Des P.-D.G. qui font la queue pour plancher devant des examinateurs à peine trentenaires. Un petit professeur d'université qui ferraille contre la corruption des patrons coréens. Des fonctionnaires britanniques qui obligent une compagnie pétrolière, à l'autre bout de la planète, à respecter l'environnement et les droits de l'homme. Tous ces empêcheurs de tourner en rond ont une arme commune : ils sont actionnaires. En s'appuyant sur l'énorme force de frappe des fonds de pension, associations militantes et syndicats changent aujourd'hui le capitalisme de l'intérieur, pour mieux changer le monde. Marx n'aurait jamais imaginé, qu'un jour, le pouvoir du capital servirait la cause du peuple. Les patrons ont désormais des patrons : nous tous. C'est ainsi qu'est en train de naître, de Washington à Séoul, en passant par Londres et Paris, un véritable mouvement politique. Il pourrait bien bouleverser nos vies. Voyage au pays de ces citoyens-actionnaires qui font la Révolution à la corbeille.
Avec la terrible pandémie du Covid-19, une autre calamité s'est abattue sur la France : penseurs et prophètes de malheur ont voulu voir dans cette crise le fruit mérité d'un comportement condamnable. La vérité est qu'une maladie n'a jamais de sens. La recherche éperdue de coupables (« méchant Homme » face à la « gentille Nature », mondialisation, multinationales...) appelés à une sorte de carême expiatoire à coup de fiscalité ou d'interdictions risque de nous valoir un appauvrissement généralisé, et de nous faire passer à côté des vraies leçons à tirer. Lâchez-nous avec le « monde d'après » !
Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l'État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s'appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d'autres, sur lesquelles il faudra se pencher.
Les Éditions de l'Observatoire, depuis leur création, ont l'ambition d'anticiper et de créer les débats d'idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d'après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d'édition une véritable communauté de pensée.
Muriel Beyer
Directrice des Éditions de l'Observatoire
Il n'y a pas en France, de sujet plus polémique, plus passionnel que celui des impôts. Notre système du toujours plus de taxes a maintenant atteint ses limites. Notre porte-monnaie est mis à mal par les appétits sans fin d'un État qui a les poches percées, tandis que la cohésion du pays est menacée par les tensions opposant ceux qui paient, et ceux qui reçoivent. Mais, alors que tous les grands pays du monde n'ont de cesse, depuis près de dix ans, de diminuer les prélèvements et de réduire la dépense publique, la France, elle, persiste dans une voie contraire. Depuis l'arrivée au pouvoir de Jacques Chirac, qui fut pourtant le chantre zélé du fameux trop d'impôt tue l'impôt, la pression fiscale a été accrue à trois reprises. Les cadres et les indépendants sont maintenant imposés, sur la partie supérieure de leur revenu, jusqu'à 80 % et davantage ! Une surtaxation qui décourage l'effort, et incite à l'évasion fiscale, à la fraude et, même, à l'expatriation des créateurs de richesse. Quant aux plus démunis, un absurde système d'allocations les enferme dans une véritable trappe à pauvreté, en les décourageant de revenir dans le monde du travail. Le niveau atteint par les prélèvements menace donc notre économie, mais il remet aussi en cause les principes fondateurs d'une nation qui chérit, certes, l'égalité, mais aussi la liberté. La question de l'impôt est aujourd'hui celle du contrat social.
Il y a, en France, des mots qui fâchent. Libéralisme est de ceux-là. Diabolisé par les politiques et les intellectuels, le libéralisme n'est pourtant pas ce que croient nos concitoyens. Loin d'être une doctrine anglo-saxonne, il fut inventé en France, d'où il s'exporta depuis la Révolution française jusqu'au début du XXe siècle. Loin d'être une doctrine strictement économique, il s'enracine dans l'histoire des luttes contre la tyrannie et constitue, aujourd'hui encore, un rempart efficace contre les privilèges et contre la menace totalitaire. Loin d'être une doctrine anti-sociale, il contient la seule recette crédible pour résorber le chômage, et il assure cette mobilité sociale qui nous manque tant. Le modèle français fait eau de toutes parts, mais nous nous obstinons à le défendre et à regarder avec condescendance les succès de nos voisins qui, tous, ont adopté l'économie de marché au nom du bien-être collectif. Les bonnes âmes qui entretiennent ainsi notre aveuglement, trahissent à la fois la cause des plus faibles et, ce qui fut longtemps une tradition française avec laquelle nous pourrions renouer, le libéralisme social.