«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas "être à sa place". Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
Après L'Homme nu, la nouvelle enquête de Marc Dugain et Christophe Labbé sur nos comportements de demain. Ces dernières années ont bouleversé nos vies quotidiennes. Ce bouleversement, qui profite formidablement aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), sera durable?: autant l'analyser et le comprendre le mieux possible. C'est le pari de Marc Dugain et de Christophe Labbé dans ce nouveau livre, qui se concentre sur ce virage de civilisation pour mieux dessiner la société du futur. Une société où tout sera fait pour éviter les contacts?; où chacun, faute de se confronter véritablement à l'altérité, risque de s'enfoncer dans une solitude délirante, au beau milieu du métavers... Télétravail, objets connectés, voitures autonomes, applications de rencontres, paiement sans contact, données personnelles livrées à qui accepte de payer ces data?: quel sera l'impact de cette numérisation massive de nos activités quotidiennes?? À mi-?chemin entre journalisme et narration littéraire, Marc Dugain et Christophe Labbé portent leur regard sur l'avancée inexorable de ces phénomènes, au point que les politiques se dispensent bien de les évoquer dans leurs programmes. Est-il vraiment trop tard?? Resterons-nous humains si plus rien ne nous touche??
A l'occasion du XXe congrès du Parti communiste chinois à l'automne 2022, C. Ockrent livre une enquête sur la situation des oligarques de Chine, qui se sont enrichis en édifiant des empires dans les secteurs de la technologie et de l'immobilier notamment, face à la réélection probable de Xi Jinping. Elle montre comment l'homme fort du régime n'hésite pas à mettre au ban de la société les gêneurs.
Qui suis-je vraiment ? À quel point suis-je le résultat d'une culture, d'une descendance, d'une couleur de peau ou d'un genre ? Mes choix de vie sont-ils issus de ma volonté propre ou n'obéissent-ils qu'à des conventions sociales, familiales ? Comment ne pas brimer une partie de moi-même et vivre pleinement ce que je désire ? Tous ces questionnements ont trait à l'identité, devenue la valeur cardinale de notre modernité. À l'échelle politique, c'est ainsi que les communautarismes s'intensifient et que les revendications identitaires se crispent. À l'échelle individuelle, le développement personnel étend son marché et la narcissisation du « moi » s'épanche sur les réseaux. En faisant de l'identité une priorité, notre siècle s'égare. Philosophiquement, l'identité est un concept dont la validité reste incertaine. Politiquement, les dogmatismes identitaires s'exacerbent au point de déstabiliser l'universalisme républicain. Individuellement, l'identité nous fige dans des postures qui nous éloignent de nous-mêmes. Si l'identité est à questionner, quelque chose de cette notion semble toutefois ne pas pouvoir se laisser abandonner : le désir d'être soi-même. Alors, comment parvenir au sentiment de soi sans tomber dans le piège identitaire ? Tel est l'enjeu de ce livre.
Les auteurs s'interrogent sur la place de la liberté d'expression dans les sociétés occidentales contemporaines. Au-delà de dénoncer des injustices, la libération de la parole a également entraîné certaines dérives : propos haineux, harcèlement en ligne, fake news, entre autres. Selon eux, il est nécessaire de réapprendre à parler pour sauver l'humanité.
Dans son choix grec, la philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre ; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd'hui en retrait. De là que vivre soit laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme ; et que prospèrent le Développement Personnel et le marché du Bonheur vendant vivre comme du "tout positif". Or vivre est paradoxal, s'étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions : être en vie ; et l'aspiration de toutes nos aspirations : vivre enfin ! Nous sommes en vie, mais nous n'accédons pas pour autant à vivre. Car la vie d'elle-même rabat la vie. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie - ou que "la vraie vie est absente". Or, c'est à travers cette inanité même de "la vie" que nous pourrons voir transparaître à l'envers l'inouï de vivre débordant le déjà vécu et l'ouvrant à de l'"in-vécu", quitte à s'y heurter à de l'Invivable ; et, puisque vivre n'est, au fond, qu'ouvrir des possibles, nous pourrons alors rouvrir des possibles dans nos vies, au lieu de les laisser s'étioler. Car répéter qu'il faut "cueillir le jour", "profiter de la vie", n'a pas prise sur la vie. Traçons donc plutôt, pour nous y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre. Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son "matin", dégagé de ce qui l'enlisait, au fil des jours, et l'emmurait. Telle est la "transparence du matin", en amont de tous les enseignements de la morale.
F. J.
Aujourd'hui où l'on ne peut plus tracer de plan de la Cité idéale et où les lendemains «?ne chantent plus?», peut-on faire autre chose que défaire ce qui bloque l'état présent des choses pour y rouvrir des possibles ? Or, qu'est-ce qui bloque si ce n'est des coïncidences idéologiques installées et paralysant la société ? Ne pouvant les renverser (comment en aurait-on la force ?) et les dénoncer ne s'entendant pas, on ne peut que les fissurer?: localement, sur le terrain, chacun en ayant l'initiative là où il est. Mais ces dé-coïncidences se relient et se relaient, elles se répondent et peuvent s'associer. Une Association en est née. Car «?c'est quand même avec des fissures que commencent à s'effondrer les cavernes?». F. J.
Quand «?Dieu?» est érigé en maître à penser politique, c'est la femme qui, la première, courbe l'échine. Il suffit d'observer les fondamentalistes islamistes imposer le niqab, la burqa, le tchador ou le hijab, les juifs ultra-orthodoxes perruquer leur femme, ou encore les traditionalistes catholiques aller jusqu'au meurtre lors de raids anti-avortement, pour s'en convaincre. Bien sûr, ils sont les radicaux, les extrémistes, ils sont ceux pour qui la religion est le moyen d'installer un ordre social au sein duquel la femme se soumet, s'oublie et vit cachée, à l'ombre des hommes. Ce livre ne veut pas faire le procès de la croyance, il appar-tient à chacun de décider ce en quoi il veut placer sa confiance, cela relève de l'intime. Mais aucun texte sacré - ni la Torah, ni la Bible, ni le Coran - ne veut l'émancipation de la femme, aucun ne lui reconnaît les mêmes possibles qu'aux hommes. Seuls existent des croyants humanistes, conscients de ce que les écrits ont à enseigner, et de ce qu'il faut savoir laisser au bord du chemin de l'universalisme. Alors que l'obscurantisme intégriste gagne doucement du terrain, bien plus ancré dans les mentalités que ce que l'on croit, Tristane Banon dénonce les grands marionnettistes de droit divin et rappelle qu'il n'y a pas de féminisme envisageable sans l'irrespect des religions et une bonne part de laïcité.
Bureaucratie, droit à la paresse, conformisme, fin de la méritocratie... l'économiste Nicolas Bouzou dénonce le nivellement par le bas de notre société de « l'à-peu-près » et appelle à renouer avec le génie français. Pourquoi les salaires sont-ils si bas?? Pourquoi doit-on attendre plusieurs semaines pour consulter un médecin?? Pourquoi risque-t-on des coupures d'électricité?? Pourquoi ne pouvons-nous rentrer chez nous la nuit en toute sécurité?? Pourquoi les écoles de certains villages ferment-elles des classes?? Les Français veulent des réponses à leurs questionnements, bien légitimes dans un pays où la sphère publique est si développée et les prélèvements obligatoires si lourds. Exigeants, ils demandent le meilleur en matière de pouvoir d'achat, de santé, d'écologie, d'éducation, de sécurité. Pourtant, nous explique Nicolas Bouzou, notre pays ne se donne pas les moyens de cette excellence : nous sommes victimes du syndrome de « l'a-peu-près ». La France ne tombe pas mais elle se laisse aller. Des solutions existent ! Il est temps de retrouver la voie de la créativité, de l'investissement et de l'excellence, la seule qui soit conforme à l'idée que l'on devrait se faire du «?génie français?».
Quel nouvel ordre du monde cette guerre en Ukraine va-t-elle engendrer ? Sonne-t-elle le glas de l'hégémonie occidentale ou, au contraire, son raffermissement ? Quelle place pourront occuper, demain, les puissances émergentes ? Pour comprendre les événements tels qu'ils se sont déroulés depuis le 24 février 2022, comme pour préparer l'avenir, la seule lecture occidentale ne saurait suffire. La déflagration de la guerre a produit des secousses d'ampleurs différentes dans le monde. Conflit « entre Européens » pour certains, « choc civilisationnel total » pour d'autres, les perceptions sont partout différentes. C'est en les mettant côte à côte que nous obtiendrons la vision la plus nette des grands bouleversements en cours. C'est en les rassemblant que nous identifierons les nouveaux fondements qui émergent.
Les 22 experts en géopolitique qui ont été sollicités pour ce livre sont issus d'horizons variés et de régions du monde très différentes. De la Chine à l'Afrique, en passant par les pays du Golfe, l'Europe, les États-Unis et la Russie, leurs voix sont parfois opposées ou complémentaires, tantôt sévères ou encourageantes, mais toujours déterminées. Chacune ébauche de premières hypothèses. Toutes nous donnent à voir l'extraordinaire diversité des points de vue qui coexistent dans le monde d'aujourd'hui. Et la pluralité des possibles pour le monde de demain. La paix reste le plus partagé des horizons, mais à quel prix, et sous quelle forme ?
L'histoire des Etats-Unis, à travers des événements marquants tels que la guerre de Sécession, l'essor du capitalisme et le maccarthysme, mais aussi des mythes et des personnalités comme La Fayette, Roosevelt ou Kennedy.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie marque l'engagement d'une grande confrontation entre les empires autoritaires et les démocraties, prises elles-mêmes en étau entre les autocrates et les populistes. La guerre, ouverte ou hybride, effectue donc un retour en force. Et elle est là pour durer. Depuis l'effondrement du bloc soviétique, les citoyens des démocraties pensaient que leur sécurité et leur avenir étaient garantis. Les nations occidentales restaient persuadées de la supériorité universelle de leurs valeurs, de leurs institutions, de leurs technologies et de leurs armées. Immense erreur ! 1989, à l'égal de 1918, fut une paix manquée. Comme dans les années 1930, les nations libres n'ont pas voulu voir la dangerosité de leurs ennemis. Dès lors, les régimes autoritaires ont profité des faiblesses de l'Occident pour se renforcer militairement, politiquement et idéologiquement, de la Chine de Xi Jinping à la Russie de Vladimir Poutine. Ces empires partagent une même détestation de la liberté politique. Ils revendiquent la supériorité de leur modèle et entendent faire émerger par la force armée un ordre mondial post-occidental, fondé sur l'arbitraire et la violence. Mais rien n'est perdu. L'agression de l'Ukraine constitue une tragique mais salutaire mise en garde. Les démocraties conservent d'immenses ressources pour résister, à condition de surmonter leurs crises intérieures et de s'unir autour de la défense de leurs intérêts et de leurs valeurs. L'Occident doit reprendre conscience de son héritage et de son unité pour déjouer les menaces des empires autoritaires. L'heure n'est pas à la déploration, mais à la mobilisation pour sauver la liberté.
"Une petite gifle, ce n'est pas si grave", "Elle l'avait bien cherché", "Si elle reste avec lui, c'est qu'elle aime ça"... Dans son nouvel essai, Marlène Schiappa dénonce et démonte toutes les idées reçues sur les violences dans le couple. Depuis quelques années, le débat public semble enfin admettre l'ampleur des violences dans le couple, ces dernières ayant quitté les colonnes "Faits divers" pour être traitées dans la presse comme un fléau de société. Pourtant, les féminicides se suivent avec une régularité glaçante, et les avancées conquises de haute lutte sont remises en question à la moindre affaire. Chacun y va de son assertion navrante, de son idée reçue nuisible. "C'est un drame passionnel", "Elle avait une personnalité écrasante", "Personne ne se doutait qu'il la battait"... Pour décrypter, analyser et déconstruire ces idées reçues, et pour ouvrir les yeux de tous, Marlène Schiappa a mené un travail minutieux de recherche, fondé sur dix ans d'études officielles du ministère de l'Intérieur sur les "morts violentes au sein du couple", jamais à ce point mises en perspective.
Le mou dégoûte, effraie, agace. Indécis et inconstant, il nous renvoie à notre propre dégénérescence. De la pieuvre à la morve en passant par l'apathie du flemmard, il indispose. Mais cette mollesse tant décriée est également matière de transition, elle évoque la fluidité, le flottant et la douceur, le réconfort d'un beignet moelleux. Et le temps du relâchement et de la contemplation n'est-il pas celui de la pensée créatrice ? Le mou est souple, insaisissable... dissident ! Sa réhabilitation, pourtant, n'est pas évidente. Les philosophes mènent la vie dure au mou : ainsi Alexis de Tocqueville conspue-t-il la « mollesse des moeurs » de l'homme démocratique, abêti et conformiste, et la fin des émotions nobles et brillantes. Jean-Jacques Rousseau n'est pas tendre non plus, lui qui déplore que les enfants soient « amollis avant que de naître par la mollesse des pères et des mères, [d']un tempérament déjà gâté ». Aujourd'hui encore, l'adolescent avachi dans son canapé inspire impatience et crispation. De la léthargie politique à la mozzarella, de l'impuissance aux tentacules, du coup de mou au pouvoir du jogging, la philosophe Géraldine Mosna-Savoye cherche à redonner sens et valeur au mou.
Parce qu'il est depuis longtemps un intellectuel engagé, et parce qu'il a été candidat à la dernière élection présidentielle, Gaspard Koenig occupe une position unique pour analyser notre système politique actuel. Son récit de campagne très concret, souvent drôle, ouvre sur une critique radicale de nos institutions, qui font primer les personnes sur les idées. Si de nombreux auteurs, comme Aron, Mitterrand ou Revel, ont déjà dénoncé le présidentialisme de la Ve République, Gaspard Koenig s'attaque cette fois à un véritable tabou en remettant en question l'élection du président au suffrage universel. Contre la conception gaulliste de la souveraineté, il propose une autre vision de la société, plus décentralisée, et imagine à quoi pourrait ressembler la démocratie de demain.
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements.
Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La « vraie vie » n'est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l'a vantée la sagesse.
Elle n'est surtout pas dans les boniments du « Bonheur » et du développement personnel qui font aujourd'hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu'une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c'est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l'enjeu crucial - mais si souvent délaissé - de la philosophie.
Pédopornographie, bébés secoués, viols et agressions sexuelles, enlèvements d'enfants, prostitution?:?1?200 dossiers sont traités chaque année par la Brigade des mineurs de Marseille, terrifiante vitrine d'une société de plus en plus à la dérive. Claude Ardid a passé deux mois en immersion totale dans cette unité de police si spéciale, au côté de femmes et d'hommes hors du commun dont la mission est de sauver, souvent dans une véritable course contre la montre, toutes ces jeunes victimes de violences. Il a suivi jour et nuit les cinq groupes en charge des maltraitances et des comportements incestueux, des dossiers de moeurs et de disparitions inquiétantes, ou encore de la surveillance Internet. Un travail acharné de gardes à vue, d'auditions et d'interventions sur le terrain, mené en collaboration avec des juges et des magistrats tout aussi dévoués à la cause des victimes. Cette enquête inédite met en évidence une terrible réalité?: il y a toujours plus d'enfants esquintés, de familles disloquées, de jeunes obligés de se vendre. Sans compter un manque cruel de moyens pour la police et la justice. Mais ce livre met aussi en lumière l'investissement, l'abnégation, le sens du devoir uniques de ces fonctionnaires - la majorité sont des femmes - dont la mission, souvent une vocation, est aujourd'hui plus qu'essentielle.
Alors que notre espérance de vie augmente, que signifie vraiment être présent pour nos parents ? Dans des pages d'une rare humanité, le docteur Hélène Rossinot répond à toutes les interrogations que se posent les familles confrontées au temps qui passe. Elle les guide dans leur cheminement personnel comme dans leurs questions pratiques. Comment se préparer et anticiper le vieillissement de nos parents, gérer l'évolution de nos relations, de nos émotions, mais également les modifications de notre quotidien ? Comment porter cet engagement envers eux, en fonction de nos forces, de nos faiblesses, de nos craintes, de notre propre histoire ? Doit-on les accompagner chez le médecin, ou encore à la banque ? Faut-il avoir peur des maisons de retraite ? Et comment aider au mieux ceux qu'on aime, quand surviennent la dépendance, la maladie ?
Un livre indispensable, déculpabilisant, rassurant et complet, où chacun puisera ce dont il a besoin.
Quelles sont les origines intellectuelles de ce mythe politique qui fait le bonheur des nouvelles droites nationalistes?? Depuis son irruption dans le langage politique français au début des années 2010, «?le Grand Remplacement?», présenté comme l'objet d'un constat ou comme une théorie, traduit avant tout une grande peur idéologisée qui est apparue au cours de la seconde moitié du xixe siècle sous la plume de divers auteurs?: la peur de la fin d'un monde. Le thème du déclin de l'Occident est ainsi revenu à l'ordre du jour. Telle est la thèse de ce nouveau livre de Pierre-André Taguieff, archéologie passionnante d'une vision mythique des causes de nos malheurs. Si la croyance au «?Grand Remplacement?» est devenue populaire, c'est parce qu'elle n'a cessé d'être alimentée par les réels problèmes d'intégration posés par une immigration d'origine non européenne, ainsi que par la peur légitime du terrorisme djihadiste. Le déni persistant du malaise global qui en résulte ne fait que provoquer une radicalisation des révoltes contre le «?Système?». Las?! On ne répond pas sérieusement à un mythe aussi mobilisateur par une utopie comme celle de la «?créolisation du monde?», avancée par les nouveaux idéologues gauchistes. Pierre-André Taguieff rappelle qu'il s'agit de chercher des solutions aux vrais problèmes, en se tenant à égale distance de l'angélisme aveugle des adeptes du «?politiquement correct?» et du catastrophisme des nationalistes exaltés, qui dénoncent à grands cris l'«?immigration-invasion?».
"Votre avis nous intéresse !" Qui n'a pas reçu ce message après avoir réservé en ligne un hôtel ou un restaurant, acheté un vêtement ou un livre, pris rendez-vous avec un plombier ou un médecin ? Dans l'ère de la notation qui est aujourd'hui la nôtre, on nous propose de tout évaluer, tout le monde, tout le temps. L'obsession de la note régit notre quotidien, à coup d'étoiles, de likes, de classements. Utiles, ces avis ? C'est indéniable. Pour autant, leur démocratisation bouleverse nos rapports humains comme nos habitudes de vie. Évaluer son prof ou son médecin ? C'est désormais possible. Ses propres performances sexuelles ? Des applications ont été créées pour. Donner de mauvaises appréciations en ligne à un concurrent ? C'est devenu un métier... Dans ce jeu permanent du jugement, l'autre devient une menace, soi-même un étranger et les valeurs morales s'effacent au profit de métriques techniques. Face à une telle situation, il faut reprendre le contrôle. La tâche n'a rien d'insurmontable. À condition, nous dit Pierre Bentata, de regarder en face ce qui nous pousse à tout noter. Car noter, c'est juger, et juger, c'est bien souvent haïr la réalité. Il est donc temps d'accepter le monde tel qu'il est et de dompter notre ressentiment pour retrouver un peu de sérénité et de bon sens.
Vous êtes las d'entendre parler à tout-va d'identités, de diversités, de minorités ? Leurs sommations, leurs bûchers, leurs revanches victimaires vous impatientent ? Ce livre est pour vous. Il ne s'agit pas ici de dresser un nouvel état des lieux des avancées du wokisme, prête-nom des idéologies diversitaires, en France. Ces ouvrages existent. Ils sont nécessaires et précieux. Mais à quoi bon, objecte Bérénice Levet, multiplier les enquêtes, alerter sur l'extension du domaine des revendications identitaires, si nous n'avons rien de substantiel à leur opposer ? Réalité cruelle peut-être, mais criante : ânonner le catéchisme républicain ou faire tintinnabuler la clochette de l'identité nationale, ces voies empruntées jusqu'ici se sont révélées bien impuissantes à endiguer la déferlante wokiste. La philosophe se propose donc de prendre à bras-le-corps le défi qui nous est lancé. Pourquoi (et au nom de quoi) devons-nous refuser d'entrer dans Eschyle ou Colette comme dans Gauguin ou Balthus, Rameau ou Bizet, par le prisme féministe, lgbtiste ou racialiste ? Pourquoi devons-nous refuser de déboulonner les statues de Voltaire ou de Colbert comme de les escorter de cartels dits pédagogiques ? En quoi les black, gender, cultural studies sont une régression et non une avancée ? Une perte et non un gain ? Haut les coeurs !, nous enjoint Bérénice Levet. Si, de tous les pays attaqués par le wokisme, il ne devait en rester qu'un, que la France soit celui-là. Ayons le courage de la dissidence civilisationnelle !
Si le féminisme s'est constitué en mouvement politique au XIXe siècle en Europe, des idées féministes, implicites ou explicites, se sont exprimées depuis l'Antiquité et dans le monde entier, contredisant les moeurs et le discours misogyne dominants.
Pourquoi, comment et où de telles idées apparaissent-elles ? Font-elles véritablement Histoire, dans un processus de développement cumulatif ? Ou sont-elles seulement des bouffées aléatoires, sans synthèse ni somme ? Le féminisme politique en est-il l'aboutissement historique ?
Alternant portraits, récits et analyses, Séverine Auffret retrace l'évolution des idées féministes depuis leurs premières manifestations jusqu'aux problématiques les plus contemporaines dans une somme inédite et vivante où l'on croise les Amazones, Simone de Beauvoir, Sapphô ou Diderot, et qui nous transporte de l'Égypte ancienne jusqu'en Amérique précolombienne.
Et s'il était temps de cesser de vouloir avoir raison et d'apprendre à avoir tort ?
Notre époque est celle du scandale généralisé. Du matin au soir, du bureau au bistrot et des vacances aux dîners de famille, il n'est de circonstance qui ne nous fournisse pas l'occasion de nous indigner. Tantôt le scandale est politique, tantôt il est économique ; tantôt il est moral, tantôt il est religieux ; tantôt écologique, tantôt esthétique. Tous les domaines de la vie semblent désormais être affectés par des imperfections, des bêtises, des horreurs suscitant notre rage plus ou moins vertueuse.
Que signifie un tel réflexe d'indignation ? Que dit-il de nous - et, surtout, de la manière dont nous pensons ? Pour le philosophe Laurent de Sutter, ce que l'indignation incarne n'est peut-être rien d'autre que l'impasse de ce qui pourtant la nourrit : notre obsession pour la raison. L'âge du scandale est l'âge du triomphe de la raison. Si l'on veut en finir avec le premier, il faut donc se demander comment on peut parvenir à se débarrasser de la seconde !
"Depuis longtemps, je voue mon attention à tout ce qui regarde les mots. Ceux que l'on dit, que l'on entend, que l'on répète, ceux qui courent librement, parfois étonnants parfois nouveaux, parfois tout simplement impropres, parfois chargés de non-dits, de connotations. Stigmatiser, patriarcat, genre, complotisme... Les mots pensent pour nous. Telle est leur besogne. Et c'est pourquoi il importe, je crois, de savoir d'où proviennent ceux que nous acceptons en ce moment d'entendre, de lire, d'employer ; ils ont une histoire. Qui parle les yeux fermés, ou écoute sans examiner, se voue à la confusion inaperçue, au mensonge pas même calculé, à l'illusion entretenue, au congédiement du réel. Et à des acquiescements peut-être plus risqués qu'on ne le croit d'abord."
F. T.