«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas "être à sa place". Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
En 2050, une grande partie des pays du globe encourage sa population à s'équiper d'une puce cérébrale qui augmente les capacités intellectuelles de chacun, prévient les maladies, anesthésie la douleur, apaise, réveille, endort - qui transforme les individus en ordinateurs... et les met donc à risque d'être piratés, d'échapper à leur propre raison. Cette invention a été couronnée d'un Nobel, elle est le fruit des recherches d'un couple français, Ash et Chloé. Lui est proche du pouvoir, elle se met à douter. Car le visage qui incarne la résistance française est celui d'Oona, une artiste que Chloé a connue et aimée. Quand les deux femmes se rencontrent, le pays est au bord de la guerre civile. Le sud de la France et la Bretagne sont des zones libres, prêtes à en découdre pour protéger leurs enfants. Mais le gouvernement a d'autres préoccupations : il semble qu'une force non identifiée s'approche peu à peu de la Terre...
Amanda Sthers et Aurélie Jean se projettent dans un roman dystopique où les craintes qui naissent aujourd'hui sont incarnées et poussées à leur apogée. Un rythme frénétique et des personnages jubilatoires.
« J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. » Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d'un anti-héros romantique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération.
Prix Ouest-France Étonnants voyageurs 2023.
Hannah est une Nisei, une fille d'immigrés japonais. Si son père l'a bercée de contes nippons, elle se sent avant tout canadienne ; alors pourquoi les autres enfants la traitent-ils de « sale jaune » ? Jack, lui, est un creekwalker, il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Le jour où l'ermite tombe nez à nez avec un ours blanc au coeur de la Colombie-Britannique, il croit rêver - la créature n'existe que dans les mythes anciens. Pourtant, la jeune femme inconsciente qu'il recueille semble prouver le contraire : marquée des griffes de la bête, Hannah développe d'étranges dons à son réveil. Des années 1920 à l'après-guerre, Marie Charrel brosse le portrait d'une Amérique du Nord où la magie sylvestre s'enchevêtre à la fresque historique. Contes japonais et légendes indigènes se lient dans une fabuleuse ode à la nature et à la fraternité.
Tout commence lorsque Léonard expire son dernier souffle. Le vieil homme solitaire n'a pas revu ses enfants depuis vingt-cinq ans et a bien des années de frasques à se faire pardonner, aussi n'est-il pas dupe : le chemin vers la rédemption sera escarpé.
Tout commence lorsque Zoé, dix ans, adresse une prière muette pour le salut de sa mère. Depuis que cette dernière est brusquement tombée en catatonie, la petite fille et son père vivent un cauchemar sans fin. Qui pourrait les sauver ?
Entre ombre et lumière, espoir et peur, remords enfouis et secrets tus, les destins de Léonard et de Zoé vont bientôt s'entremêler...
Thibault Bérard poursuit son exploration du grand roman familial dans un récit à la frontière du réel. À travers deux personnages dont la vie bascule, c'est d'amour, de résilience et de quête de soi qu'il s'agit.
Europe centrale, années 1930. Après avoir fui la révolution russe, les jumeaux Sylvin et Maria Rubinstein se lancent dans le flamenco, avec à la clé un succès international. Quand la guerre les sépare, Sylvin tente de retrouver sa soeur en se déguisant en femme. C'est ainsi qu'il s'engage dans la Résistance et devient un tueur de nazis. A Hambourg, en 2017, une rencontre fait écho à leur histoire.
L'arrivée au pouvoir, en France, des extrêmes droites?? Ce n'est plus seulement possible, c'est presque probable. Dans ce nouvel essai, qu'on pourrait prendre pour la suite et fin des Mémoires d'outre-vies, Jean-François Kahn nous interpelle collectivement?: comment en est-on arrivé là?? Car si, outre un pouvoir en fin de course, les droites et les extrêmes droites, les gauches et les extrêmes gauches, continuant sur la même voie, refusaient de remettre en question les discours, les orientations, les pratiques qui nous ont conduits à ce qu'on en soit là, cette issue, qui plongerait notre pays dans une situation de quasi-guerre civile, deviendrait inéluctable. Donc nécessité, nécessité absolue (à 85 ans, on n'a plus rien à perdre) de tout dire, tout, sur la responsabilité des politiques, des intellectuels et, surtout, des médias, des deux bords. Quitte à se heurter à un double refus d'écouter et d'entendre car les lecteurs découvriront ce que, selon l'auteur, et bien qu'il ait essayé de passer outre, on n'avait ni la possibilité ni le droit de dire. C'est pourquoi, faute d'en pleurer de rage, afin de surmonter la déprime, et au-delà des racines idéologiques et culturelles du désastre qu'il analyse sans concession, il nous propose accessoirement d'en rire. D'un rire qui se veut libérateur.
Des premiers émois de l'enfance aux plus grands rôles de Molière et Shakespeare dans des salles combles, Jacques Weber se souvient, par flashs, d'une vie monumentale ; cinquante ans de carrière et d'amours dramatiques. Se côtoient dans une joyeuse effervescence les muses Marguerite Duras et Grace de Monaco, les comparses de scène Francis Huster, Jacques Villeret ou Isabelle Adjani, l'admiration émue pour Catherine Deneuve, Gérard Depardieu... Les souvenirs familiaux, également, ne sont jamais loin, comme celui de son frère adoré, Bernard, ou encore de l'espiègle Spartacus, un labrador pas comme les autres.
L'exercice autobiographique devient vite le prétexte au tableau d'une époque, d'une génération ; celle de jeunes brûleurs de planches promis à un avenir radieux - du moins, pour ceux qui ne se consumeront pas en cours de route. C'est à eux, également, que Weber rend hommage avec une douce mélancolie.
" Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi..." Article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 Le constat est édifiant : la France est le pays le plus taxé de la zone euro - presque 1 200 milliards de prélèvements obligatoires par an -, mais nos services publics s'effondrent les uns après les autres. Malgré des dépenses qui ne cessent d'augmenter, l'hôpital n'est plus que l'ombre de lui-même, l'école de la République s'enfonce un peu plus chaque année, les transports publics dysfonctionnent en permanence, la justice et la police sont débordées, les prisons saturées... Tout craque de partout en dépit des milliards injectés. Le système semble devenu incontrôlable : la puissance publique est endettée à hauteur de 3 000 milliards d'euros et continue à dépenser sans compter et sans contrôle. Nos institutions ne nous protègent ni de l'excès d'impôts ni de l'excès de dépenses inutiles et la qualité des services publics baisse. Où passe donc l'argent ? Pour la directrice de la Fondation iFRAP, il faut sortir de ce piège qui mine notre économie et notre démocratie. Des solutions existent, notamment chez nos voisins européens. Réveillons-nous ? l'argent public, c'est notre argent !
Entre témoignage intime et pamphlet sur nos sociétés désenchantées, le nouveau livre de Sonia Mabrouk invite le lecteur à s'ouvrir pleinement au monde, et à ne plus refuser ce qu'il ne comprend pas. «?Ma conversion au sacré s'est faite en plusieurs étapes. Ce ne fut pas une révélation brutale et soudaine ; plutôt une succession de moments à la fois intimes et universels, un cheminement dans le temps vers des fragments de sacré, une compréhension de quelque chose qui nous précède et qui nous suit, qui en tout cas nous dépasse. Je dirais aussi que, dans mon cas, j'ai reçu le sacré comme on reçoit la foi. À un moment précis, le sacré a fini par s'imposer dans mon existence. Était-ce le fruit du hasard, ou était-ce un événement déjà inscrit en moi ? Impossible à dire. Une chose est sûre?: la vie s'en est mêlée, et depuis, tout a changé.?»
Cléo est une jeune femme à l'image de son rire : solaire. Dès l'enfance, elle a appris à franchir d'un bond fougueux les obstacles que la vie, joueuse, lui présente. Pourtant, tout n'est pas que lumière dans son monde... Mais par-delà ses failles et ses blessures, elle avance. Lorsqu'elle croise le chemin de Théo, lui aussi accidenté de la vie, elle est bien décidée à lutter pour leur droit au bonheur. Théo est veuf ; il a deux enfants. Comment les choses pourraient-elles être simples ? Guidée par sa soif inextinguible de vie, Cléo engage son plus beau combat pour leur amour, cette aventure folle, et, surtout, pour ce lien véritable plus fort que tout - plus fort que celui du sang - entre elle et leurs enfants. Thibault Bérard nous entraîne au coeur de vies entremêlées par le pouvoir des épreuves relevées et signe une ode au lien maternel sous sa forme la plus pure, la plus belle et la plus véritable.
" Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi..." Article 14 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 Le constat est édifiant : la France est le pays le plus taxé de la zone euro - presque 1 200 milliards de prélèvements obligatoires par an -, mais nos services publics s'effondrent les uns après les autres. Malgré des dépenses qui ne cessent d'augmenter, l'hôpital n'est plus que l'ombre de lui-même, l'école de la République s'enfonce un peu plus chaque année, les transports publics dysfonctionnent en permanence, la justice et la police sont débordées, les prisons saturées... Tout craque de partout en dépit des milliards injectés. Le système semble devenu incontrôlable : la puissance publique est endettée à hauteur de 3 000 milliards d'euros et continue à dépenser sans compter et sans contrôle. Nos institutions ne nous protègent ni de l'excès d'impôts ni de l'excès de dépenses inutiles et la qualité des services publics baisse. Où passe donc l'argent ? Pour la directrice de la Fondation iFRAP, il faut sortir de ce piège qui mine notre économie et notre démocratie. Des solutions existent, notamment chez nos voisins européens. Réveillons-nous ? l'argent public, c'est notre argent !
Après L'Homme nu, la nouvelle enquête de Marc Dugain et Christophe Labbé sur nos comportements de demain. Ces dernières années ont bouleversé nos vies quotidiennes. Ce bouleversement, qui profite formidablement aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), sera durable?: autant l'analyser et le comprendre le mieux possible. C'est le pari de Marc Dugain et de Christophe Labbé dans ce nouveau livre, qui se concentre sur ce virage de civilisation pour mieux dessiner la société du futur. Une société où tout sera fait pour éviter les contacts?; où chacun, faute de se confronter véritablement à l'altérité, risque de s'enfoncer dans une solitude délirante, au beau milieu du métavers... Télétravail, objets connectés, voitures autonomes, applications de rencontres, paiement sans contact, données personnelles livrées à qui accepte de payer ces data?: quel sera l'impact de cette numérisation massive de nos activités quotidiennes?? À mi-?chemin entre journalisme et narration littéraire, Marc Dugain et Christophe Labbé portent leur regard sur l'avancée inexorable de ces phénomènes, au point que les politiques se dispensent bien de les évoquer dans leurs programmes. Est-il vraiment trop tard?? Resterons-nous humains si plus rien ne nous touche??
A l'occasion du XXe congrès du Parti communiste chinois à l'automne 2022, Christine Ockrent livre une enquête sur la situation des oligarques de Chine, qui se sont enrichis en édifiant des empires dans les secteurs de la technologie et de l'immobilier notamment, face à la réélection probable de Xi Jinping. Elle montre comment l'homme fort du régime n'hésite pas à mettre au ban de la société les gêneurs.
Après le succès de De l'autre côté de la Machine, Aurélie Jean nous entraîne dans un nouveau voyage : au coeur de nos institutions juridiques et des algorithmes qui s'y exercent. Comment la loi est-elle pensée et appliquée au temps des algorithmes ? Comment les algorithmes sont-ils utilisés au sein du système judiciaire ? Et est-il vraiment possible de les réguler ? C'est un fait : les algorithmes rythment nos vies. Ils nous aident à nous déplacer, à travailler, à nous soigner, et même à légiférer. Certains, alarmistes, diraient qu'ils sont de partout... Or, peu d'entre nous les comprennent, sans parler d'en maîtriser les subtilités. Nos dirigeants, parlementaires et nos juristes n'y font pas exception, et participent pour certains à augmenter la confusion autour de leur utilisation et de leur supposé danger... Pourtant, il est aujourd'hui nécessaire, voire capital, de comprendre le fonctionnement des algorithmes développés, mais aussi d'anticiper leur développement, de l'encadrer et de l'accompagner aussi judicieusement que justement. Une chose demeure cependant certaine : les algorithmes ne disposent d'aucune personnalité juridique face à un tribunal. En revanche, s'ils ne peuvent réellement faire la loi, ils l'influencent et en orientent désormais la pratique. Mal employés, ils deviennent une menace pour ses principes de transparence et d'équité. Bien maîtrisés, ils peuvent, au contraire, guider ceux qui la font et l'exercent afin de garantir le traitement égalitaire de chacun face à la justice. Consciente du défi qui nous attend, Aurélie Jean nous appelle à agir et propose de dompter (plutôt que de réguler) les algorithmes à travers des lois souples et anticipatrices, afin de ne rien sacrifier au progrès tout en les pensant dans la plus grande objectivité scientifique, sociale et économique. Car c'est cette même transparence intrinsèque à l'exercice de la justice qui doit s'appliquer dans le champ des algorithmes afin de permettre à chacun - du citoyen au législateur - de garantir l'harmonie, la justice et l'essor intellectuel au sein de nos sociétés.
Soudés durant cinquante-deux ans, Dominique et Bernard Tapie ont tout connu, la gloire et l'opprobre, le luxe et la ruine, les retours en grâce et les défaites... Face à un Bernard Tapie que l'on découvre aussi infatigable, excessif et imprévisible à la maison que dans sa vie publique, mais aussi terriblement jaloux et possessif, il fallait partir ou suivre. Dominique Tapie a fait mieux : elle a décidé de résister. Présente mais rebelle, aimante mais critique, elle l'a mis en garde contre ses propres démons. Gardienne du "clan", elle a tenu la barre fermement. On a cru l'épouse effacée car médiatiquement discrète, le couple tranquille car secret. On le découvre au contraire passionnel, en état de séduction permanent, en insurrection fréquente. C'est cet amour de deux rebelles qui se sont dit oui, pour le meilleur et pour le pire, qu'elle dévoile pour la première fois. Il a fallu la disparition de l'homme de sa vie pour que Dominique Tapie mesure qu'à 19 ans, elle n'avait pas seulement rencontré un homme mais un destin, qui continue de peser sur elle, au nom de la solidarité conjugale, sous la forme d'une montagne de dettes. Plus qu'une biographie, un récit follement romanesque.
« Je sais bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cherche », expliquait Montaigne à propos de la longue chevauchée qu'il fit à travers l'Europe en 1580. Gaspard Koenig aussi sait ce qu'il fuit : les injonctions permanentes des gouvernements et des algorithmes. Il s'est donc lancé sur les traces de Montaigne, en suivant le même itinéraire, avec le même moyen de transport : un cheval, ou plutôt une jument, Destinada. Pour rejoindre Rome, le cavalier et sa monture ont parcouru 2 500 kilomètres pendant cinq mois, passant par le Périgord, la Champagne, les Vosges, la Bavière, la Toscane... Toquant aux portes pour trouver gîte et couvert, parcourant les campagnes mais aussi les zones commerciales et les centres-villes, l'écrivain a eu tout le loisir de « frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui », comme le recommandait Montaigne. Dans cette plongée au coeur des territoires, la générosité et l'hospitalité sont presque toujours au rendez-vous. Au rythme du pas, notre modernité révèle ses vertus et ses travers. L'occasion pour l'auteur de renouer avec certains thèmes chers à Montaigne : la relation entre l'homme et l'animal, l'art du dépouillement, les conflits religieux, la diversité des cultures ou les leçons de la nature... Au fond, que Gaspard Koenig pouvait-il bien chercher dans un tel vagabondage, sinon la liberté ? La sienne, celle que l'on cultive dans cette « arrière-boutique » où se réfugiait Montaigne. Mais aussi la nôtre, exigence politique plus contemporaine que jamais.
Le récit palpitant des relations entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ; et, au-delà, entre la France et la Russie depuis la chute du mur de Berlin. Une partie d'échecs perdue d'avance. « Quelques heures après le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février 2022, Emmanuel Macron, "choqué et incrédule" selon un membre de son entourage, appelle le maître du Kremlin et lui demande d'arrêter les combats et d'engager avec Zelensky un processus de négociations... Jusqu'au dernier moment, le président français a donc pensé que Vladimir Poutine était un être rationnel, qui allait faire passer les intérêts de son pays avant ses rancoeurs et son idéologie. Mais la réalité est là : quand tonnent les premiers canons et que les ciels des villes ukrainiennes s'illuminent de feux d'artifice mortels, Macron semble abasourdi alors que se noient ses illusions. À l'autre bout du téléphone, il entend un président empli de haine et de désir de vengeance, comme s'il était habité par le démon. Enfermé dans un monde parallèle, dont les fenêtres sur l'extérieur sont verrouillées à double tour, Vladimir Poutine irradie de colère contre cette Ukraine qui lui tourne le dos et qui regarde amoureusement vers l'Ouest, vers l'horizon interdit. Il éructe : "Je sais que Zelensky est terré dans son bunker comme Hitler. Mais je sais où est son bunker... Soit je rase l'Ukraine, soit je coupe sa tête politique." » Isabelle Lasserre
Et si l'on se vengeait secrètement de notre partenaire pour pouvoir l'aimer davantage ? Le sociologue Jean-Claude Kaufmann décrypte, avec humour et érudition, nos petites - mais salutaires ! - vengeances du quotidien. La vie à deux suscite mille agacements, mille exaspérations, souvent pour presque rien. Entre l'espace de l'autre à respecter et sa propre identité à défendre se joue une bataille rangée. Les armes ? Les petits coups bas et légères mesquineries de tous les jours qui soulagent sans faire de mal à l'autre?: le réveiller en faisant mine d'être désolé, passer l'aspirateur pendant son match de foot à la télé, grignoter ses bonbons en cachette... Dans cette enquête aussi minutieuse qu'amusante, Jean-Claude Kaufmann analyse l'art de la guerre de ce «?Machiavel en pantoufles?» que nous sommes peut-être tous. Des petites vengeances peu glorieuses ? C'est certain. Mais pour le sociologue, elles sont une alternative majeure aux crises ouvertes et aux séparations, donc une paradoxale et salutaire thérapie de couple !
Alors que les crises sanitaires ont intensifié notre rapport au numérique, les enfants et les adolescents ont vu leur temps d'exposition aux écrans atteindre des niveaux records, sans qu'aucune attention soit vraiment portée aux contenus qu'ils regardaient. Comment en sommes-nous arrivés là?? Comment y remédier?? Comment aider nos enfants à reprendre le contrôle face à des algorithmes de plus en plus sophistiqués?? Dans cet essai qui tient autant de l'analyse critique que du guide pratique, Carole Bienaimé Besse explore avec intelligence et rigueur les enjeux et les défis de notre société hyperconnectée, et les conséquences sur les plus fragiles, qui sont souvent les plus jeunes. Elle démontre comment les écrans affectent leur santé mentale, leur développement intellectuel, leur vie sociale, et met en lumière les nombreux pièges auxquels nous sommes finalement tous confrontés?: le rabbit hole, la distraction perpétuelle, la tyrannie de l'image de soi, les contenus inappropriés, la désinformation, la surveillance de masse. Mais au-delà de la critique, et sans jamais sombrer dans le fatalisme, Carole Bienaimé Besse propose surtout des solutions concrètes pour aider les parents, les éducateurs et les adolescents à naviguer dans cet univers complexe. Elle suggère des pistes pour faire évoluer le cadre législatif, et plaide pour que l'éthique soit enfin remise au coeur de l'innovation. Son objectif ? Que chacun puisse tirer le meilleur parti de la révolution numérique - sans en devenir une victime.
Qui suis-je vraiment ? À quel point suis-je le résultat d'une culture, d'une descendance, d'une couleur de peau ou d'un genre ? Mes choix de vie sont-ils issus de ma volonté propre ou n'obéissent-ils qu'à des conventions sociales, familiales ? Comment ne pas brimer une partie de moi-même et vivre pleinement ce que je désire ? Tous ces questionnements ont trait à l'identité, devenue la valeur cardinale de notre modernité. À l'échelle politique, c'est ainsi que les communautarismes s'intensifient et que les revendications identitaires se crispent. À l'échelle individuelle, le développement personnel étend son marché et la narcissisation du « moi » s'épanche sur les réseaux. En faisant de l'identité une priorité, notre siècle s'égare. Philosophiquement, l'identité est un concept dont la validité reste incertaine. Politiquement, les dogmatismes identitaires s'exacerbent au point de déstabiliser l'universalisme républicain. Individuellement, l'identité nous fige dans des postures qui nous éloignent de nous-mêmes. Si l'identité est à questionner, quelque chose de cette notion semble toutefois ne pas pouvoir se laisser abandonner : le désir d'être soi-même. Alors, comment parvenir au sentiment de soi sans tomber dans le piège identitaire ? Tel est l'enjeu de ce livre.
Les auteurs s'interrogent sur la place de la liberté d'expression dans les sociétés occidentales contemporaines. Au-delà de dénoncer des injustices, la libération de la parole a également entraîné certaines dérives : propos haineux, harcèlement en ligne, fake news, entre autres. Selon eux, il est nécessaire de réapprendre à parler pour sauver l'humanité.
Le sexe serait-il en berne?? 43?% de nos 15-24 ans n'auraient pas eu de rapport sexuel au cours des douze derniers mois?: comment expliquer cette révolution du No Sex chez les jeunes?? S'agit-il d'un phénomène mondial?? Durable?? Est-il possible de n'éprouver aucune attirance pour personne?? Quelle différence y a-t-il entre asexualité et abstinence?? Qu'en est-il de la libido?? De la masturbation?? Pourquoi le No Sex dérange-t-il toujours autant?? L'hypersexualisation de notre société serait-elle à l'origine de la sobriété sexuelle du moment?? Une «?récession?» est-elle déjà en cours?? Mêlant approche historique, enjeux socio-sexologiques et témoignages éloquents, la sexologue Magali Croset-Calisto répond ici à toutes ces interrogations et analyse l'abstinence et l'asexualité par-delà les problématiques de l'intime en questionnant leur place et leur signification dans notre civilisation. Un petit traité instructif, bienveillant et déculpabilisant.
Aujourd'hui où l'on ne peut plus tracer de plan de la Cité idéale et où les lendemains «?ne chantent plus?», peut-on faire autre chose que défaire ce qui bloque l'état présent des choses pour y rouvrir des possibles ? Or, qu'est-ce qui bloque si ce n'est des coïncidences idéologiques installées et paralysant la société ? Ne pouvant les renverser (comment en aurait-on la force ?) et les dénoncer ne s'entendant pas, on ne peut que les fissurer?: localement, sur le terrain, chacun en ayant l'initiative là où il est. Mais ces dé-coïncidences se relient et se relaient, elles se répondent et peuvent s'associer. Une Association en est née. Car «?c'est quand même avec des fissures que commencent à s'effondrer les cavernes?». F. J.