Et si nous vivions dans une société bavarde où le dialogue n'existe plus ? Marylin Maeso, jeune philosophe camusienne, y voit un vrai danger.
Polémiques systématiques, procès d'intention, culture de l'esquive... : médias et réseaux sociaux se prêtent de plus en plus à un étrange jeu du silence, sorte d'accord tacite par lequel les camps adverses en arrivent à conspirer à leur insu pour créer un univers caricatural où la communication est rendue impossible. Où l'on trouve des mascarades de débat à foison, où tout est joué d'avance, et où il s'agit bien plus de cataloguer péremptoirement l'adversaire afin de délégitimer son propos que d'écouter ses arguments et d'y répondre.
Dans cet ouvrage décapant, Marylin Maeso analyse les mécanismes et les enjeux de ce phénomène. Pour elle, le fait que notre époque soit à la fois celle de l'hyper-connectivité et celle de la substitution de la polémique au dialogue n'est pas le moindre de ses paradoxes !
De Camus, Hannah Arendt disait en 1952 qu'il était « sans aucun doute pour le moment le meilleur homme en France » parmi ses pairs qu'elle trouvait « tout juste supportables ». Comment expliquer un jugement aussi tranché à l'encontre d'un milieu intellectuel où l'écrivain algérois côtoyait pourtant Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty ou encore Georges Bataille ?
C'est que l'auteur de L'Homme révolté a su incarner, à une époque d'extrême polarisation du débat d'idées, le difficile équilibre de la nuance. Sa lucidité, dont son ami Char disait qu'elle est la blessure la plus rapprochée du soleil, face à la réalité de l'idéologie totalitaire et son refus obstiné de céder aux sirènes du manichéisme ont fait de lui un penseur souvent caricaturé et incompris.
Les Justes, Lettres à un ami allemand, Le Mythe de Sisyphe, La Chute... À l'heure de l'immédiateté numérique et de la polémique permanente, il importe plus que jamais d'entendre cette pensée exigeante, tendue comme un fil d'Ariane entre des extrêmes mortifères.
"« Demain est un autre jour », « il y aura un avant et un après » : notre goût pour les lapalissades temporelles est indémodable. Tout comme le rêve de table rase qui les alimente. Que nous dit cette paradoxale nostalgie d'un futur rayonnant, forgé dans le feu des crises ? L'espoir du renouveau est-il la marque des esprits vivaces, qui savent faire bon usage d'une mauvaise fortune et voient la possibilité d'un changement radical là où tout ne semble qu'adversité ? Ou bien cette promesse de l'aube épinglée à l'horizon indéfini n'est-elle que l'un des nombreux visages qu'adopte, au fil des soubresauts de l'histoire et de la nature, le fantasme fécond et fatal du Grand Soir ?
Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l'État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s'appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d'autres, sur lesquelles il faudra se pencher.
Les Éditions de l'Observatoire, depuis leur création, ont l'ambition d'anticiper et de créer les débats d'idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d'après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d'édition une véritable communauté de pensée.
Muriel Beyer
Directrice des Éditions de l'Observatoire"
Alors que la notion de race au sens biologique a perdu toute crédibilité, la question du racisme revient au coeur du débat public. Et nous laisse désarmés. Car elle n'oppose plus seulement racistes et antiracistes, elle met aux prises ceux qui se considèrent comme des « racisés » et ceux qui veulent continuer à faire abstraction de la couleur et de l'origine au nom de l'Universel.
Où et quand commence le racisme ? Pour y voir plus clair, nous avons réuni deux philosophes de la nouvelle génération qui sont aussi des militants de l'antiracisme. Ayant été confrontés très tôt, dans leur vie personnelle, à l'expérience du racisme, Marylin Maeso et Norman Ajari se livrent à une discussion franche et ouverte sur les divergences profondes qui les séparent, jusqu'à la définition même du racisme.