« C'est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant, que l'homme. Il est malaisé d'y fonder jugement constant et uniforme. » Vers 1572, Michel de Montaigne se lance dans la rédaction d'une oeuvre magistrale, Les Essais, dans le « dessein farouche » de se connaître vraiment - qui se serait, à l'en croire, emparé de lui après la mort de son ami La Boétie. Magistrat bordelais aisé, ayant acquis l'oreille des grands et devenu gentilhomme de la Chambre du roi, Montaigne y décrit « un homme particulier », lui-même, et à travers l'analyse de ses propres réactions et sentiments, donne à entendre ce qu'est l'homme en général. Au coeur de cette période au plus haut point troublée que sont les guerres de Religion, il montre la faiblesse de la raison humaine et plébiscite une sagesse prudente, faite de distance critique et de tolérance. Dans un style « à sauts et à gambades », Montaigne invente ainsi l'oeuvre d'introspection, l'exploration du psychisme et de la condition humaine. À travers quelque 330 entrées thématiques, attendues ou surprenantes, Michel Magnien, l'un des grands spécialistes français de Montaigne, facilite l'accès à ces pages réputées difficiles, mais tellement saisissantes de modernité. Il fait découvrir ou redécouvrir ce texte essentiel qui a nourri la réflexion des plus grands auteurs en France et en Europe, de Shakespeare à Pascal et Descartes, de Nietzsche et Proust à Heidegger.
Comment se « développer » quand on est sans cesse « enveloppé » par des coachs ? Comment le développement serait-il « personnel » quand guides et manuels s'adressent à chacun comme à tout autre ? La philosophe Julia de Funès fustige avec délectation les impostures d'une certaine psychologie positive.
« L'authenticité en 5 leçons », « La confiance en soi : mode d'emploi », « Les 10 recettes du bonheur »... Les librairies sont envahies d'ouvrages qui n'en finissent pas d'exalter l'empire de l'épanouissement personnel. Les coachs, nouveaux vigiles du bien-être, promettent eux aussi sérénité, réussite et joie. À les écouter, il n'y aurait plus de « malaise dans la civilisation », mais une osmose radieuse. Nous voici propulsés dans la « pensée positive » qui positive plus qu'elle ne pense ! C'est le non-esprit du temps.
Pourquoi le développement personnel, nouvel opium du peuple, rencontre-t-il un tel engouement ? Sur quels ressorts psychologiques et philosophiques prend-il appui ? L'accomplissement de soi ne serait-il pas à rechercher ailleurs que dans ces (im)postures intellectuelles et comportementales ?
Pour lutter contre la niaiserie facile et démagogique des charlatans du « moi », Julia de Funès propose quelques pépites de grands penseurs. Si la philosophie, âgée de 3 000 ans, est toujours là, c'est qu'en cultivant le point d'interrogation, elle développe l'intelligence de l'homme, fait voler en éclats les clichés et les lourdeurs du balisé, et permet à chacun de mieux affirmer sa pensée et vivre sa liberté. L'esprit n'est jamais mort, la réflexion ne rend pas les armes, une libération est toujours possible !
«?La fin du monde soviétique ne change rien à la demande démocratique d'une autre société, et pour cette raison même, il y a fort à parier que cette vaste faillite continuera à jouir dans l'opinion du monde de circonstances atténuantes, et connaîtra même un renouveau d'admiration.?» La conclusion du Passé d'une illusion (1995), livre dans lequel François Furet revenait sur ses jeunes années communistes, frappe aujourd'hui par la lucidité de son auteur sur l'avenir de la démocratie?: celle-ci devra faire face, constamment, à de nouvelles radicalités désireuses de la renverser, autant à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite. Spécialiste de la Révolution française, historien-journaliste dont les articles dans Le Nouvel Observateur, Le Débat ou encore Commentaire ont fait date, François Furet a décrypté mieux que personne les bouleversements qui ont marqué l'histoire récente. Ses prédictions sur les conséquences de la fin du monde soviétique, ses mises en garde contre l'apparition du «?politiquement correct?» aux États-Unis, mais aussi ses écrits passionnés sur Tocqueville ou Marx révèlent un esprit libre, aussi rigoureux que drôle, loin de tout snobisme et de tout parisianisme mondain. Vingt-cinq ans après sa mort, l'oeuvre de François Furet, traduite dans le monde entier, continue de résonner dans notre société, et permet d'en comprendre les origines historiques et les divisions politiques. Un regard nécessaire pour repenser l'expérience de la démocratie libérale et se préserver de l'illusoire idée de la table rase.
« On est tous des additionnés », affirmait Romain Gary dans Pseudo. Rachel Khan ne le sait que trop bien. Noire, gambienne, d'origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère, elle est fière de se dire « racée ». Mais comment vivre cet excès de « races » à l'heure des replis identitaires où seule la radicalité importe ? Comment se positionner avec ce « pedigree » alors que l'injonction est de choisir un camp ? À travers une série de mots, notions et expressions « politiquement correctes », Rachel Khan pose un regard tant critique que malicieux sur notre époque idéologisée qui interdit toutes formes de nuances. Elle condamne les « mots qui séparent » ? souchien, racisé, afro-descendant, intersectionnalité, minorité... : présentés comme des outils indispensables pour combattre le racisme, ils enfoncent en fait le couteau dans les plaies qu'ils prétendent cicatriser. Puis les « mots qui ne vont nulle part » : vivre-ensemble, diversité, mixité et non-mixité, etc., qui appauvrissent le langage et, dans une « bienveillance inclusive », alimentent la haine et les silences. Mais elle défend avec force les « mots qui réparent » ? intimité, création, désir ? qui, eux, rétablissent le dialogue, favorisent la pensée non unique et unissent notre société, gangrénée par les crispations identitaires et les oppositions stériles entre les genres.
« Les raisons de protéger la nature sont irrésistibles. De combien d'avertissements avons-nous besoin ? De combien de preuves et de statistiques, de combien de morts, de combien de beauté disparue ? » alertait Romain Gary en 1974. Pionnier de l'écologie dès son deuxième grand roman (Les Racines du ciel, 1956), l'écrivain s'est toujours comporté en fervent défenseur de l'environnement et, plus généralement, de tous les êtres vivants, dont l'espèce humaine est à ses yeux inséparable. La vie et l'oeuvre de Romain Gary multiplient ce genre de positions avant-gardistes. Le romancier aux deux prix Goncourt, qui avait été aviateur puis diplomate, et portait sur le monde et l'Histoire un regard clairvoyant, a élaboré dans ses écrits une véritable pensée, riche, fertile, à rebours de toutes les modes et des conformismes. Une pensée humaniste, héritière des Lumières, encline à faire parler et à défendre les plus faibles, qui peuplent tous ses romans, avec une compassion dont l'arme la plus sûre est souvent l'humour (ce rire qui va « plus loin que la haine »). À travers cet abécédaire, Mireille Sacotte et Marie-Anne Arnaud Toulouse nous font pénétrer dans cet esprit à la fois lucide et visionnaire, dont le XXIe siècle a cruellement besoin. TEXTES CHOISIS PAR MIREILLE SACOTTE ET MARIE-ANNE ARNAUD TOULOUSE
Quand on est au mauvais endroit, au mauvais moment, il convient de prendre très vite les bonnes décisions. Dimanche 15 août 2021. Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, tombe aux mains des talibans, quasiment vingt ans après qu'ils en ont été chassés par les Américains. Après l'évacuation de leur personnel, par hélicoptère pour la plupart, toutes les ambassades occidentales ferment, exceptée celle de la France. Dans l'enceinte du bâtiment, entre 300 et 400 personnes sont ainsi prises au piège. Des milliers de personnes en panique essaient d'entrer dans l'aéroport, tandis que la menace terroriste enfle. David Martinon, ambassadeur de France à Kaboul, est à la manoeuvre. Mais comment secourir le plus de gens possible ? À qui demander de l'aide ? À qui, surtout, ne rien demander ? Dans ce livre au plus près du réel, sorte de polar sans une goutte de fiction, David Martinon revient non seulement sur la débâcle de Kaboul, mais aussi sur les conditions qui l'ont permise, et sur les signes terribles qui l'annonçaient et que trop peu ont voulu voir. Une véritable leçon de géopolitique. Un hommage bouleversant à ceux qui ont pu fuir, comme à ceux qui ont dû rester.
"Par amour des mots, on sème tant, que la récolte livre parfois quelques pensées fugaces.
C'est donc le fruit de cette cueillette que je vous propose ici, en ouvrant le bal par l'exercice de la dédicace. Mais comme il me fallait choisir celui ou celle que je souhaitais honorer de cette tradition littéraire, j'ai choisi de ne pas choisir...
C'est ainsi que je dédie ce livre « au Goncourt qui ne l'aura pas, et réciproquement », mais aussi « à Einstein, qui m'a appris à relativiser », « au pain perdu et au plaisir retrouvé », ou encore à ces autres, couchés sur papier au « hasard du je et de l'amour ».
En fait, cet ouvrage est dédié à vous. Emois...
Après ces hommages aux intérêts divers, je me suis laissé aller à quelques pensées vagabondes. C'est donc la tête dans les étoiles, que mes idées passaient de lune à l'autre. De ces philosophes qui en font parfois tout une Montaigne, aux femmes à ventre dont je loue le courage en passant par l'histoire d'avant et Ève, ou de Molière, magnifique comédien, qui pourtant n'eut jamais de Molière.
Ivre de mots, je vous invite à partager ces quelques vers.
Qui mime me suive..."
Dans une société avide de spectacle, on feint trop souvent de croire que la littérature sert de pur divertissement. Cette enquête auprès de vingt-six écrivains contemporains montre le contraire : la littérature est avant tout une affaire politique. C'est le constat de ce livre, composé d'entretiens inédits : même s'ils réfutent la vieille notion de « littérature engagée », les écrivains français sont loin de prôner une indifférence esthète à l'égard des problèmes politiques de leur pays. Très souvent, ils choisissent de faire de leurs récits un outil d'analyse des inégalités. Pour mieux interro-ger les discours sociaux, ils tournent autour de l'autobiographie ou du reportage. Ils tentent parfois de prolonger les crises sociétales, ou même de les prévoir. Ils vont de surcroît au-devant des demandes sociales, en participant à des résidences littéraires (en région, à l'hôpital, dans les Ehpad, auprès des jeunes, des migrants). Bref : ils des-cendent volontiers de cette tour d'ivoire dans laquelle on voudrait les emprisonner, et qu'ils ne supportent plus. D'Annie Ernaux à Alice Zeniter, en passant par Aurélien Bellanger, Leïla Slimani et Mathias Énard : voici dévoilé le formidable panorama d'une littérature pugnace et moderne, avide de changer notre société.
Été 1942. Antoine de Saint Exupéry a trouvé refuge avec son épouse, Consuelo, à Long Island pour écrire ce qui deviendra son oeuvre la plus connue et renommée, Le Petit Prince. Dépressif, méprisé par les exilés français de New York (André Breton et tous les surréalistes), tourmenté par l'avenir du monde, incapable de pouvoir poursuivre son oeuvre, tiraillé entre l'amour pour sa femme et ses nombreuses infidélités, il accepte de réfléchir à l'idée soumise par ses éditeurs américains : écrire un conte pour enfants. Consuelo et lui s'installent alors dans une villa au bord de la baie de Long Island : Bevin House, qu'il surnomme aussitôt « la maison du Petit Prince ». Là-bas, loin du bruit entêtant de New York et des rumeurs, c'est l'été de la renaissance : retrouvailles passionnées avec sa femme (« Le Petit Prince est né, dit-il, de votre grand feu »), promenades le long de la plage, rares mais joyeuses visites de ses amis (André Maurois, Denis de Rougemont, etc.), journées studieuses à dessiner et écrire, mais aussi escapades à Manhattan pour rejoindre sa maîtresse, la belle journaliste Silvia Hamilton... Mais la tempête le guette : il est tourmenté par le sort de la France et ne tardera pas à tout quitter pour rejoindre la France et s'engager dans la guerre. Avant ça, il lui faut écrire l'histoire du personnage qui deviendra bientôt son double, Le Petit Prince... Heureusement, Consuelo est à ses côtés pour le guider et l'inspirer, comme toujours... Alain Vircondelet nous plonge dans cette parenthèse enchantée, cet été 42 où Saint Exupéry écrivit son dernier chef-d'oeuvre auprès de celle qui restera pour l'éternité sa muse et son seul véritable amour.
L'écrivain... quel être mystérieux ! Pourtant, à interroger ses chats, on le comprendrait bien mieux. Au travers des voix de ses alliés aux pattes de velours, Muriel Barbery dévoile les coulisses de la création littéraire. Chacun de ses quatre chartreux a son caractère : Ocha, le chef de bande, un dur au coeur tendre ; sa soeur, l'affectueuse Mizu, avec ses pattes tordues ; le placide et raffiné Petrus, qui aime les fleurs ; enfin, la narratrice, la gracieuse Kirin. Mais chacun a aussi son rôle à jouer dans la bataille de l'écriture : car, mécontents de n'être que des compagnons de délassement, les chats de l'écrivaine ont poussé le dévouement jusqu'à apprendre à lire, devenant, dans l'ombre, les conseillers littéraires de leur maîtresse. Un texte délicieusement léger sur l'éternelle poésie du quotidien, pétillant d'humour félin et de philosophie nippone, accompagné des illustrations raffinées et aériennes de Maria Guitart.
Quand on croit à la politique, on a la manie du prie-dieu, de la messe, du sermon, des excommunications, de l'eau bénite, du catéchisme, du bûcher, du bouc émissaire, du bréviaire, des burettes, des oraisons, mais surtout : des génuflexions.
Quand on n'y croit plus et qu'on est devenu un athée de la politique, on devient libre. Dès lors, on voit comment le cinéma politico-médiatique a pour fonction de nous laisser croire qu'un changement d'homme apportera un changement de politique, alors qu'il n'en est rien : il était évident que le nouveau président de la République serait un pion de l'État maastrichien. Le mécanisme est programmé pour ça.
On pouvait, comme moi, ne pas se plier à ce simulacre de démocratie, ne pas prendre au sérieux cette palinodie. Regarder cette campagne en voltairien et la raconter au jour le jour n'en demeure pas moins un geste politique : car déchirer le voile des fictions contribue au démontage de la servitude volontaire.
« Le but de l'ouvrage que vous tenez entre les mains est de dire que la littérature ne doit pas être édulcorée, nettoyée ou purifiée. Les meilleurs livres sont souvent salaces, répugnants, couverts de crachats, obscènes, ils exploitent ce qu'il y a de plus voyeur en nous, ils exposent ce que la société voudrait masquer, ils révèlent la face obscure de notre humanité, ils fabriquent du beau avec du pervers, ils explorent les limites, dépassent les bornes, enfreignent les interdits. Mais surtout : ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Un bon livre est celui qui ne donne pas de leçons. » Dans un hit-parade aussi joyeux que corrosif, Frédéric Beigbeder inscrit pour l'éternité cinquante livres dans un panthéon littéraire où se croisent et s'apprivoisent Philip Roth, Simone de Beauvoir, Isaac Bashevis Singer, Virginie Despentes, Octave Mirbeau, Simon Liberati, Thomas Mann, ou Colette (évidemment). Et bien d'autres encore... Au-delà d'un top-50 revisité, c'est un véritable manifeste pour la littérature dans sa forme la plus pure et impure que signe Frédéric Beigbeder ; un remède imparable à notre époque en gueule de bois.
De Camus, Hannah Arendt disait en 1952 qu'il était « sans aucun doute pour le moment le meilleur homme en France » parmi ses pairs qu'elle trouvait « tout juste supportables ». Comment expliquer un jugement aussi tranché à l'encontre d'un milieu intellectuel où l'écrivain algérois côtoyait pourtant Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty ou encore Georges Bataille ?
C'est que l'auteur de L'Homme révolté a su incarner, à une époque d'extrême polarisation du débat d'idées, le difficile équilibre de la nuance. Sa lucidité, dont son ami Char disait qu'elle est la blessure la plus rapprochée du soleil, face à la réalité de l'idéologie totalitaire et son refus obstiné de céder aux sirènes du manichéisme ont fait de lui un penseur souvent caricaturé et incompris.
Les Justes, Lettres à un ami allemand, Le Mythe de Sisyphe, La Chute... À l'heure de l'immédiateté numérique et de la polémique permanente, il importe plus que jamais d'entendre cette pensée exigeante, tendue comme un fil d'Ariane entre des extrêmes mortifères.
"Il faut nous y préparer : demain, robots, agents conversationnels (chatbots) et autres poupées humanoïdes vont détecter nos émotions avec de plus en plus d'acuité. Si nous sommes malheureux, ils nous remonteront le moral ; si nous sommes seuls, en difficulté, ils se feront aidants. Ces « amis artificiels » vont prendre une place grandissante dans la société.
Or ils n'ont ni émotions ni sentiments, ni hormones de désir et de plaisir, ni intentions propres. À l'instar de l'avion qui ne bat pas des ailes comme un oiseau pour voler, nous construisons des machines capables d'imiter sans ressentir, de parler sans comprendre et de raisonner sans conscience. Si leur rôle peut être extrêmement positif, notamment dans le domaine de la santé, les risques de manipulation sont par ailleurs réels : dépendance affective, isolement, perte de liberté, amplification des stéréotypes (80 % de ces artefacts ont des voix, des noms - Alexa, Sofia - et des corps de femmes, qui en font des assistantes serviles ou des robots sexuels)...
Seront-ils un prolongement de nous-mêmes ? Jusqu'où irons-nous pour programmer une émergence de conscience artificielle ? Et l'éthique dans tout ça ? Mêlant technologie, philosophie et neurosciences, Laurence Devillers pose les questions centrales de responsabilité sur l'application de ces robots « émotionnels » au sein de la société et les enjeux qu'ils représentent pour notre dignité humaine."
« Lire a toujours été lié à ma nécessité de vivre, à ma capacité de vivre. D'être vivant. »
Aussi loin qu'il s'en souvienne, Thibault de Montalembert a été fasciné par les livres, dans lesquels il se plongeait, enfant, dans les coins calmes des demeures familiales, pour apprivoiser ses cauchemars ou échapper à la réalité grâce à l'imaginaire.
À la façon d'un Je me souviens, le comédien raconte une vie en permanence entrelacée à la lecture, celle qu'il faisait à voix haute à son frère Hugues, celle dans laquelle il cherchait à étancher sa soif de sens et de spiritualité, celle, bien sûr, liée au théâtre, sa vocation et son métier, jusqu'à devenir, insensiblement, l'instrument de sa liberté.
Et si, dans la société standardisée et normative qui est la nôtre, il y avait encore une place pour la « biodiversité humaine » ?
Notre société, nos institutions privilégient trop souvent la standardisation des modes de vie et des façons de penser, plébiscitant notamment le diktat du QI, caricature de l'intelligence, qui déterminerait nos chances de réussites.
Pour Josef Schovanec, le bonheur est ailleurs ! Personne autiste longtemps tenue en marge de la société, philosophe et passionné de voyages, il nous prouve que le bonheur n'est pas intrinsèque à cette hyper-normalité prônée par les systèmes en place, bien au contraire.
Ses incessantes transhumances à travers le monde et les innombrables personnes rencontrées en chemin l'ont en effet convaincu qu'il existe une pluralité d'intelligences. Qu'elles se déploient dans le domaine des mathématiques, des langues secrètes chères à Tolkien, ou des profondeurs d'Internet, qui est en propre le pays des autistes, elles ont en commun le bonheur d'être différent.
Avec l'érudition, l'humour et la sensibilité qui le caractérisent, Josef Schovanec nous entraîne à la rencontre de ces intelligences multiples pour une véritable leçon d'humanité.
Dans un monde où les exigences de performance et de réussite sont de plus en plus tyranniques, y a-t-il encore une place pour la douceur ? Plus que jamais !
« Plus d'un demi-siècle après la mort d'Alain paraît son Journal inédit. On y découvrira un philosophe lui aussi inédit : ce qu'il y dit de Mon combat et d'Adolf Hitler ; son antisémitisme viscéral que n'ébranle pas la politique antisémite de Vichy ; sa légitimation du renoncement à toute Résistance, donc sa condamnation de l'entreprise du général de Gaulle et son souhait de voir les Allemands gagner ; son analyse de l'occupation comme d'une situation pas si dés-honorante que cela ; son consentement donné aux analyses raciales de Gobineau ; sa fascination pour la force brutale des soldats nazis fanatisés et motorisés ; la préface qu'il écrit deux ans après la fin de la guerre pour le livre d'un ancien collaborateur ; son silence sur tout cela une fois la guerre terminée laissera le lecteur pantois. Ce Journal va changer du tout au tout l'image qu'on avait jusqu'alors d'Alain. »
M.O.
Frédéric Beigbeder n'a cessé de tourner en dérision le monde auquel il appartient. Aujourd'hui, la frivolité devient une forme de militantisme.
De la « Fashion Week » à la finale de la Coupe du monde de football, du Festival de Cannes à une attaque à main armée au bar du Ritz, de l'enterrement de Jean d'Ormesson à une visite à Charlie Hebdo : cela fait trente ans que Beigbeder est sur tous les fronts. Et sur tous les sujets, des plus frivoles aux plus graves, il garde le même ton, unique mélange de sarcasme et de tendresse, d'humour noir et de nuits blanches. Ces 99 essais le révèlent au sommet de son art.
Dans ces textes, rien n'est vain car tout est lesté d'une discrète gravité : de toutes ses dérives, l'auteur a fait une philosophie. Pourquoi 99 ? Parce que ce chiffre lui a porté chance autrefois. On y voit le monde s'écrouler et au milieu, un type qui ne pense qu'à s'en amuser. Ce qui, quand on n'a pas d'autre choix, reste la plus profonde chose à faire.
Un chemin de traverse se dessinait grâce à ma passion du jeu. La lecture entrait dans ma vie. »
La relation de Guillaume de Tonquédec à la lecture est une longue histoire mouvementée, douloureuse autant que merveilleuse. Enfant, il peine à déchiffrer les mots, tâtonne dans un monde flou jusqu'au jour où une paire de lunettes bleues va tout changer et où la passion du théâtre l'entraîne, par des chemins de traverse, vers les grands textes. Aujourd'hui, dans son univers, Molière, Shakespeare, Zweig et Buzzati côtoient Sylvain Tesson, le scénario de la série Fais pas ci, fais pas ça ou les Conversations avec Billy Wilder. Tous ont un point commun : ils sont des portes ouvertes vers l'imaginaire. Avec générosité, le comédien de théâtre, acteur de télévision préféré des Français, couronné par un César, raconte ses difficultés mais aussi le travail, l'enthousiasme, les rencontres
qui lui ont permis de les dépasser. C'est cette lutte silencieuse à l'issue heureuse qu'il souhaite partager, pour que tous les complexés, les dyslexiques, les timides apprivoisent à leur rythme les livres.