire personnelle de ...
- 3 Avril 2014
- 9782130632337
En 1914-1918 et 1939-1945, la France est au coeur des deux guerres mondiales : la première, d'une brutalité inouïe, la saigne de ses forces vives, la seconde la déchire de l'intérieur. À peine la reconstruction entamée, le pays voit son empire colonial disloqué et ses frontières réduites aux dimensions de l'Hexagone (1945-1962). Cette densité politique est redoublée par des crises économiques majeures, durant les années 1930 et à partir des chocs pétroliers des années 1970, qui font apparaître la période des Trente Glorieuses (1945-1975) comme une heureuse exception.Si l'on ajoute à cela la construction européenne, qui vient compliquer le jeu politique national, la globalisation économique, qui accélère la désindustrialisation, et la mutation sociologique majeure que représente la montée en puissance d'une culture de masse fondée sur la prolifération de l'image, du son et de l'information, on peut en conclure, avec l'auteur, que le XXe siècle est bien, pour la République française, celui de tous les bouleversements.
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Désenclaver l'histoire ; nouveaux regards sur le XXe siècle français
Jean-François Sirinelli
- CNRS Editions
- Histoire
- 7 Février 2013
- 9782271076410
À l'heure du succès de la world history, du dialogue tous azimuts entre les sciences sociales et du désenclavement de l'histoire politique, la compréhension du XXe siècle français exige de nouveaux outils d'analyse, un regard neuf, une critique féconde. Réflexion salutaire à laquelle se livre Jean-François Sirinelli dans cet essai qui bouscule avec bonheur nos traditionnelles grilles de lecture. Revisiter le siècle des deux guerres mondiales, interpréter ce temps long marqué par l'avènement de la culture de masse et l'affirmation insolente des baby-boomers, c'est d'abord faire le choix de nouvelles périodisations. Pour Jean-François Sirinelli, la césure du XXe siècle n'a pas eu lieu en 1945, mais au mitan des années 1960. C'est l'époque des adieux à l'Empire : après plus d'un siècle de domination coloniale, le pays se rétracte aux dimensions de l'Hexagone. C'est aussi l'époque de l'adieu aux armes : la guerre disparait de l'horizon national. Jean-François Sirinelli scrute cette accélération du temps qui signe les " Vingt Décisives " (1965-1985). Plaidoyer pour une histoire politique revivifiée, ouverte au grand large de la " culture-monde ", attentive à la circulation des idées, cet essai pose aussi les jalons des grands défis qui attendent les historiens du XXIe siècle.
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Comprendre le XX siècle français
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Divers Histoire
- 7 Septembre 2005
- 9782213652467
Le parcours d'un historien a son métabolisme propre, qu'il n'est négligeable ni pour l'intéressé ni pour la discipline concernée de reconstituer quand le déroulement d'une trajectoire est déjà suffisamment large pour se prêter à une mise en perspective historiographique dont la comparaison avec d'autres peut être utile et que, parallèlement, le temps qui reste s'est progressivement substitué au temps qui passe et incite à de tels regards personnels dans le rétroviseur, regards dictés non par la possible mélancolie mais par la nécessité de faire le point pour maintenir ou infléchir le cap. Un itinéraire intellectuel n'est non seulement jamais un cap fixé dès le départ, mais, de surcroît, son tracé obéit à des logiques complexes où le hasard le dispute parfois à la nécessité et où les bifur-cations, bien souvent, ne sont pas programmées.
C'est l'un des objets de ce livre que d'examiner comment un historien souhaitant, au fil du dernier quart du xxe siècle, réfléchir sur ce siècle tout entier, loin de se contenter de suivre le sillon initial, a dû procéder tout à la fois par élargissement et par glissement. Elargissement chronologique depuis les premiers travaux consacrés à l'entre-deux-guerres et glissement épistémologique, avec le constat, bientôt pleinement assumé, que le croisement des approches culturelle et politique était une piste essentielle pour comprendre et penser le xxe siècle français.
J.-F. S. -
Vie et survie de la Ve République ; essai de physiologie politique
Jean-François Sirinelli
- Odile Jacob
- 29 Août 2018
- 9782738144966
La Ve République a 60 ans. C'est toujours un moment complexe, pour un régime politique, que de passer ainsi un cap au-delà duquel la communauté nationale qui le sous-tend n'a plus de rapport historique direct avec les circonstances de son apparition ni avec la mémoire des origines qui en découla. Ainsi, qu'on se déclare favorable à son maintien ou qu'on en critique au contraire les défauts supposés, le verdict ou le diagnostic sont toujours formulés par rapport à aujourd'hui. Or c'est bien dans la durée de ses six décennies d'existence que l'on peut analyser la situation actuelle de cette République. D'autant que celle-ci est née au coeur des Trente Glorieuses et qu'elle apparut à l'époque comme la forme institutionnelle modernisée d'un écosystème républicain qui avait déjà connu, avant elle, une longue histoire. Dans un monde qui a radicalement changé en soixante ans, et qui se trouve de nos jours placé sous le double signe de la globalisation et d'une crise apparente des démocraties libérales, qu'en est-il de l'État-nation France et de la survie éventuelle de la République cinquième du nom ? Ce livre, par des allers-retours entre l'histoire des proches décennies et la situation de la France contemporaine, tente de répondre à de telles interrogations. Jean-François Sirinelli est professeur émérite d'histoire contemporaine à Sciences Po. Spécialiste de la Ve République et des mutations socioculturelles de la France contemporaine, il a publié de nombreux ouvrages qui ont fait date, dont récemment Les Révolutions françaises. 1962-2017.
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Histoire de France (Vol. 7) - La France du XXe siècle. D'une guerre à l'autre, de 1914 à 1958
Jean-François Sirinelli
- Frémeaux & Associés
- 1 Avril 2014
- 3561302855066
"Pour la première fois, l'éditeur des savoirs, les Presses Universitaires de France, et la maison de disques culturels de référence Frémeaux & Associés, s'associent pour proposer des cours particuliers sur l'histoire de France, racontée, expliquée et analysée par les plus grands universitaires.
En près de cinq heures, cet enregistrement retrace l'histoire de France au XXe siècle, incarnée par Jean François Sirinelli, spécialiste d'histoire politique et culturelle." Claude COLOMBINI FREMEAUX -
Histoire de France (Vol. 8) - La France du XXe siècle. La Ve République de 1958 à nos jours
Jean-François Sirinelli
- Frémeaux & Associés
- 23 Juin 2014
- 3561302855073
"Pour la première fois, l'éditeur des savoirs, les Presses Universitaires de France, et la maison de disques culturels de référence Frémeaux & Associés, s'associent pour proposer des cours particuliers sur l'histoire de France, racontée, expliquée et analysée par les plus grands universitaires.
En près de cinq heures, cet enregistrement retrace l'histoire de France au XXe siècle, incarnée par Jean-François Sirinelli, spécialiste d'histoire politique et culturelle."
Claude COLOMBINI FREMEAUX -
Génération intellectuelle
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 14 Septembre 1988
- 9782213653686
Claude Lévi-Strauss, Georges Canguilhem, René Maheu, Paul Nizan, Georges Friedmann, Raymond Aron, Georges Lefranc, Jean-Paul Sartre : vivants ou morts, tous ont marqué la vie intellectuelle depuis 1945, à des degrés divers et selon des voies divergentes. Une trop abondante littérature a ressassé l'exposé de leurs idées, la variété de leurs opinions, la diversité de leurs engagements.
Jean-François Sirinelli, en une démarche originale qui déjà fait date dans l'historiographie contemporaine, a, le premier, rattaché les fils de ces destins individuels à la trame collective de leur génération. Les classes d'âge nées vers 1905, adolescentes à l'ombre du premier conflit mondial, s'éveillèrent à la politique dans les années 1920, réagirent de différentes manières à la montée des périls, s'enrôlèrent - ou s'abstinrent -durant la Seconde Guerre mondiale, et certains de leurs représentants qui n'étaient morts ni au champ d'honneur de la Résistance ni devant les pelotons d'exécution de l'Épuration, arguèrent, passé 1945, que l'engagement était consubstantiel à la qualité d'intellectuel.
Ce trajet collectif, des dizaines d'itinéraires l'ont tissé à travers des réseaux ou des institutions de sociabilité : cette génération fera ses grands choix - tels le pacifisme ou l'antifascisme - notamment parce que, étudiants en khâgne (classe préparatoire littéraire), à l'École normale supérieure ou à l'Université, certains se seraient proclamés les élèves d'Alain, le maître éveilleur de conscience, d'autres auraient milité en faveur du "Bloc des Gauches" du lycée Louis le Grand, créant ainsi des solidarités qui perdureront jusqu'à l'Occupation, puis au-delà.
L'étude pionnière de la constitution des groupes composites qui définirent cette génération intellectuelle et de leurs mécanismes internes permet de comprendre enfin la page d'histoire qu'écrivirent, il n'y a. guère, tant les théoriciens de l'engagement permanent que les praticiens de l'intervention raisonnée par temps de crises.
Jean-François Sirinelli, né en 1949, est professeur d'Histoire contemporaine à l'université de Lille-III. Ses recherches portent sur l'histoire politique et socioculturelle de la France au x,r siècle ainsi qu'en témoignent, entre autres, la contribution qu'il a donnée à Notre Siècle de René Rémond (Fayard, 1988) et son ouvrage Les Intellectuels en France de l'Affaire Dreyfus à nos jours (1986, en collaboration). -
Une génération sans pareille, les baby-boomers
Jean-François Sirinelli
- Tallandier
- 25 Janvier 2016
- 9791021017511
Surgie d'une explosion démographique sans précédent dans l'Histoire, la génération née entre 1945 et 1955, celle du baby-boom, grandit dans un contexte non moins exceptionnel à l'ombre de « 4 P » - progrès, prospérité, plein emploi, paix -, un cocktail qui ne se dissout que vers 1975. Ces quelque 9 ou 10 millions de Français sont tous acteurs et témoins d'une mutation anthropologique, sociale et culturelle tout à fait inédite. L'industrialisation et l'urbanisation massive scellent la fin des paysans et d'une société reposant sur l'autorité et la tradition. L'achèvement de la guerre d'Algérie assure aux jeunes adultes une paix que leurs pères et leurs aïeux n'ont jamais connue. C'est une fraction de cette jeunesse qui « fait » Mai 68 et instille, en dépit d'un brutal et profond retournement économique, le parfum libertaire qui nourrit l'effervescence des années 1970. Cette même décennie est aussi celle des avancées décisives de la condition féminine. Avec l'alternance politique de 1981, les valeurs des baby-boomers irriguent, sur fond de crise, l'action des nouvelles élites aux commandes, jusqu'à ce que la chute du mur de Berlin et la survenue de la mondialisation ne fracassent les espérances et les utopies.Au long du second XXe siècle et du XXIe commençant, cette classe d'âge aura vécu trois vies à travers trois grandes séquences : la France d'avant, les Trente Glorieuses, le grand basculement des années 1990 et 2000. Fascinant destin historique ! Même si le pouvoir politique commence à présent à leur échapper, les baby-boomers, qui profitent de l'accroissement spectaculaire de la longévité, ne quittent la scène que progressivement, et ils continuent à porter une large part des idées et des moeurs dominantes. Leurs cadets et leurs enfants voire petits-enfants, eux, ne bénéficient pas d'un alignement de planètes aussi faste...
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Les vingt decisives ; le passé proche de notre avenir, 1965-1985
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Divers Histoire
- 14 Mars 2007
- 9782213652481
Tout au long du XXe siècle, la ligne d'horizon de la société française a été dessinée par la croyance dans le progrès, que la République prenait en charge et incarnait tout à la fois. Mais une telle ligne d'horizon est bientôt devenue une sorte de mirage, tant le progrès est devenu une notion qui se montre et se dérobe dans le même temps. Bien plus, la règle et le consentement, qui fondent la représentation politique, loin d'être fortifiés par les prémices de la « démocratie d'opinion », se retrouvent au contraire entre chien et loup, menacés par un extrémisme politique croissant aussi bien que par la perte de sens dans le débat politique. Si la République en tant que régime politique avait donc paru connaître une sorte d'aggiornamento au cours des années 1960, en tant qu'écosystème socioculturel elle ne connut pas alors une telle reviviscence, la grande mutation française déstabilisant la civilisation républicaine beaucoup plus qu'elle ne la réactiva. Un tel constat débouche sur une question essentielle : la phase de moindre rayonnement de cette civilisation, que l'on constate au terme de ces Vingt Décisives, était-elle seulement une éclipse de République, qui nimbe la vie de la Cité en ajoutant momentanément au trouble des consciences, ou bien cette République commençait-elle alors une sorte de fatale redescente depuis le firmament des valeurs d'établissement qui fondent et perpétuent la communauté nationale ?
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Mai 68 ; l'événement Janus
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Divers Histoire
- 23 Avril 2008
- 9782213646923
Retracer la chronologie de Mai 68 ne pose plus guère de difficultés : de nombreux acteurs ont livré leurs témoignages, les archives sonores et visuelles ne manquent pas. En revanche, comprendre sans parti pris le mythe de fondation de la génération aujourd'hui aux commandes, voilà qui est plus délicat et rarement tenté.
Il faut tout le souffle et toute la connaissance du XXe siècle de Jean-françois Sirinelli pour inscrire ces six ou huit folles semaines dans le temps long de notre histoire : sa science à la fois des réseaux du pouvoir et des courants qui parcourent la jeunesse lui fournit des éclairages inédits. La tâche est assurément complexe, car Mai 68 a été un véritable événement Janus, multiforme dans ses modalités comme dans sa signification. Incontestablement, ce livre constitue un pas décisif dans la rélfexion sur une grande crise de l'histoire nationale, dont les effets ont été majeurs sur notre société. D'autant qu'il s'interroge aussi sur ce point essentiel : comment résoudre une crise aiguë en régime démocartique et à l'âge médiatique?
Eminent spécialiste de l'histoire de la france du XXe siècle (spécialement des questions politiques et socioculturelles), Jean-François Sirinelli enseigne à Sciences Po, où il dirigie aussi le Centre Histoire. Il a signé des ouvrages qui sont devenus de véritables classiques (Histoire des droites en France, Deux intellectuels dans le siècle : Sartre et Aron, les Baby-boomers, Les Vingt Décisives : 1965-1985, etc.), régulièrement réimprimés. -
Intellectuels et passions françaises : Manifestes et pétitions au XXe siècle
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Nouvelles Etudes Historiques
- 7 Février 1990
- 9782213652443
L'autorité morale acquise par le talent et le savoir autorise-t-elle l'intellectuel, seul ou en groupe, à exercer une direction de conscience sur la société? Au siècle dernier, la question eût paru incongrue, tant le pouvoir sur les esprits reposait surtout sur la naissance et la fortune.
Mais qu'en 1898 un romancier à succès comme Emile Zola ait pu, par son célèbre J'Accuse...!, contraindre les corps constitués à revenir sur une sentence inique, voilà qui est révélateur d'un climat nouveau. Depuis _ même s'il s'essouffle un peu en raison de la prééminence prise par la notoriété sur la pensée _, le phénomène des pétitions et des manifestes d'intellectuels a rythmé la plupart des temps forts de nos débats nationaux.
Bien des grands esprits de notre temps _ romanciers, universitaires, scientifiques, artistes, grands journalistes _ ont un jour ou l'autre apposé leur nom au bas d'un texte militant, et leurs interventions jalonnent le siècle: affaire Dreyfus, guerres d'Ethiopie et d'Espagne, montée du fascisme, polémiques à la Libération, guerre froide, décolonisation et, plus tard, Vietnam, Mai 68, alternance de 1981...
A l'intersection du culturel et du politique, l'étude de tels textes, jamais entreprise jusqu'à présent de façon systématique, se révèle pour l'historien d'une grande richesse. Outre qu'elle lui permet d'observer la constitution des réseaux, des amitiés, des alliances, des ruptures en milieu intellectuel, elle lui offre aussi un précieux poste d'observation sur la vision du monde que se sont faite les générations successives de clercs (par exemple la réception du marxisme et du communisme) et sur les engagements politiques qui en découlèrent. Elle l'invite à mesurer l'influence des lettrés et artistes sur le public (celui-ci les écoute-il?) et, réciproquement, à s'interroger sur la capacité des clercs à se saisir des courants et des passions qui parcourent la société.
On l'aura compris, ce livre ambitionne d'être une manière autre d'éclairer l'histoire du XXe siècle français.
Jean-François Sirinelli, né en 1949, est professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lille-III. Ses recherches portent sur l'histoire politique et socioculturelle de la France au XXe siècle, ainsi qu'en témoigne son livre très remarqué Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres (Fayard, 1988). C'est dans le même esprit qu'il a contribué à Notre siècle de René Rémond (Fayard, 1988), a publié en collaboration Les Intellectuels en France, de l'affaire Dreyfus à nos jours (1986) et participé à Pour une histoire politique (1988). -
Deux intellectuels dans le siècle, Sartre et Aron
Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Histoire Contemporaine
- 4 Octobre 1995
- 9782213652450
Les deux philosophes, nés l'un et l'autre en 1905, furent d'abord d'inséparable " petits camarades " à l'Ecole normale supérieure entre 1924 et 1928. Le jeune Sartre, futur grand théoricien du devoir d'engagement, était alors totalement apolitique. Raymond Aron, déjà attentif à la vie politique, penchait pour sa part vers le socialisme et le pacifisme.
Du séjour qu'ils firent l'un et l'autre en Allemagne, ils tirèrent des enseignements différents, mais c'est la guerre qui les conduira vers des évolutions radicalement divergentes. Aron passe à Londres, où il écrit dans la revue La France libre. S'il ne fait pas la Résistance brillante présentée par certains de ses zélateurs, Sartre subit le choc de la captivité et de la défaite, et a l'expérience de l'engagement à travers quelques actions de résistance intellectuelle. C'est lui qui formulera en 1945, dans le premier numéro de sa revue Les Temps modernes (auxquels Aron collabore quelque temps), la théorie du devoir d'engagement de l'intellectuel. L'influence de ses idées sera alors énorme. La presse de l'époque fera vite l'amalgame entre l' " existentialisme " et l'effervescence qui règne à Saint-Germain-des-Prés; les tirages de ses livres sont élevés, ses pièces ont un succès considérable.
Très vite, la guerre froide partage le monde en deux et l'intelligentsia française en ressent les retombées. Sartre, d'abord violemment attaqué par le Parti communiste, s'en rapproche jusqu'à devenir, entre 1952 et 1956, un " compagnon de route ". Or ce sont précisément les intellectuels communistes et les " compagnons " que Raymond Aron dénonce à la même époque dans l'un de ses essais les plus célèbres, L'Opium des intellectuels, et au fil de sa réflexion sur le phénomène totalitaire.
Sartre et Aron resteront frères ennemis tout au long des années 1960, symboles et porte-parole des deux versants antagoniques du milieu intellectuel, aussi bien sur les guerres coloniales finissantes et le conflit vietnamien qu'au moment de la crise de mai 1968: le premier soutient le mouvement, tandis que le second devient, aux yeux de l'extrême gauche, le symbole de l'Université " bourgeoise " et du libéralisme politique honni.
Mais c'est précisément ce statut de penseur libéral qui, sur le tard, conférera à Raymond Aron notoriété et influence. A partir de la seconde partie des années 1970, le milieu intellectuel français connaît en effet une profonde crise idéologique: les modèles et les maîtres à penser de l'extrême gauche se trouvent dévalués, et le marxisme voit ses positions s'éroder rapidement. Sartre, mort en 1980, sera au cours des années suivantes souvent attaqué à titre posthume: lui qui incarna la position longtemps dominante de la gauche intellectuelle deviendra, d'une certaine façon, le responsable et le symbole des erreurs et des errances présumées de cette gauche. Dans le même temps, Raymond Aron, jusqu'à sa mort en 1983 et même après, se verra largement reconnu par ses concitoyens et porté par la vague du libéralisme.
Professeur à l'université de Lille-III, Jean-François Sirinelli a publié chez Fayard Génération intellectuelle, Khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres (1988), Intellectuels et passions françaises (1990). Il a dirigé l'Histoire des droites en France (Gallimard, 1992) et le Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle (PUF, 1995). -
Les historiens français à l'oeuvre ; 1995-2010
Jean-François Sirinelli, Pascal Cauchy, Claude Gauvard
- PUF
- Hors collection
- 17 Septembre 2015
- 9782130641964
« Tous les historiens français ? Il va de soi que le bilan entrepris ne peut, dans les limites imparties - un jour et demi de colloque, une quinzaine de communications -, prétendre à l'exhaustivité. Assurément, le choix de la première partie s'imposait de lui-même : le système universitaire français découpe traditionnellement et institutionnellement le continuum historique en quatre périodes et des collègues ont accepté d'en dresser l'inventaire. On mesure l'ampleur de la tâche, et les trois maîtres d'oeuvre de ce livre en sont d'autant plus reconnaissants aux auteurs pressentis : avec des méthodes et des angles d'attaque parfois différents, ils ont relevé le défi et gagné le pari. Les bilans esquissés constituent de véritables tours de force et fournissent l'épine dorsale de la présentation globale.Si, déjà, l'exhaustivité était interdite à ces auteurs, elle était encore plus difficile à réaliser quand s'est posée, pour les autres séances du colloque, la question du choix des thèmes. Ceux-ci, assurément, n'ont pas été choisis au hasard mais, inversement, l'établissement de leur liste, par le bureau du CFSH, ne doit pas être interprété comme un tableau d'honneur historiographique. Plus prosaïquement, il a paru utile de faire le point sur quelques domaines, parmi d'autres, dans lesquels des évolutions se sont produites. Souvent, ont été retenus en premier lieu ceux de ces domaines pour lesquels l'analyse pouvait concerner plusieurs sous-périodes à la fois . Les choix, en tout cas, ont été faits avec le souci constant de respecter - et de tenter de rendre compte de - la pluralité des sensibilités historiographiques qui est l'un des facteurs de la richesse de la production scientifique des historiens français. Leur maison commune ne peut exister que si elle se montre apte à incarner une telle pluralité et capable aussi de refléter, on l'a dit, sa diversité générationnelle. »
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L'histoire des intellectuels aujourd'hui
Michel Leymarie, Jean-François Sirinelli
- PUF
- Hors collection
- 1 Janvier 2023
- 9782130806424
Les travaux universitaires sur l'histoire des intellectuels se multiplient. Des choix ont été faits ici : divers pays sont étudiés (France, Italie, Allemagne, Angleterre, Espagne, Argentine, Québec), des disciplines voisines sont mises à contribution (histoire littéraire, sociologie, histoire socio-culturelle avec livres et édition), d'autres figures sont mentionnées (hommes de théâtre, de cinéma...). Ce travail, issu d'un colloque qui a eu lieu à Paris les 16 et 17 octobre 2001, rend compte d'une diversité historiographique dans cet état des lieux.
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Générations historiennes ; XIXe-XXIe siècle
Yann Potin, Jean-François Sirinelli, Collectif
- CNRS Editions
- Histoire
- 17 Octobre 2019
- 9782271127617
C'est à une nouvelle histoire des historiens que nous convie cet ouvrage, à la lumière d'une notion dynamique et féconde, celle de génération. Les 58 auteurs réunis dans ce volume explorent pour la première fois l'évolution de leur discipline à l'aune des " générations historiennes " qui l'ont façonnée. De Jules Michelet à nos jours...
Trois grandes parties forment la trame de cet ouvrage choral. La première fait revivre deux siècles d'historiographie française en dressant le portrait de 14 générations qui se sont succédé depuis le début du XIXe siècle.
La deuxième partie donne la parole à une trentaine d'historiennes et historiens nés entre 1942 et 1983, invités à retracer leur propre itinéraire. Ont-ils eu le sentiment d'appartenir ou non à une génération et de s'inscrire en rupture par rapport aux précédentes ?
Enfin, à partir d'une quinzaine d'études de cas (la Révolution française, l'histoire coloniale, l'histoire des femmes...), la troisième partie revisite, sous l'angle générationnel, les grands débats qui agitent le champ foisonnant du travail historique. -
Les années Giscard ; institutions et pratiques politiques, 1974-1978
René Rémond, Serge Berstein, Jean-François Sirinelli
- Fayard
- Histoire Contemporaine
- 19 Novembre 2003
- 9782213652436
La démarche est novatrice et féconde : une rencontre entre des historiens - auxquels se joignent des spécialistes de droit public et des politologues - et Valéry Giscard d'Estaing. N'est-ce pas la première fois qu'un président de la République accepte le principe d'un tel dialogue ?
De cette rencontre est sorti ce livre dont les divers chapitres concernent une période capitale de notre histoire politique récente. A bien des égards, il s'agit du troisième tournant de la Ve République. 1962 avait introduit une première césure, fondamentale. 1969 avait répondu à la question essentielle de la survie du régime au départ de son fondateur ; et la victoire de Georges Pompidou avait levé une seconde hypothèque : le gaullisme, en tant que force politique, survivait lui aussi. Cela confère indirectement plus de sens encore à la victoire de Valéry Giscard d'Estaing : avant même 1981, 1974 représente une première forme d'alternance politique. Celle-ci étant interne à la majorité de l'époque, elle frappa moins que l'issue du duel Mitterrand-Giscard du second tour. Elle fut pourtant réelle et explique largement les escarmouches et les tensions croissantes, au fil du septennat, entre les deux branches de la majorité, dont l'une avait perdu la magistrature suprême au profit de l'autre.
La période 1974-1978, déjà dense en elle-même - et cette densité explique que l'on se soit tenu ici à la première législature, commencée avant même le changement de Président -, est aussi à replacer dans une temporalité plus ample, qui rythme l'histoire des formations et celle des cultures politiques. On a réuni ici, outre l'acteur principal - dont le témoignage est essentiel -, des « grands témoins » et des chercheurs, à l'initiative du Centre d'histoire de l'Europe du vingtième siècle et de l'Institut pour la démocratie en Europe. Le lecteur est convié à un contact direct avec la matière de l'histoire, et se trouve invité dans le laboratoire de l'historien.
Collection
Nouvelles études contemporaines
sous la direction de Serge Berstein et Pierre Milza -
Les années Giscard ; 1978-1981, les institutions à l'épreuve ?
Serge Berstein, Jean-François Sirinelli, Valéry Giscard d'Estaing
- Armand Colin
- Hors Collection
- 23 Juin 2010
- 9782200271329
Ce livre vient clore une série déjà riche de plusieurs ouvrages et reposant sur un dialogue entre un homme politique ayant notamment exercé la magistrature suprême et des historiens dont la période de spécificité englobe les années 1970. Il s'agit, en effet, sur un sujet d'histoire proche, de faire progresser la connaissance historique en organisant la confrontation entre les analyses des chercheurs, nourries des sources déjà disponibles, et le témoignage des acteurs, en l'occurrence le président et son entourage. Jamais, jusque-là, le grand témoin présent à un colloque d'historiens n'avait occupé d'aussi hautes fonctions politiques.
Ce type de rencontre, dans le respect du statut de chacun, témoins et historiens, fournit indéniablement une valeur ajoutée en connaissance historique, à condition, bien sûr, que soient respectées les règles de recueil d'un tel matériau et qu'il soit admis que le témoignage ainsi recueilli est une source parmi d'autres, à recouper comme telle. Le lecteur, de la sorte, trouvera dans ce livre un exemple concret des méthodes des historiens du temps présent.
Sous la direction de Serge Berstein et Jean-François Sirinelli et avec la participation de Valéry Giscard d'Estaing. -
Les années Giscard ; Valéry Giscard d'Estaing et l'Europe
Jean-François Sirinelli, Serge Berstein
- Armand Colin
- Hors Collection
- 12 Janvier 2006
- 9782200258658
La présidence de Valéry Giscard d'Estaing a été une étape décisive dans la construction européenne. Des initiatives fondatrices sont à porter à son crédit, qu'il s'agisse de la rencontre régulière des chefs d'État et de gouvernement, de l'élection au suffrage universel des députés au Parlement européen ou de la création du système monétaire européen. Ce chantier considérable de l'histoire de l'Europe a une autre particularité, celle de reposer sur l'entente franco-allemande et sur cette singulière complicité entre le chancelier Helmut Schmidt et le président Valéry Giscard d'Estaing, dont on trouvera un fort écho dans cet ouvrage.Le colloque organisé par le Centre d'Histoire de Sciences Po et l'Institut pour la démocratie en Europe constitue la deuxième étape d'une étude du septennat associant les historiens et les acteurs de l'époque. Les uns ont travaillé sur des archives de première main et les autres ont pu compléter par leurs témoignages l'analyse des faits. Durant cette journée, Valéry Giscard d'Estaing a apporté son témoignage à chacune des séquences, ce qui confère à cette manifestation une place exceptionnelle dans la connaissance de l'histoire française contemporaine.Sous la direction de Serge Berstein, professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris et Jean-François Sirinelli, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, directeur du Centre d'histoire de Sciences Po (Fondation nationale des sciences politiques).
Ouverture, René Rémond. Intervention de Valéry Giscard d'Estaing. Les problèmes monétaires et la création du Système monétaire européen. Intervenant : Robert Frank. Grand témoin : Jacques de Larosière. Les rapports franco-allemands dans la politique européenne et mondiale. Intervenant : Georges-Henri Soutou. Grands témoins : Gabriel Robin et le Chancelier Helmut Schmidt. Consolidation et élargissement de la construction européenne. Intervenant : Élisabeth du Réau. Grand témoin : Raymond Barrre. Le Parlement européen. Intervenant : Thierry Chopin. Grand témoin : Jean François-Poncet. La défense commune. Intervenant : Maurice Vaïsse. Grand témoin : Yvon Bourges. Conclusion, Pierre Milza.