Les croyances, les catégories de jugement et les manières de penser le monde et l'humain qui ont fondé et inspiré les sociétés thermo-industrielles se sont effondrées. Nous sommes pris sous les décombres de cet effondrement. Comme en attestent nos malheurs actuels, - pandémie, crise climatique, crises sociale et psychique -, symptôme de notre impréparation culturelle, sociale et civilisationnelle.
Notre sol s'est dérobé, nos fondations s'effondrent, comment alors penser l'avenir ?
Dans nos sociétés de contrôle, l'information est devenue le moyen de surveiller, de normaliser et de donner des ordres aux populations, au point que les individus se trouvent réduits à n'être que les supports de ces informations. Pour sortir de ces fabriques de servitude qui mettent en esclavage les individus et les populations au nom de l'efficacité technique, du bonheur apporté par les algorithmes et de la mondialisation marchande, il nous faut de nouvelles utopies, de nouvelles croyances capables de convertir profondément nos habitus et nos habitudes.
Au moment de sa déclaration de candidat à l'investiture à l'élection présidentielle, François Hollande s'est présenté sous la bannière de la "normalité" pour renouveler la démocratie en France. Mais une démocratie ou une société doit-elle être normale ? L'ouvrage analyse les relations ambiguës et paradoxales que la démocratie entretient avec la norme et les processus de normalisation sociale et culturelle pour comprendre l'incroyable état de résignation du politique aujourd'hui. Résignation dont l'illustration la plus éloquente est la confiscation de la pensée critique au moyen des procédures de l'évaluation et l'emprise de la "religion du marché" au coeur de nos sociétés - et qui, en prédisposant à la dépression, fait le lit d'une société totalitaire. Par l'un de nos psychanalystes les plus importants, initiateur du fameux Appel des Appels et auteur de nombreux livres, un essai qui nous exhorte à prendre conscience du nouveau malaise de notre civilisation pour mieux le dépasser.
Un livre remarquable et essentiel pour comprendre pourquoi depuis plus d'un siècle, le monde occidental, fondé sur les valeurs du libéralisme, va de crise en crise !
Dans le clair-obscur des crises politiques naissent les monstres. Les meurtres de masse de DAESH nous aveuglent sur leur signification politique. Ils naissent du vide culturel d'un monde politique sans esprit, d'un monde où les techniques sont devenues folles, d'un monde qui se nourrit des surenchères de la haine et du désespoir. Ils sont les rejetons d'un monde en décomposition culturelle.
Le terrorisme rationnel des machines et des algorithmes, la marchandisation de la culture, du soin et de l'éducation, tendent à priver les citoyens et les peuples de leurs passés comme de leurs avenirs. Grandes sont alors les tentations de renouer avec les racismes et les populismes nationaux, tribaux ou religieux. Faute d'avoir l'audace de se reconnaître comme Peuples, les populations se laissent, parfois, séduire par les tribuns du désespoir et de la haine. Ce sont les « soupirs » des créatures opprimées d'un monde nihiliste.
Le politique est en panne, il est en panne d'imagination autant que de courage. Il a pris le teint gris et résigné des marchés auxquels il s'est asservi. Dans ce monde de papier où règnent les chiffres et les abstractions, rien ne vit, rien de désire, sauf les passions tristes de la haine et de l'oppression. Les fascismes émergent de ces idéologies meurtrières et exténuées. Ils la barbouillent aux sombres couleurs d'un autre âge, la rythme aux chants des morts qui recouvrent les sirènes, toujours incertaines et imprévisibles, de l'amour et de la création.
Pourtant, jamais autant qu'aujourd'hui, face à la prolétarisation généralisée de l'existence les peuples ne se sont montrés affamés de nouvelles forces symboliques, de nouvelles fictions, pour vivre, désirer et rêver ensemble. Un message d'espoir parcourt l'ouvrage, au coeur de cette hégémonie culturelle désastreuse, et des crimes de masse qu'elle favorise, l'attente d'un nouveau pacte d'humanité s'exprime. Il exige d'abord et avant tout, de réconcilier la politique et la culture, de sortir du « siècle de la peur », de renouer avec l'expérience sensible, d'empêcher ensemble que le monde se défasse, de « donner une forme à son destin ».
C'est à la politique, guidée par le souffle de l'art, de se saisir de ce désir d'émancipation, sans trop tarder, pour éviter la tragédie qui s'annonce.
Cet ouvrage démontre magistralement combien notre société est vampirisée par les chiffres, la norme et l'obsession de la performance. Relations sociales, économie, santé mentale, jamais nous nous sommes autant affranchis de l'humain - cette aptitude à accepter et sublimer sa vulnérabilité -, du psychisme, du respect de soi et des autres. Un essai remarquable qui déconstruit notre monde et pose la question de l'urgence de retrouver le sens du récit, c'est-à-dire notre capacité à penser et imaginer, hors de la soumission à l'ordre dominant de la technique et de la marchandise. Par l'auteur de De quoi la psychanalyse est-elle le nom ? (Denoël) et initiateur de L'Appel des appels (Mille et une nuits).
La promesse de bonheur faite aux peuples et aux individus ne constitue-t-elle pas à l'instar des religions et des idéologies un opium qui les prive de leur liberté ? En les berçant avec la vieille chanson de l'abondance et du bien être, le pouvoir démocratique aujourd'hui contraint les sujets politiques à abandonner leurs libertés publiques et privées au profit de l'automatisme des procédures et des techniques. Les nouvelles technologies ont largement contribué à installer ce système technicien qui récuse la démocratie, et favorise la marchandisation du vivant. Ces transformations sociales et culturelles ont considérablement accru les effets de violence de la quantification et de la marchandisation qui accompagnent la financiarisation du monde. Le déclin de la responsabilité, professionnelle autant que citoyenne, sont les conséquences de ce processus culturel qui, en nourrissant les illusions de la sécurité et en conjurant le risque, récolte les fruits de la dépendance et de l'aliénation. Il est grand temps de retrouver la liberté de désirer.
Nous vivons un moment politique complètement inédit dont l'élection de Macron est à la fois le symbole et l'accélérateur.
Une verticalité renforcée du pouvoir qui défie tous les corps intermédiaires ou les institutions et une horizontalité accrue de la société par les forces conjuguées du libéralisme économique, fondées exclusivement sur l'efficacité et la rentabilité, et du numérique. Cette disjonction est-elle tenable ?... Voici une remarquable analyse du temps présent de Roland Gori qui en démontre toutes les contradictions et les périls.