Verdi est un compositeur pour notre temps. Mystérieusement, il porte, comme son oeuvre, des traits qui caractérisent notre époque. Traits non seulement esthétiques, mais aussi moraux et, en un sens, politiques. Verdi, au long de ses opéras, parle des humiliés, des offensés, des mal-lotis ; il donne voix à ce que l'humiliation sociale suscite : la colère, la peur, et donc le désir de vengeance, l'instinct de sacrifice, le goût idéaliste des causes perdues, l'avidité du pouvoir. Aucun autre compositeur d'opéra n'a fait entendre de façon aussi puissante les élans profonds des âmes blessées, pour la simple raison que Verdi les a ressentis dans sa chair, en a fait l'épreuve dans sa vie d'homme.Ainsi ses opéras continuent-ils, aujourd'hui encore, de déchirer le voile des conventions et des accommodements faciles, alors que nous vivons toujours sous l'empire de ces conventions, des préjugés, des apparences. Verdi fut un homme en colère, un anticonformiste poussant parfois jusqu'à la cruauté l'expression de ses indignations ou de sa rage face à certaines situations. C'est cette insoumission foncière face aux injonctions de la mode, de la censure et des convenances, qui donne à son oeuvre la puissance qui lui a permis de traverser le temps et de rencontrer aujourd'hui encore nos rêves et nos révoltes. Sylvain Fort livre ici de cet insurgé un portrait qui n'est pas sans échos avec l'état de nos sociétés contemporaines.
Pendant plus de dix ans, Sylvain Fort a assuré sur Forumopera.com une garde dont personne ne voulait : celle d'embaumeur. Quand un chanteur d'opéra venait à s'éteindre et qu'il avait été cher à son coeur, c'est dans l'énergie de l'émotion qu'il lui rendait hommage. Dans les rédactions, pourtant, la terrible logique des « viandes froides » veut qu'on ait pour chaque artiste prêt à rejoindre son créateur un bel obituaire tout encarté de pourpre. Ces hommages, composés alors que la victime bat encore le pavé, rappellent les albums de Noël opportunément enregistrés au mois de juillet. C'est au contraire dans l'immédiat silence de la disparition que Sylvain Fort composa le catafalque de ceux qu'il admira depuis sa plus tendre jeunesse. Ainsi, « In Memoriam », n'est pas un recueil d'hommages raisonnés, c'est le témoignage d'un mélomane épouvanté de voir glisser ses idoles dans un silence définitif.
« La France a perdu une bataille, mais elle n'a pas perdu la guerre » : cette formule que le général de Gaulle fit placarder sur les murs de Londres à l'été 1940 résume pour nous, Français, l'esprit de résistance. Lorsque tout est perdu, il reste l'espérance. Lorsque l'espérance demeure, le combat reste possible.À partir de l'été 2020, il était prévu de commémorer les appels du général de Gaulle à la résistance et au combat pour en retrouver l'élan. Nul n'avait prévu que quatre-vingts ans plus tard presque jour pour jour, ces actes de mémoire seraient obscurcis par un autre combat : celui que nous menons, à l'instar de toutes les nations, contre la pandémie.L'usage par le président de la République française de la métaphore guerrière pour décrire ce combat a été contesté. Destinée à frapper les esprits (ce qu'elle fit), cette métaphore sembla ensuite exagérée. La mobilisation de ressources techniques, scientifiques, humaines, morales et patriotiques qu'exige la lutte contre le coronavirus ressemble pourtant aux moyens que requiert une guerre. Le consentement du peuple français à la suspension de libertés fondamentales, l'intensité des efforts des soignants, leur corps-à-corps quotidien avec la mort dessinent des conditions point éloignées de l'état de guerre. Aucun soldat du reste ne songerait à placer le courage et le dévouement des soignants dans la course de vitesse contre la maladie en deçà des vertus démontrées par les militaires sur les théâtres d'opération.Sans doute la métaphore présidentielle n'allait-elle pas jusqu'à faire référence à un autre état de guerre qu'avait connu notre pays : celui de juin 1940. Alors comme maintenant, l'effondrement des capacités opposées à l'ennemi fut rapide, brutal et sidérant. Il a suffi de quelques jours à la France de 1940 pour constater qu'elle s'était fourvoyée depuis des années dans ses anticipations stratégiques et n'avait pas installé un dispositif à la hauteur de la menace.De même, en 2020, l'épidémie a frappé une France qui se croyait prête mais qui ne l'était pas. Pour des raisons qui restent à déterminer, nous avons confié la santé publique aux épigones du général Gamelin. Surpris de ne pouvoir s'appuyer sur un appareil administratif qu'il croyait paré, le gouvernement français a chancelé, comme le randonneur qui n'aperçoit pas le trou sous la couche de feuillage faisant paraître ferme le chemin.Le gouvernement dut construire en temps de crise l'arsenal qu'il est de bonne gouvernance de préparer par temps calme. Le pays dut se résigner à accepter de la part de son système de santé publique ce que jamais il n'aurait accepté de ses armées.Alors oui, nous avons perdu une bataille. Nos lignes ont été transpercées. Il a fallu déclencher un niveau d'alerte sans précédent.La ressemblance va plus loin encore.
Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l'État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s'appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d'autres, sur lesquelles il faudra se pencher.Les Éditions de l'Observatoire, depuis leur création, ont l'ambition d'anticiper et de créer les débats d'idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d'après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d'édition une véritable communauté de pensée.
Muriel Beyer
Directrice des Éditions de l'Observatoire
Trois histoires, trois univers, et trois princesses qui ont de l'énergie à revendre !
- Clara et les monstres collants
La princesse Clara n'a pas de chance. Aujourd'hui, en se promenant dans sa belle robe à froufrous, trois monstres tombent amoureux d'elle ! Clara fait tout pour leur échapper, elle en a ras les couettes ! Heureusement, lorsqu'elle se tache avec des spaghettis, un de ses soupirants s'en va en courant, et lorsqu'elle fait du foot, un autre s'enfuit également... Les monstres ont décidément découvert une princesse pas comme les autres !
Écrit par Sylvain Zorzin et illustré par Jess Pauwels
- L'anniversaire de la princesse
Aujourd'hui Thibaut est heureux ! Il va retrouver son amie d'enfance, la princesse Emma, pour sa grande fête d'anniversaire. Or, parmi tous les merveilleux cadeaux qu'offrent les invités, Thibaut n'a qu'un simple dessin à donner, lui, prince rêveur d'un royaume délabré. Comment va réagir Emma ?
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Y en a marre ! Parce qu'elle a les cheveux courts, tous les camarades de Tililou lui répètent qu'elle est un garçon. Même lorsqu'elle joue le rôle de la servante dans la pièce de théâtre de la classe, on se montre méchant avec elle. Et voilà qu'Olivia, la fille qui jouait la princesse, tombe malade la veille du spectacle. Tililou voudrait la remplacer, mais osera-t-elle lever la main pour le demander ?
Écrit par Sophie Forte et illustré par Yves Calarnou
Le numéro de mars de 24 images s'intéresse au genre du western et à ses histoires parallèles. Genre dont la mort a été annoncée aussi souvent que celle du cinéma dans son ensemble, le western, même si son âge d'or est terminé, n'a pas dit son dernier mot et ses thèmes, qui ont fortement imprégné l'imaginaire occidental, continuent de résonner dans la culture populaire, les projets de films et de séries à travers les nombreux emprunts au genre qu'on y retrouve. La revue opte pour une série de gros plans sur des aspects plus inusités ou en apparence marginaux du genre «afin de privilégier les découvertes et de réfléchir sur la nature autocritique et polymorphe » du western, que ce soit du côté des cinéastes américains, québécois, italiens, russes ou japonais. (Bruno Dequen) 24 images vous propose en ce sens une liste de 101 westerns à découvrir ou redécouvrir.