L'invasion de l'Ukraine par la Russie marque l'engagement d'une grande confrontation entre les empires autoritaires et les démocraties, prises elles-mêmes en étau entre les autocrates et les populistes. La guerre, ouverte ou hybride, effectue donc un retour en force. Et elle est là pour durer. Depuis l'effondrement du bloc soviétique, les citoyens des démocraties pensaient que leur sécurité et leur avenir étaient garantis. Les nations occidentales restaient persuadées de la supériorité universelle de leurs valeurs, de leurs institutions, de leurs technologies et de leurs armées. Immense erreur ! 1989, à l'égal de 1918, fut une paix manquée. Comme dans les années 1930, les nations libres n'ont pas voulu voir la dangerosité de leurs ennemis. Dès lors, les régimes autoritaires ont profité des faiblesses de l'Occident pour se renforcer militairement, politiquement et idéologiquement, de la Chine de Xi Jinping à la Russie de Vladimir Poutine. Ces empires partagent une même détestation de la liberté politique. Ils revendiquent la supériorité de leur modèle et entendent faire émerger par la force armée un ordre mondial post-occidental, fondé sur l'arbitraire et la violence. Mais rien n'est perdu. L'agression de l'Ukraine constitue une tragique mais salutaire mise en garde. Les démocraties conservent d'immenses ressources pour résister, à condition de surmonter leurs crises intérieures et de s'unir autour de la défense de leurs intérêts et de leurs valeurs. L'Occident doit reprendre conscience de son héritage et de son unité pour déjouer les menaces des empires autoritaires. L'heure n'est pas à la déploration, mais à la mobilisation pour sauver la liberté.
Cent-cinquante ans après sa mort, Alexis de Tocqueville reste un mystère. Trop libéral pour la droite, trop aristocrate pour la gauche, il est un démocrate de raison et non de coeur.
Son génie est d'avoir pensé la démocratie dans toutes ses dimensions, notamment sa face sombre - la tyrannie de la majorité et sa passion pour l'égalité - qui peut la faire basculer dans le despotisme. Voilà pourquoi il est d'une actualité saisissante au moment où les nations libres traversent une crise sans précédent depuis les années 1930. Nul mieux que lui n'a montré que la démocratie peut s'effondrer de l'intérieur, sous l'effet de l'individualisme, des émotions collectives et de la fascination pour la violence. Nul mieux que lui n'a souligné qu'elle dispose de formidables ressources pour relever les défi s nés des transformations du capitalisme, des régimes ou des idéologies qui entendent la détruire. Car Tocqueville est aussi un combattant de la liberté, qui a lutté pour l'abolition de l'esclavage, la réforme du système pénitentiaire et l'enracinement de la République. Un combattant de la liberté qui nous rappelle qu'elle dépend de l'engagement de chacun à la défendre.
Et si la démocratie disparaissait sous nos yeux. Impensable ? Pourtant, elle se trouve aujourd'hui en état d'urgence, menacée par ses propres citoyens tentés par la démagogie et l'autoritarisme. Loin de prendre la mesure du danger, nous détournons le regard sur la corruption insidieuse de nos institutions et de notre vie publique. Nous nous rassurons à bon compte en moquant les dirigeants populistes ou en les réduisant à une simple parenthèse qui se refermera vite. L'histoire du xxe siècle nous rappelle que la démocratie est fragile ; qu'à tout moment, l'État de droit et l'esprit de modération sur lesquels elle repose peuvent s'effondrer ; que les régimes liberticides s'installent pour durer. Il est donc grand temps de nous attaquer aux maux qui rongent nos sociétés : la montée des inégalités, le désarroi identitaire, la contagion de la violence. Les nations libres doivent reprendre en mains leur destin. Non par l'emballement des passions protectionnistes ou nationalistes mais par un travail patient pour réengager les citoyens dans la vie publique, conforter les classes moyennes, transformer le capitalisme, répondre aux défis de la révolution numérique et du changement climatique, reconstruire un ordre international. Le seul antidote efficace à la crise de la démocratie, c'est la liberté politique !
Nous sommes confrontés à une heure de vérité. L'épidémie de Covid sera-t-elle la matrice du xxie siècle, comme la Grande Guerre fut celle du xxe siècle ? En tout cas, la décennie 2020 sera décisive. Soit les nations libres se décomposent et se désunissent devant la pandémie, laissant le champ libre aux régimes autoritaires. Soit elles se réinventent, en imaginant un nouveau contrat économique et social, en redonnant vie à l'engagement au service de la Cité et du bien commun, en formant une grande alliance pour défendre la liberté. L'heure n'est donc pas à la déploration mais à l'action. Démocratie, capitalisme, Europe, France : tout est à repenser. Comme cela s'est vu cent fois dans l'Histoire, les pires crises engendrent parfois les plus formidables reconstructions. Assez gémi, assez protesté, assez cédé à la colère et à la violence : mettons-nous au travail !
Raymond Aron, philosophe et acteur de l'histoire du XXe siècle, laisse une oeuvre considérable et hybride. A la fois professeur et journaliste, il a profondément ressenti le caractère tragique du siècle ; patriote français, que le gouvernement de Vichy a exclu de la communauté nationale ; intellectuel d'origine juive, dont la pensée fut modelée par la philosophie allemande, la montée du nazisme et de l'antisémitisme durant l'agonie de la République de Weimar ; polémiste classé à droite, alors qu'il fut le premier à prendre publiquement position en faveur de l'indépendance algérienne ; athée, qui a rencontré certains catholiques dans la dénonciation des religions séculières. Contrairement à Jean-Paul Sartre, son "petit camarade" de l'Ecole normale supérieure, qui s'est toujours considéré comme un moraliste, Raymond Aron a voulu penser la politique du côté des acteurs, contre les "belles âmes", en soulignant la nécessité de l'engagement et la responsabilité des intellectuels, qui interviennent dans les affaires de la cité.
La violence n'est pas à nos portes, elle est chez nous. Les idéologies du XXe siècle sont mortes, mais les passions nationales et religieuses sont de retour. Et avec elles les guerres civiles et les guerres de religion dont la sauvagerie est sans limite.
Au-delà des conflits armés, la violence se diffuse en empruntant tous les canaux de la mondialisation. Elle pénètre jusqu'au coeur des sociétés développées, notamment par les réseaux sociaux. Elle se libère de tout cadre et de toute règle.
La violence est une arme de destruction massive contre la démocratie, qu'elle emprunte les traits du populisme, du fanatisme religieux, des menaces émanant des nouveaux empires ou des cyber-attaques.
Il est plus que temps pour les nations libres de rompre avec le déni pour réagir. Ne laissons pas le dernier mot de l'histoire du XXIe siècle à la barbarie. Retrouvons la foi dans la liberté et le courage de la défendre !
Nicolas Baverez, éditorialiste au Point et au Figaro, fut le premier à lancer l'alerte sur le déclin de la France à travers des essais qui sont aujourd'hui des références, tels Les Trente Piteuses (Flammarion) ou La France qui tombe (Perrin). Il appelle aujourd'hui les citoyens des démocraties à une prise de conscience salutaire : la violence ou la liberté, il faut choisir !
Un précis de décomposition de la finance mondiale. " L'ancien disciple de Raymond Aron analyse les causes du séisme que nous vivons, décrit le mécanisme des cycles économiques et le salut temporaire trouvé dans des politiques keynésiennes, avant d'esquisser les mutations que le capitalisme mondial va devoir entamer " L'Express.
" L'économie mondiale n'est pas guérie ; elle connaît une simple rémission. La crise n'est nullement achevée ; elle mute. "Nicolas BaverezHistorien et économiste, Nicolas Baverez a notamment publié La France qui tombe, Nouveau monde, Vieille France et En route vers l'inconnu. Cette nouvelle édition comporte une préface inédite de l'auteur." Ce n'est ni le premier ni le dernier livre sur la crise, mais c'est l'un des plus pénétrants sur le sujet, empruntant à l'histoire autant qu'à l'économie. "Le Monde" L'ancien disciple de Raymond Aron analyse les causes du séisme que nous vivons - le "Pearl Harbor" de la mondialisation -,décrit le mécanisme des cycles économiques et le salut temporaire trouvé dans des politiques keynésiennes, avant d'esquisser les mutations que le capitalisme mondial va devoir entamer, et dont l'Europe et la France risquent d'être les premières victimes. "L'Express" Une réflexion lucide. "Le Figaro
L'État islamique peut-il être vaincu ?
La Russie de Poutine est-elle un adversaire ou un allié ? Est-il encore temps d'éviter la prochaine crise financière ?
La révolution numérique va-t-elle transformer le capitalisme ou dévaster la classe moyenne ? Quels sont les mécanismes qui ont permis le décollage économique de l'Afrique ?
Autant de questions qui déterminent notre avenir.
L'histoire s'est emballée. Elle est faite de ruptures et de violence, mais aussi de formidables progrès : la réduction de la pauvreté, le développement des pays émergents, la société ouverte, la transition énergétique, l'intelligence artificielle. De nouveaux continents émergent ; d'autres disparaissent.
Nous vivons à l'heure des disruptions, c'est-à-dire des événements imprévus et extrêmes. Elles fragilisent les États et les sociétés, rendant le monde beaucoup plus instable et dangereux. Elles déstabilisent les démocraties, laissant les dirigeants désemparés.
Oui, nous dansons sur un volcan !
Et l'humanité n'a que deux choix : l'effondrement ou l'adaptation aux révolutions en cours dans un monde où l'Occident, qui a perdu le monopole du leadership, doit se réinventer.
Un constat clinique du déclin français, un essai qui a défrayé la chronique.
Croissance en berne, 10 % de chômeurs et autant de travailleurs précaires, le record de la fiscalité et des jours de grève en Europe, des réformes ajournées ou réduites au plus petit dénominateur, des prébendes à conserver, une richesse nationale et une audience internationale menacées: la liste pourrait sans peine être allongée du double. Les beaux esprits de la réforme consensuelle diront que les grandes orgues du déclin français jouent un air connu. Sauf que, cette fois, Nicolas Baverez établit le constat clinique d'un déclassement. En historien, il pointe repères, étapes, degrés et causes. En économiste, il démonte les cercles vicieux de l'incapacité française. En essayiste, il croque l'incapacité des uns, la démagogie des autres et l'aveuglement de beaucoup. Aucun pathos dans ce texte écrit au scalpel : les faits, leur emboîtement et les dangers qu'ils représentent pour notre présent et notre avenir. Impossible de le réduire à un réquisitoire ou à un pamphlet : il nous tend le miroir d'un quart de siècle gaspillé.Avocat, historien et économiste, Nicolas Baverez signe dans Le Point et au Monde des éditoriaux aigus, de grande audience.
Au terme d?un quinquennat désastreux, la France est devenue l?homme malade d?une Europe, elle-même menacée de désintégration par le Brexit.
Pourtant, la France et les Français ne sont nullement condamnés au déclin. Ni à l?humiliation.
Ils disposent d?atouts majeurs, à commencer par les talents et les cerveaux, la culture et la civilisation dont ils sont les dépositaires. Et les solutions du mal français sont parfaitement connues.
Ne nous manque que l?essentiel : la volonté (pour nous redresser) et le chemin (pour nous réformer).
Voilà pourquoi la prochaine élection est décisive !
Ces chroniques qui refusent notre tentation du déni décrivent, avec la lucidité habituelle de l?auteur, ce que pourrait être le sursaut national.
La liberté n'est jamais donnée, mais toujours conquise. Voilà dix ans, on pouvait croire à son triomphe. Elle venait, en un siècle, de triompher de trois guerres mondiales, de deux crises économiques et de trois révolutions - bolchévique, fasciste et nazie. C'est à ce moment qu'on a commencé à parler du déclin de la politique, et du désengagement des citoyens. L'époque est au désenchantement, à la solitude individuelle, à l'absence de projet. Or, la liberté est affaire de pluralité et de confrontation d'idées. Comment redonner du sens à la citoyenneté ? Comment réguler ce capitalisme, et maîtriser les chocs d'une économie nécessairement ouverte ? Comment faire respecter les valeurs démocratiques ? Loin d'avoir été tranchées par la chute de l'URSS, ces questions, qui déterminent l'avenir de la liberté, se posent en des termes neufs. Pourtant, dans cette agitation salutaire, la France est restée à la traîne : institutions sclérosées, État velléitaire et impuissant, malthusianisme économique et conservatisme social envahissants. La fille aînée de la liberté a choisi la paresse et l'esprit de rente, plutôt que la volonté et l'imagination. Ce livre entend explorer les voies qui permettraient, à la France et à l'Europe, de proposer une figure originale de la liberté moderne. Autrement dit, en renonçant aux discours frileux, en passant de l'abstrait aux exigences concrètes, réenraciner une raison de vivre.
2040. La France est au bord de la faillite. Le nouveau directeur général du FMI débarque à Paris pour organiser l'aide internationale. Il est Béninois. Il raconte dans des lettres adressées à ses proches ses découvertes.Au fil de ses entretiens, il compose une stupéfiante galerie de portraits des dirigeants français. Il prend progressivement la mesure du déni dans lequel s'est enfermé notre pays. Il décrit une France prolétarisée ; une nation écartelée entre les très riches et les très pauvres ; un Etat impuissant et à l'agonie. Il voyage dans une Europe que la France a défaite en provoquant l'éclatement de l'euro et la désintégration du grand marché. Mais il rencontre aussi des Français qui résistent à l'effondrement, des élus, des fonctionnaires, des savants, des entrepreneurs, des femmes luttant au coeur des bidonvilles.Ce conte moral, drôle et terrifiant, repose sur des regards croisés entre la débâcle française et le miracle africain qui s'affirme. Rien n'est écrit bien sûr. Mais tout est dit de ce qui arrivera si la France continue à refuser le monde réel du XXIe siècle et ses grandes transformations.Nicolas Baverez, économiste et historien, après des essais devenus des classiques, dont Les Trente Piteuses (Flammarion) ou La France qui tombe (Perrin), nous livre une fiction qui mêle de façon saisissante analyse et anticipation.
Voici plus de trois décennies que la France et les Français se sont installés dans le déni, c'est-à-dire dans la négation de la réalité, volontiers qualifiée de pensée unique. Qu'ils refusent de s'adapter aux grandes transformations du capitalisme et du système géopolitique, dominé par la mondialisation et par la montée en puissance des pays émergents. Qu'ils cultivent des idées fausses pour justifier le statu quo et éluder les réformes que tous savent indispensables, mais dont personne ne veut assumer la responsabilité. Au tribunal de l'histoire, il n'y a pas plus d'immunité que d'impunité pour les nations qui s'installent dans le déni. Assez fait l'autruche. Assez gémi sur le sort d'une nation qui s'est rabaissé en peuple de victimes de la modernité. Assez d'indignations stériles et de vaticinations sur un passé disparu. Assez de recherche de bouc-émissaires. Il faut désormais ouvrir les yeux, mobiliser les Français, s'engager dans la bataille de l'histoire universelle, refaire la France et l'Europe qui continuent à disposer d'atouts majeurs. Près de dix ans après son best-seller, La France qui tombe, Nicolas Baverez dresse un bilan lucide et cruel de notre aveuglement, et lance un appel. L'heure est venue de reconstruire ! Les modèles étrangers ou clé en main ne seront d'aucun secours. L'avenir ne tient qu'à nous. Il faut préparer un nouveau pacte social : pas de bonheur privé complet dans le malheur public. Il faut réinvestir l'éducation et l'innovation. Bref, entrer dans le XXIe siècle. Secouons-nous !
Cessons de prendre les Français pour des veaux et les syndicalistes pour des ânes. C'est l'alibi de l'immobilisme. Non, la machine publique ne fonctionne pas bien. Oui, il existe des moyens de la rendre plus juste et plus performante, qui supposent un véritable courage politique.Les conflits dans les hôpitaux, les prisons, les transports ou l'éducation nationale : autant de manifestations de l'impuissance publique. Encore ces spasmes ne sont-ils que le symptôme d'une crise plus profonde qu'on s'ingénie à recouvrir d'un voile hypocrite.Depuis la Libération, la croissance française repose sur l'échange d'un peu de compétitivité économique contre beaucoup de sécurité sociale. L'Etat, pour mettre en oeuvre ce consensus, a conclu un pacte tacite avec ses salariés : une garantie d'emploi contre de médiocres rémunérations. Ce modèle est en train d'imploser sous nos yeux : les archaïsmes administratifs qui nourrissent l'insatisfaction des fonctionnaires et des usagers, handicapent l'économie et paralysent la société, deviennent insupportables.N'y-a-t-il d'autre choix qu'entre l'Etat-minimum ou le tout-Etat, l'égoïsme du marché ou la paralysie bureaucratique ? Les citoyens ont l'Etat qu'ils méritent. Auront-ils l'audace de vouloir sa modernisation ?Né en 1960, normalien, docteur de troisième cycle en histoire, agrégé de Lettres, énarque