Et s'il était temps de cesser de vouloir avoir raison et d'apprendre à avoir tort ?
Notre époque est celle du scandale généralisé. Du matin au soir, du bureau au bistrot et des vacances aux dîners de famille, il n'est de circonstance qui ne nous fournisse pas l'occasion de nous indigner. Tantôt le scandale est politique, tantôt il est économique ; tantôt il est moral, tantôt il est religieux ; tantôt écologique, tantôt esthétique. Tous les domaines de la vie semblent désormais être affectés par des imperfections, des bêtises, des horreurs suscitant notre rage plus ou moins vertueuse.
Que signifie un tel réflexe d'indignation ? Que dit-il de nous - et, surtout, de la manière dont nous pensons ? Pour le philosophe Laurent de Sutter, ce que l'indignation incarne n'est peut-être rien d'autre que l'impasse de ce qui pourtant la nourrit : notre obsession pour la raison. L'âge du scandale est l'âge du triomphe de la raison. Si l'on veut en finir avec le premier, il faut donc se demander comment on peut parvenir à se débarrasser de la seconde !
Qui sommes-nous ? À cette demande, chacun nous intime désormais de répondre. Du développement personnel aux documents d'identité, des luttes politiques aux relations intimes, de la vie professionnelle aux moments d'illumination mystique, réussir à enfin être soi-même semble constituer la condition essentielle de tout. Mais d'où provient cette obsession pour le fait d'être quelqu'un ? Et, surtout, que révèle-t-elle de l'ordre du monde dans lequel nous vivons ? Dans son nouveau livre, Laurent de Sutter, propose une solution inédite à ces questions au terme d'une dérive surprenante, saisissant dans un même mouvement la méthode Coué et le très ancien droit romain, l'invention philosophique du moi et la pensée chinoise, la psychanalyse et la spiritualité indienne, le théâtre et la neurologie. Et si être soi-même n'était rien d'autre que le nom de la police ? Et si, pour résister aux appels à être « quelqu'un », il fallait enfin apprendre à devenir n'importe qui ?
Et si, bien loin d'être le garant de quelque ordre que ce soit, le droit était surtout une machine à le faire exploser - une machine à inventer des réalités sociales toujours plus bizarres pour transformer le monde, et non le stabiliser ?
« Pop'philosophie » : s'il fallait se fier aux crises d'urticaires ou la morgue méprisante que ce simple mot provoque, il faudrait sans doute en conclure qu'il s'agirait du nom d'une étrange maladie. Cette maladie, ce serait celle de la philosophie qui se prostituerait au spectacle ou aux industries culturelles, à la pop-culture ou, pire, aux sirènes du populisme. Avec la pop'philosophie, ce à quoi on assisterait serait la ruine de la philosophie tout court, devenue tantôt gadget pédagogique pour enseignants désespérés, tantôt tentative un peu pathétique de capitaliser sur la glamour frelaté du monde du rock, du cinéma ou de la télévision pour ressasser les banalités les plus éculées. Et si c'était faux ? Pour Gilles Deleuze, en tout cas, qui inventa ce concept au milieu des années 1970, ça l'était : à ses yeux, rien n'était plus important que l'invention d'une pop'philosophie qui sauverait enfin la pensée en général de la double tentation de la correction professorale ou de la pontification esthétique. Permettre d'inventer une pensée véritablement anarchiste, enterrant la philosophie pour l'ouvrir à des devenirs inédits : tel était l'objectif qu'il donna au concept de pop'philosophie. Rien n'était moins simple - ni plus ambitieux. Il est temps de comprendre en quoi.
Un cliché répandu veut que nous vivions désormais dans une société malade de trop de sollicitations, de trop d'accélérations, de trop d'excitation. Mais, en réalité, il n'en est rien. Plutôt qu'une société soumise à l'excitation, ce que nous expérimentons chaque jour tient d'une sorte de domestication calme et silencieuse, dont l'affect principal est celui de la dépression.
« Après la loi, il y a le droit ; après la loi, il y a la totalité de ce dont la loi a signé l'oubli ; il y a l'invention et le désordre, le savoir et l'exploration, la multiplicité et la singularité, les êtres et les choses, la force des gestes et celle de mots. Après la lex, il y a le ius, le li, le giri, le dharma, la fiqh, la aggadah, la maât et le dînum ; après le nomos, il y a l'anomie, l'anarchie, l'injustice, l'arbitraire, la casuistique, la magie, le récit, la religion, les rituels. Après la loi, il y a l'ensemble des moyens que les êtres humains ont inventé pour devenir plutôt qu'être, et pour faire devenir avec eux les relations qui les unissaient à d'autres et finissaient par les constituer en groupes. Car telle est la différence principale qui sépare la loi du droit : la loi ne connaît que l'être, un être à la défense duquel elle est vouée par structure et par fonction - un être qu'il est de son devoir de ne pas remettre en question. »
Qui est Greta Thunberg ? Héroïne d'un présent assombri par le désastre climatique en cours pour les uns, incarnation de la bêtise catastrophiste du contemporain pour les autres. Pourtant, ce qu'elle nous apprend va au-delà du jeu d'échec des « pour » et des « contre » qui plombe les débats relatifs à l'écologie. Ce qu'elle nous apprend est tout simplement une nouvelle manière de penser et d'agir à l'aune de la crise que nous traversons.
Avec Greta Thunberg, la figure de l'intellectuel jugeant le monde depuis la certitude de sa connaissance se voit déboulonnée au profit d'une autre, qui ne craint plus de regarder en face l'incertitude de toute connaissance. Car il y aura toujours une raison d'attendre, une donnée manquante, une théorie non vérifiée, une hypothèse sur un risque non expurgée de valeurs. Or ce dont nous avons besoin, aujourd'hui, est autre chose, qui prend la forme d'un savoir que nous ne pouvons pas maîtriser - le savoir de l'urgence. De ce savoir, Greta Thunberg est désormais l'incarnation. Et Laurent de Sutter propose de se mettre à son école.
Nous vivons l'âge du triomphe de la critique. Dans tous les domaines, il n'est rien qui soit davantage valorisé : esprit critique, théorie critique, critique d'art ou études critiques - tout se passe comme si la critique était le lieu de l'intelligence contemporaine. Mais sait-on vraiment ce que l'on fait, lorsqu'on défend la critique ? Sait-on d'où elle vient et où elle va ? Se rend-on compte, surtout, de la manière dont le discours de la critique, en saturant tout le domaine du pensable, nous rend bêtes ? Car la critique est d'abord une position : celle de la suprématie du sujet sur l'objet, de l'individu sur ce qui lui arrive, du spectateur sur ce qu'il voit. Et si la critique nous rend bêtes, c'est parce qu'elle nous rend forts : celui qui critique a toujours raison. Or c'est le désir d'avoir raison qui, dans le contemporain, est à la source de tous les maux que nous endurons : politiques, éthiques, esthétiques, écologiques, épistémologiques. Il est donc grand temps d'en finir avec la critique, et d'ouvrir une nouvelle ère. C'est cette nouvelle ère qu'appellent de leurs voeux dix des plus brillants penseurs de la nouvelle génération, en un manifeste appelé à faire date.
Toute sa vie, Williams Burroughs n'a cessé d'intervenir, avec une méchanceté et une acuité remarquables, dans les grands débats de son époque. Au fil du temps, ses interventions ont fini par constituer une « mythologie », dont deux familles d'individus occupent les rôles principaux : les « Johnsons » et les « Shits ».
Les Johnsons n'attendent qu'une chose, qu'on les laisse vaquer à leurs propres affaires. Les Shits, eux, obsédés par le droit et la raison, prétendent s'ériger en centre autour duquel toute existence doit graviter. À l'heure où les Shits se multiplient, dans la politique comme sur les réseaux sociaux, la mythologie de Burroughs et les plans qu'il a formés pour se débarrasser des emmerdeurs sont plus que jamais d'actualité. La révolution sera Johnson ou ne sera pas.
Laurent de Sutter est professeur de théorie du droit à la Vrije Universiteit Brussel. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres, dont, chez Léo Scheer, Théorie du trou (2011) et Métaphysique de la putain (2012).
« La jurisprudence est la philosophie du droit, et procède par singularités, prolongement de singularités », disait Gilles Deleuze (1925-1995). La philosophie sait penser la loi. Mais le droit ne se laisse pas réduire aussi facilement. Ce prodigieux meccano impose son jeu à la pensée et s'offre ainsi comme un modèle possible, inventif et foisonnant, rigoureux pourtant, souverainement indifférent au jugement
Et si nous nous trompions ? Et si les attentats-suicides n'avaient rien à voir avec la guerre ? Et s'ils n'avaient rien à voir avec la religion ? Et si, même, ils n'avaient rien à voir avec quelqu'idéologie que ce fût ? Que se passerait-il si, en réalité, ce dont les kamikazes se voulaient les terrifiants acteurs était une simple surenchère appartenant au domaine des images ? En posant cette question, retraçant l'arc courant des premières explosions-suicides à la fin du XIXe siècle, jusqu'aux attentats meurtriers de Paris, en passant par les kamikazes japonais ou les auteurs de la destruction du World Trade Center, à New York, le 11 septembre 2001, c'est toute une histoire du flash visuel provoqué par la détonation des bombes portées, ou conduites, par les terroristes de l'absolu qui se trouve rejouée avec brio par Laurent de Sutter. Une histoire qui rejoindrait celle des spectateurs des médias de la postmodernité, ne quittant leur apathie organisée qu'au moment où un show plus violent que les autres finit par leur rappeler que, quelque part, le réel les attend.
Nous avons besoin d'un nouvel art de jouir. L'héritage de la révolution sexuelle s'est épuisé. Pourquoi ? Parce qu'il paraît vain d'imposer un programme, quel qu'il soit, à la jouissance. Ce programme, la révolution sexuelle l'avait baptisé " érotisme ". Peut-être, pour en finir, faut-il donc aussi en finir avec cet érotisme. En finir au profit d'une autre conception de la sexualité où la jouissance participe d'un véritable art. Tel est du moins le but du présent essai - un but qu'il ne sera possible d'atteindre qu'au prix d'un bouleversement complet du partage entre admissible et inadmissible en matière de sexe. En serez-vous capables ?
Dix trentenaires biberonnés aux comic books et aux blockbusters hollywoodiens. Dix penseurs qui considèrent que la vérité du monde se situe là où l'on aime le moins la regarder. Dix écrivains qui ont un jour décidé que penser, au XXIe siècle, impliquait désormais de raconter des histoires. Dix super-héros emblématiques. Dix méditations virtuoses. Voilà ce que vous trouverez entre les pages de Vies et morts des super-héros : dix manières de tenter de réfléchir le contemporain, à partir du coeur le plus ambigu, le plus méprisé, de la pop culture mondialisée. Superman et l'enfance. Batman et la surveillance. Hulk et la guerre. Iron Man et le capital. Dr. Strange et la pensée. Spider-Man et l'éthique. X-Men et la culture. Captain America et la nation. Et même Capitaine Chaos. Non, les super-héros ne sont pas qu'un produit - que l'enfant bâtard du capitalisme des industries culturelles et des délires identitaires, raciaux ou machistes d'une nation fantasmant son histoire et sa grandeur. Ils sont bien plutôt ce à partir de quoi l'un comme les autres entrent en crise. Ils sont le moment de leur réel. Le moment où tout craque.
Ce livre est, selon son auteur, "un bréviaire de l'indifférence en politique" et "l'exposé fragmentaire d'un soupçon vague : que la politique ne rend pas heureux". Ne vaut-il pas mieux consacrer son énergie à d'autres activités ? "Il suffit qu'une jeune fille croise notre chemin pour que la politique s'évanouisse comme un rêve d'hiver". Une succession de "notules" désenchantées, emblématique d'un éloignement de la politique de certains trentenaires désabusés, sans doute agacés par le peu de résultats qui caractérise la politique, mais loin de la posture morale et des exigences des radicaux.
Suivre les starlettes de X dans leurs péripéties sexuelles, accueillir leurs mimiques et leurs soupirs comme une générosité destinée à nous guider sur le chemin de notre propre fascination, c'est pénétrer en leur compagnie dans des mondes nouveaux. Dans cette étrange métaphysique, les partouzes ont un parfum boticellien et l'amateur de films pornographiques n'est, étonnamment, jamais loin de l'ascète mystique. Et si, lorsque le film s'arrête, la réalité crève l'écran, la starlette de X laisse dans son sillage une trace. Un ange passe. Une promenade troublante, érudite et élégante, servie par une plume audacieuse qui flirte entre l'érudition et la dérision. Après avoir lu cet essai subversif, vous ne regarderez plus jamais un film pornographique de la même façon.
Magic est de ces livres étonnants, bouleversant tout ce que nous croyions savoir sur un sujet. À partir d'une interrogation sur l'apparition du concept de « lien social » chez Rousseau ou Durkheim, Laurent de Sutter propose une surprenante remise en cause du consensus régnant autour de l'idée de lien. Plutôt que de poursuivre l'investigation du côté de la sociologie, il suggère, pour comprendre ce qui nous lie, de regarder du côté d'un droit qui aurait retrouvé ce qui lui a toujours été consubstantiel et que l'on a pourtant tenté de refouler, à savoir sa magie.Que se passerait-il si, en effet, le droit était la dernière manifestation de la magie dans un monde qui croyait pouvoir s'en passer ? Telle est la question au coeur de ce bref essai érudit, spectaculaire et fascinant, passant avec une grâce provocante de Montesquieu à Giordano Bruno, des juristes romains à Gabriel Tarde, de Marcel Mauss aux inspirateurs du Code civil, de Giorgio Agamben à Quentin Meillassoux.
En explorant une banale histoire de voyeurisme dans les toilettes pour femmes d'un café parisien racontée dans Une Sale histoire de Jean Eustache, Laurent de Sutter découvre une vérité cachée dans les replis des images de cette oeuvre cinématographique énigmatique et mythique.
Théorie du trou est la reconstitution minutieuse de ce secret. L'auteur y développe un véritable Discours de la méthode « anti-philosophique », traitant de notre être comme de notre morale, du consensus social auquel nous nous accrochons comme des rêveries esthétiques par lesquelles nous tentons de le sublimer.
Rien, dans ce traité philosophique, tout comme dans le film d'Eustache, n'est laissé intact : là où nous voyions du Beau ne reste que le Laid, là où nous pensions voir du Grand, on n'aperçoit que du Petit, et là où nous voyions du Vrai, ne se distinguent que le mensonge et la tromperie.
Si les pensées de Laurent de Sutter sont des images (comme les images de Jean Eustache sont des pensées), elles ne sont certes pas à notre avantage, mais nous entraînent dans un voyage métaphysique fascinant et glaçant.
Laurent de Sutter est né en 1977. Son dernier livre paru est Contre l'érotisme (La Musardine, 2011). Il dirige la collection « Perspectives Critiques » aux Presses universitaires de France.
What do the invention of anaesthetics in the middle of the nineteenth century, the Nazis' use of cocaine, and the development of Prozac have in common? The answer is that they're all products of the same logic that defines our contemporary era: 'the age of anaesthesia'. Laurent de Sutter shows how large aspects of our lives are now characterised by the management of our emotions through drugs, ranging from the everyday use of sleeping pills to hard narcotics. Chemistry has become so much a part of us that we can't even see how much it has changed us.
In this era, being a subject doesn't simply mean being subjected to powers that decide our lives: it means that our very emotions have been outsourced to chemical stimulation. Yet we don't understand why the drugs that we take are unable to free us from fatigue and depression, and from the absence of desire that now characterizes our psychopolitical condition. We have forgotten what it means to be excited because our only excitement has become drug-induced. We have to abandon the narcotic stimulation that we've come to rely on and find a way back to the collective excitement that is narcocapitalism's greatest fear.
Law is the most sacred fetish of our time. From radicals to conservatives, there is no militant, activist or thinker who would consider doing without it. But the history of our fascination with law is long and complex, and reaches deeper into our culture than we might think. In After Law, Laurent de Sutter takes us on a journey to uncover the sources of our fascination. He shows that at a certain moment in our history a choice was made to treat law as a decisive feature of civilization, but this choice was neither obvious nor necessary. Other political, social, religious or cultural possibilities could have been chosen instead - from ancient Egypt to Mesopotamia, from medieval Japan to China, from Islam to Judaism, other cultures have devised sophisticated tools to help people live together without having to deal with norms, rules and principles. This is a lesson worth reflecting on, especially at a time when the rule of law and the functioning of justice are increasingly showing their sinister side - and their impotence. Is there life beyond law?
"Changer le monde est le mantra de l'après-pandémie. Mais qu'entend-on par « changer le monde » ? Et quel monde s'agit-il de changer ? En revenant aux sources grecques de l'idée d'épidémie, une vision nouvelle de ce qu'est le monde, et de la manière dont les êtres humains y cohabitent avec les créatures les plus diverses, et parfois les plus hostiles, se fait jour - dont la méditation permettrait peut-être de dépasser les proclamations de principe un peu creuse en faveur d'un « monde d'après ». Car tout monde a son coût.
Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l'État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s'appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d'autres, sur lesquelles il faudra se pencher.
Les Éditions de l'Observatoire, depuis leur création, ont l'ambition d'anticiper et de créer les débats d'idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d'après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d'édition une véritable communauté de pensée.
Muriel Beyer
Directrice des Éditions de l'Observatoire"
De nos jours, dans la plupart des pays du monde, la prostitution est majoritairement perçue de façon négative. Il fut un temps, cependant, où cette activité que l'on nomme le plus vieux métier du monde était considérée par certaines civilisations comme une pratique vertueuse... Sans parti-pris ni militantisme, cette bande dessinée esquisse les évolutions historiques qui permettent de mieux comprendre la situation contemporaine des prostitué(e)s.
Malgré le bavardage entourant la « question » de la prostitution, il semblerait que méditer la nature de la putain n'ait jamais suscité l'intérêt. Depuis toujours, ce n'est pas des putains que l'on parle, mais du « problème » qu'elles suscitent. Et s'il n'y avait ni « question » ni « problème » ? S'il n'y avait que des êtres, dont la particularité est de perturber les simples idées de « question » ou de « problème » ? Chaque fois qu'une putain entre dans un lieu, ce sont en réalité toutes les questions et tous les problèmes qui se trouvent affolés. Qu'est-ce que l'art ? Qu'est-ce que l'argent ? Qu'est-ce que le travail ? Qu'est-ce que la police ? Qu'est-ce qu'un sujet ?
Au contact avec les putains, les interrogations paraissant les plus légitimes se trouvent soudain compliquées, et les réponses usuelles ridiculisées. Parce que les putains sont une figure : la figure de la vérité - et de ce qui, en elle, est insupportable aux forces de l'ordre, aux tartufes et aux gouvernements. Oui, les putains sont le visage même de la métaphysique.
Laurent de Sutter est philosophe et directeur de la collection « Perspectives critiques » aux PUF. Il a notamment publié Théorie du trou, chez Léo Scheer, en 2013.