« Dans un néant sans limites et dans un temps infini, on ne saura jamais pourquoi, lecteur, tu es en train d'exister, ni pourquoi, à cet instant même, tu tiens ce livre entre tes mains, à cet endroit précis de l'univers. Dans cette énigme, il y a de quoi cultiver notre curiosité jusqu'à la rendre insatiable, ce que je souhaite à tous. Je crois en effet que puiser sans cesse dans la rivière inépuisable du savoir, ne jamais cesser de cheminer pour faire reculer l'horizon de l'ignorance, c'est cela, réussir sa vie. La philosophie d'un monde sans Dieu incite à rebâtir entièrement sa propre vie, puisque personne d'autre ne s'en charge. » Philippe Val
« Quand il m'a confié la tâche de rédiger son histoire, Philippe m'a dit : "Je voudrais, qu'à la fin, je puisse savoir ce que je garde du siècle passé pour le léguer sans rougir - ou sans frémir - à l'innocence de mon fils." Tâche délicate... Quelle autre époque française a produit autant de grands esprits qui se sont contentés de prodiguer les leçons d'une morale fondée sur le mépris de l'innocence ?
En suivant ton père pas à pas, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à nos jours, j'ai décidé d'écrire ce livre à ton usage pour que sa conclusion prenne la forme d'une évidence qui ne soit pas très éloignée d'un effet comique. Tu sais que son premier métier, et sans doute le seul qu'il exerçât jamais, consistait à divertir les honnêtes gens.
À mesure que je croisais les destins des acteurs de premier plan et des anonymes - du petit commerce, du monde ouvrier, du music-hall, du journalisme ou de la politique - qui ont jalonné la vie de ton père, c'est la fresque tragi-comique du siècle qui apparaissait. C'est ce que nous désirions t'offrir.
C'était éprouvant, mais on a beaucoup ri. Vraiment beaucoup. Dès le commencement. Bien sûr, au début, c'était les choses bêtes et laides qui nous amusaient. Puis on s'est aperçu que les choses intelligentes et belles faisaient encore plus rire, mais d'un rire différent. Un rire avec la gorge un peu serrée, comme il arrive toujours lorsque souffle le courant d'air furtif de la grâce, laquelle est l'expression ultime de la liberté que ton père désire te laisser en héritage. »
"Bob Volta est une rock-star adulée des foules mais profondément perturbée, entre autres d'avoir amassé une fortune colossale en chantant son amour des pauvres. Micky Marlaud, journaliste mélancolique le jour, musicien joyeux la nuit, coule une bohème tranquille jusqu'au jour où Bob, un ami de jeunesse, lui demande de l'accompagner dans la Yougoslavie en guerre pour une tournée de concerts de réconciliation, censés réunir Serbes, Croates et Bosniaques.
Bien que pas dupe de l'absurdité du projet, sans trop savoir pourquoi, Micky Marlaud accepte, sans doute par curiosité de voir la guerre en face afin d'avoir quelque chose à raconter plus tard. Flanqués d'un étrange gourou pacifiste et d'une bande de pieds nickelés persuadés que leur musique ramènera la paix, ils s'embarquent pour un road-trip comico-tragique, dont ils ignorent tout du véritable but.
Micky Marlaud nous fait traverser les Balkans ravagés par une guerre civile qui, à l'époque, a divisé en deux camps irréconciliables le monde politico-intellectuel français. Vingt-cinq ans plus tard, Micky Marlaud a le blues et constate que si la paix est revenue dans les Balkans, en France, la bataille idéologique continue à faire rage. "
"L'Europe, cette civilisation née il y a près de trois mille ans sur un petit cap du continent asiatique, a survécu à tout : la fin des Empires grec et romain, les invasions barbares, les guerres de religions, le fascisme et le communisme. Elle est parfois vacillante, parfois malade, mais toujours vivante, puissante et actrice majeure des destinées de la planète. La civilisation européenne n'est pas construite sur une fiction, théologique, ou idéologique, mais sur une éthique. Ainsi cette civilisation survit-elle aux autres, comme la réalité survit aux rêves ou aux cauchemars. Pour ceux dont les yeux voient et dont les oreilles entendent, la crise du coronavirus a réveillé une évidence : demain, nous serons tous des citoyens européens. Ce sera une grande joie, un désir qui s'accomplit enfin. Celui de tenir une promesse qui engageait la mémoire des morts innombrables et les vies à venir.
Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l'État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s'appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d'autres, sur lesquelles il faudra se pencher.
Les Éditions de l'Observatoire, depuis leur création, ont l'ambition d'anticiper et de créer les débats d'idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d'après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d'édition une véritable communauté de pensée.
Muriel Beyer
Directrice des Éditions de l'Observatoire"