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Sciences humaines
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« Un monde où les idées n'existeraient pas serait un monde heureux car il ne comporterait pas ces forces si puissamment conditionnantes qui contraignent l'homme à des actions inappropriées, ces dogmes sacro-saints au nom desquels les pires des crimes sont justifiés, les plus grandes folies méticuleusement rationalisées. » Aldous Huxley, préface à La première et dernière liberté.J. Krishnamurti n'a eu de cesse de réfléchir à la manière dont l'homme pouvait accéder à la vérité de la vie en se libérant de ses entraves que sont les idées préconçues, les traditions et les systèmes de pensée. Celui qui, toujours, refusa d'être perçu comme un penseur, un gourou ou un philosophe ne livre en aucun cas des solutions. Il ne prescrit pas de remèdes. La marche vers la liberté et la découverte de soi doit aboutir par chacun, et en chacun. Car, et c'est sans doute sa seule conviction énoncée comme telle : pour comprendre le réel, encore faut-il prendre connaissance de soi. Et pour se connaître soi-même, la première étape vers la libération consiste à s'échapper du carcan du conditionnement. Fuir le sempiternel rôle d'imitateur que s'est attribué l'homme et laisser jaillir l'état créatif. C'est cette libération de l'esprit statique, du connu, qui permettra à tout homme d'accéder au rang d'architecte d'une société nouvelle. Car le monde est fait par les hommes, et le mal qu'il exhibe n'est que le fruit pourri de leurs propres souffrances.
L'éveil de l'intelligence s'impose sans conteste comme la somme des textes les plus lus de l'oeuvre krishnamurtienne. On y pénètre comme à l'intérieur de ces tentes où avaient pour habitude de se dérouler les causeries du « maître », dont une part importante est retranscrite dans cet ouvrage. Fidèle à sa « méthode », le penseur exhorte son auditoire à tenter d'éveiller son esprit de manière autonome, le soupçonnant parfois sans détour de sombrer dans le prêt-à-penser, le cliché, et l'amenant, lentement, par le dialogue et à grand renfort d'images, à voir et à comprendre en se dégageant du filtre de la pensée. Qu'il faut distinguer de l'intelligence. Nous vivons dans des concepts, des idées, c'est là le propre de la pensée. L'intelligence, au contraire, recouvre un « état de non-savoir » ; d'inter et de legere, elle invite à « lire entre les lignes ».
De la Suisse aux États-Unis, en passant par l'Inde et la Grande-Bretagne, ces brillantes retranscriptions des conversations publiques de J. Krishnamurti s'étalent entre la fin des années soixante et le début des années soixante-dix. Anonymes, scientifiques et musiciens animent l'échange de leurs expériences personnelles. La vie, la mort, la peur, la violence, la liberté et bien d'autres notions viennent appuyer la tentative d'immobilisation de l'esprit, de « mise en veille » pour appréhender notre intérêt dans le monde et dans la vie et approcher L'éveil de l'intelligence. -
Krishnamurti (1895-1986) a été un penseur à contre-courant des idées reçues de son époque. Dès 1929, il a débuté une longue existence de prises de parole publiques à travers le monde qui, au-delà de sa disparition, continuent par l'écrit de fédérer une foule attentive. Sa bataille ? Réfléchir à la manière dont l'homme peut accéder à la vérité de la vie en se libérant de ses entraves ; l'accumulation de l'instruction, de la mémoire, des traditions et systèmes de pensée.
Krishnamurti ne livre en aucun cas de remède. La marche vers la liberté et la découverte de soi aboutira par chacun, et en chacun. Car pour comprendre le réel, encore faut-il prendre connaissance de soi. Et pour se connaître soi-même, la première étape vers la libération consiste à fuir le carcan du conditionnement. Et laisser jaillir l'état créatif. C'est cette délivrance de l'esprit statique, du connu, qui offrira à chaque homme l'accès au rang d'architecte d'une société nouvellePour les États-Unis, 1968, c'est l'année de l'élection du Président Nixon, celle aussi de l'assassinat de Martin Luther King et la quatrième année consécutive de guerre au Viêtnam. En 1968, de l'Ouest à l'Est, on remet sérieusement en doute l'american way of life. S'inscrivant dans ce contexte agité et fertile aux réfl exions lancées tous azimuts, Krishnamurti engage une tournée américaine et rencontre les étudiants du pays, auxquels il s'adresse dans ce volume à la fois en prenant la parole avec l'intransigeance et l'ironie qui le caractérisent, mais aussi en privilégiant le système du « questions-réponses », où l'on retrouve ses thématiques de prédilection : la vie, la mort, l'amour.
Sans jamais perdre de vue son auditoire, une jeunesse bien résolue à ne pas se taire, celui qui refusa toujours d'endosser l'habit de « maître spirituel » pose une question qui, avec un recul d'une cinquantaine d'années, déborde de ce strict cadre de la jeunesse et résonne en chacun de nous : comment penser une révolution qui ne soit pas sanglante mais une « révolution fondamentale », qui naîtrait en chaque individu ?.