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Éditions des Équateurs
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Ce périple, les trois jeunes gens l'ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l'ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps. Il en résulte un roman d'aventure avec de l'action à l'intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l'oeuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes. L'éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d'instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d'écran et pourries à la moelle.
Prix Interallié 2022. -
2 janvier 1949, dix-huit footballeurs du bourg de Corps-Nuds, en Bretagne, revenant d'un match, trouvent la mort dans un accident. Cette tragédie a marqué la France entière et pesé sur la jeunesse de Jean-Paul Kauffmann, enfant du même village. Ce fait-divers est le point de départ d'une enquête sur les distorsions de la mémoire. Comment cet accident annonce-t-il la journée du 22 mai où Jean-Paul Kauffmann sera enlevé à Beyrouth et détenu en otage durant trois années ? La boulangerie paternelle, une étrange église, l'odeur d'un monde rural disparu... Après l'accident libanais, ce récit sur l'inexplicable s'est imposé à l'auteur. Sans l'enlèvement qui a fait resurgir ses premières années, Jean-Paul Kauffmann n'aurait probablement jamais eu le désir de raconter son après-guerre. Refuge et protection, cette enfance l'a sauvé. Grâce à elle, une partie de sa vie de prisonnier a échappé à ses ravisseurs. Ce livre à la fois enquête et récit intime nous apprend à sentir, regarder, observer. Tout lecteur y retrouvera sa part d'enfance, ce sanctuaire dont on se croit le propriétaire.
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L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées.
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Notre-Dame de Paris : Ô reine de douleur, ô reine de victoire
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 14 Novembre 2024
- 9782382848203
Une compilation inédite de tous les écrits de Sylvain Tesson dédiés à Notre-Dame. À l'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs. L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré. Tout homme a un rendez-vous quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien-le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l'église Saint-Séverin où fut baptisé Huysmans. Notre-Dame est là, tout près, reine mère de sa couvée d'églises. Je séjourne «sous le commandement des tours de Notre-Dame » (Péguy dans Les Sept contre Paris). S. T.
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Deux hommes, une gare, un train. Un roman qui part en retard, s'arrête sur les voies et finit en eau de boudin. Deux copains rêvent d'aventure. Se procurent à cet effet un baluchon et deviennent vagabonds. De nuit s'introduisent dans une gare de marchandises, et se cachent dans un train. Ne savent pas quand ils partiront et où ils partiront. Ne savent même pas s'ils partiront. Au petit matin le train s'ébranle. Des jours durant, les deux amis brûlent le dur, comme on dit dans les romans de Jack London, de Kerouac, de Jim Tully. À la différence près qu'ils ne verront pas Sacramento ou les grandes plaines du Wyoming, mais Villeneuve-Saint-Georges, le parc naturel régional du Gâtinais, Pouilly-sur-Loire, Nevers et Clermont-Ferrand... bref, le coeur de la France !
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A l'écoute du silence
Stéphanie Bodet
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 16 Avril 2025
- 9782382848098
« On peut, comme moi, grimper sur des parois immenses, dormir en paix avec cinq cents mètres de vide sous les pieds, mais être saisie de vertige dans un centre commercial. Marcher des heures durant avec un lourd sac à dos mais échouer à suivre une conversation recouverte par les décibels d'une chanson. Se sentir inadaptée en société et entourée au coeur d'une forêt. « Mon programme des jours à venir est d'une simplicité élémentaire et d'une ambition démesurée. Me mettre à l'écoute et laisser place au bruissement de la vie naturelle. M'ensauvager quelque temps pour mieux revenir au monde. » Ancienne championne d'escalade, Stéphanie Bodet souffre du bruit aliénant de notre société. Cette amoureuse de la nature décide de se retirer dans une cabane en Ariège. Les sens à l'affût, elle se lance dans un prodigieux voyage au coeur du silence. Son livre est le chant léger et grave de la terre, des airs, de la vie simple.
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Aimer comme un albatros
Jean-Noël Rieffel
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 23 Avril 2025
- 9782382848357
Chez les albatros, l'amour est romantique, éternel. Et chez les humains, l'amour est ailé. Mais quand les épreuves de la vie nous coupent les ailes et que tout menace de s'effondrer, la splendeur de la nature et l'observation attentive des oiseaux permettent de renouer avec le sens de la vie. Confronté à un divorce douloureux, le narrateur du récit a l'intime conviction que les oiseaux, par leur pouvoir guérisseur et leurs manières savantes d'aimer, vont éclairer le chemin de sa reconstruction. Quelle est la conception de l'amour chez les oiseaux ? Comment tissent-ils des liens d'affection ? Ont-ils des sentiments ou répondent-ils simplement à l'exigeante saison des amours ? Sont-ils fidèles ou infidèles ? Comment expriment-ils leur joie et leur tristesse ? En s'installant dans une nouvelle maison au bord de la Loire, Jean-Noël Rieffel ouvre une nouvelle page de sa vie. Il y découvre la figure de Maurice Genevoix, l'écrivain naturaliste, formidable intercesseur du monde sauvage et de l'enfance sensible, qui a décrit si précisément les humbles et la poésie de la nature. Jean-Noël mène l'enquête sur cet écrivain qui a tant à nous apprendre aujourd'hui. S'installant à sa table d'écriture, il lui donne la place qu'il mérite et nous transmet ses leçons de vie. À son tour, Jean-Noël Rieffel part sur les traces de son enfance en Bretagne, célèbre la fraternité des ornithologues, les fameux « cocheurs », comme Genevoix a célébré celle de ses compagnons d'armes, observe le courage et l'abnégation des oiseaux qui vont lui permettre de se relever des épreuves de la vie.
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La littérature ça paye !
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 4 Septembre 2024
- 9782382847534
Pour défendre la place de la littérature dans notre « monde moderne », j'ai choisi un titre choc, claquant comme un étendard, agressif, combatif, et même un peu provocateur. En effet, j'ai le sentiment que certains d'entre nous doutent d'elle aujourd'hui, de sa valeur, de son pouvoir, de son utilité, de son avenir... Je résumerai cette méfiance en peu de mots : la littérature, ça ne paye pas, ou ça ne paye plus. Dans une société dominée par les lois du marché, on en vient forcément à se demander : que vaut la littérature comme placement ? Ou même : quel rendement, quel retour sur investissement peut-on espérer de la lecture ? Car la lecture prend du temps, beaucoup de temps, et l'écriture encore davantage. Or nous cherchons de plus en plus à gagner du temps, à faire vite, à améliorer notre productivité. « La littérature, ça paye ! » Pour aller à l'essentiel, j'entendrai ce slogan en deux sens : d'une part « combien ça rapporte à son auteur », d'autre part « combien ça rapporte à son lecteur ».
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"Ce qui repousse les caméras m'attire. Ceux qui trébuchent, ceux qu'on ne voit pas. J'aime le fond de la classe. Le saccage et le sursaut, la poudrière, le foutoir, la beauté, les rêveurs : tout est au fond, chez les invisibles. Au fond des vallées. Cette leçon, je l'apprendrai aux côtés de frère Pierre. En citant saint Paul, il me dira que la véritable sagesse n'est pas celle du monde : Si quelqu'un pense être sage à la manière d'ici-bas, qu'il devienne fou pour être sage."
Au coeur d'une vallée, aux confins de la France, un homme tient là seul par sa foi. Au plus près des vies minuscules - les bergers et les bêtes, les paumés et les vagabonds célestes -, il accueille les histoires murmurées, les hommes en perdition. Les croyants et ceux qui ne croient pas. Parce qu'"on ne peut plus faire comme si les gens avaient la foi." Pour lui, cela importe peu. Jour et nuit, son portable sonne. Il accourt.
D'une plume taillée à la serpe, Pierre Adrian nous offre un récit éblouissant, à l'écoute des ténèbres et de la désespérance d'une époque. -
Il nous faut la vie fauve
Caroline Boidé
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 14 Mai 2025
- 9782382847701
Face à un monde soumis à la statistique, où sévit la dictature du nombre et des algorithmes, gagné par la marchandisation et la robotisation, envahi par les réalités artificielles, la vie fauve est le nouveau recours contre l'effondrement, le chemin vers la liberté. Dans ce livre-manifeste, qui est aussi un récit de voyage, de Collioure (le port d'attache de Matisse et des peintres fauves) à Tanger (la porte marocaine de Delacroix) en passant par l'Algérie et le Mexique, Caroline Boidé part sur les traces d'artistes à l'élan vital qui ont fait le choix d'une existence étrangère à toute domestication, en qui bouillonne une révolte contre l'oppression matérielle et spirituelle. Caroline Boidé piste donc des figures magnifiques et indomptables : Catherine Pozzi (l'amour fou de Paul Valéry), la chanteuse Chavela Vargas, Grace Jones, Dominique Aury (l'autrice d'Histoire d'O), Delacroix, Nietzsche, le compositeur Tchèque Janá?ek ou encore l'écrivain Linda Lê (diamant noir des lettres françaises). Elle perce leurs secrets qui peuvent nous inspirer aujourd'hui. Cet éloge d'une vie sensible et en couleurs est aussi la quête de beauté et d'émancipation d'une femme au contact des grands fauves. Contre le stress et l'éco-anxiété, vous avez essayé toutes les thérapies, le yoga ayurvédique et le spa nordique, laissez-vous tenter par la vie fauve et révélez la puissance animale qui est en vous.
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Éloge des oiseaux de passage : journal d'un ornithologue un peu perché
Jean-Noël Rieffel
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 29 Mars 2023
- 9782382845196
« Les oiseaux nous apportent de la lumière. Il m'est impossible d'imaginer un jour devoir les quitter, faire le deuil de toutes ces splendeurs entrevues qui m'ont augmenté, comblé : les yeux majestueux du grand-duc, le vol claironnant des grues cendrées, le caractère hybride du colibri, à la fois insecte et pierre précieuse, la sorcellerie colorée du guêpier, le récital de la grive musicienne se détachant à contre-jour au sommet d'un arbre, le baume sonore du loriot, la toute première note du rossignol au mois d'avril, ce filet de soleil à travers le volet de la chambre d'où sourd le chant d'aurore du rouge-queue à front blanc... La lumière des oiseaux est finalement un éclair d'éternité dans nos vies de passage. » Enfant, Jean-Noël Rieffel était un rêveur comme le cancre de Jacques Prévert. Il contemplait la nature par la fenêtre. Au fil des années, il est devenu un fou d'oiseaux, un ornithologue amateur. Il nous raconte dans ce livre l'état de poésie permanent inspiré par cette passion.
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La vie derrière soi ; fins de la littérature
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 1 Septembre 2021
- 9782382841860
Comment finir une vie d'écrivain ? Cette question s'imposa pour ma dernière année d'enseignement au Collège de France en 2020. Parce que la retraite m'attendait au tournant. Parce que je venais de perdre une amie très proche, compagne de longues années. L'hiver était au chagrin. La littérature a un lien essentiel avec la mort, le deuil et la mélancolie. De Montaigne à Roland Barthes, c'est son fil rouge. Pourtant, les oeuvres tardives des écrivains ont suscité moins de curiosité que le style de vieillesse des peintres et musiciens, plus affectés par les défaillances de leur corps, la main, l'oeil ou l'oreille. « Il faudrait cesser de travailler dans un certain âge ; car tous les hommes vont déclinant », décrète le Bernin devant les derniers tableaux de Poussin. Ces nouvelles leçons poursuivent une méditation sur la fin, à la fois terme et issue, sur l'âge, condition du sénile, mais aussi du sublime, sur les ultima verba, le chant du cygne, la seconde chance, le poète éternel... Ad libitum. Que faire du troisième ou du quatrième âge de sa vie ? « Qui connaît le pouvoir du cercle ne craint pas la mort », écrit Maurice Blanchot, citant Hugo von Hofmannsthal, qui citait lui-même Djalâl ad-Dîn Rûmî. La ronde littéraire ne s'arrête jamais
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À la manière de John Irving, Paul Serge Forest signe une fresque romanesque, métaphysique et sociale au coeur du clan de Lelarge, sur la Côte-Nord québécoise. Un premier roman sous la forme d'une saga familiale, admirablement maîtrisé et singulier. À Baie Trinité, sur la Côte-Nord du Québec, la famille Lelarge possède une très prospère usine de fruits de mer, qui fait leur fierté, leur fortune et assure l'économie de la presque totalité du petit village. À la mort de Rogatien, le chef de famille et de l'entreprise, Robert, son aîné, en reprend les rênes, bien décidé à faire florir leurs affaires au-delà des frontières. Le Japon convoite justement leur abondante production pour remplacer ses approvisionnements irradiés par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Flairant la manne, Robert conclut un contrat colossal avec le Conglomérat des teintes, couleurs, pigments, mollusques et crustacés d'Isumi. Survient alors Mori Ishikawa, un mystérieux Japonais envoyé par le Conglomérat pour superviser la production, venant troubler l'apparente quiétude de la bourgade à l'écosystème déjà fragilisé par l'expansion de l'usine. Très vite, l'étrange personnage fait battre le coeur de Laurie, la fille cadette mélancolique et rebelle de Robert, en pleine quête adolescente d'elle-même et de sa place dans cet univers étriqué. À mesure que grandit l'attrait irrépressible de Laurie pour le jeune homme, une vague d'événements bizarroïdes survient aux alentours du village. Elle découvre l'« Ori », une nouvelle couleur et toxine indescriptible dont Mori détient le secret, et ne tarde pas à comprendre le danger qui rôde autour de ce garçon énigmatique. Cette toxine lumineuse s'apprête à changer le cours de l'histoire de Baie-Trinité, et bien au-delà encore...
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écrire et dire
Jérôme Garcin, Caroline Broué
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 17 Janvier 2024
- 9782382846995
Jérôme Garcin revient sur les deuils qui l'ont frappé enfant et adolescent, évoque sa passion des chevaux, et se confie sur ces figures familiales dont il a fait des personnages de romans et sur son métier de critique. On connaît la voix de Jérôme Garcin puisqu'il anime l'émission culte « Le Masque et la Plume » sur France Inter tous les dimanches à 20h depuis trente ans ; on connaît aussi son nom puisqu'il signe des critiques littéraires dans les pages de L'Obs dont il dirige les pages culturelles ; on connaît enfin sa plume puisqu'il est l'auteur de nombreux livres, des récits et des biographies romancées, pour lesquels il a remporté des prix comme le Médicis essai (1994) pour Pour Jean Prévost, le Grand prix de littérature Henri-Gal de l'Institut de France (2013) pour l'ensemble de son oeuvre, ainsi que Prix des Deux Magots (2020) pour Le Dernier Hiver du Cid. Il est l'un des phares de la vie littéraire française. Écrire et dire est tiré des cinq entretiens réalisés par Caroline Boidé pour l'émission "À voix nue" (France Culture).
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Le tour de la France par deux enfants d'aujourd'hui
Pierre Adrian, Philibert Humm
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 1 Janvier 2019
- 9782849905739
Pierre et Philibert sont deux amis d'enfance, majeurs mais pas tout à fait vaccinés. L'envie de décamper les pousse à mettre leurs pas dans ceux des héros du Tour de la France par deux enfants : ce bestseller mythique de la IIIè République, au parfum d'encre violette, de craie et de grandes vacances.
"On en avait rêvé de ce voyage. C'était une sorte de pari, et le livre d'Augustine Fouillée, dite G. Bruno, traînait depuis longtemps sur nos chevets. Cap ou pas cap ? On avait sorti les cartes et retracé le voyage exact d'André et Julien Volden. On prendrait le chemin des écoliers. Départementales, nationales, et roule !"
Voilà nos deux enfants partis pour un road trip drolatique à travers l'histoire et la géographie, la littérature et la mécanique, les métiers d'hier et d'aujourd'hui. La France change mais rien ne compte plus que l'instant présent, le bonheur buissonnier des paysages et des rencontres.
À leurs côtés, nous embarquons à bord d'une Peugeot 204 ou d'un voilier, roulons à bicyclette, en autocar ou en TGV. On écoutant Brassens, Véronique Sanson et IAM. On fait escale dans la Bourgogne d'Henri Vincenot et le Marseille de Plus belle la vie, dans la Bretagne des phares et des îles. Des villes fortifiées aux matchs de football, des cathédrales aux bars PMU, c'est une valse à deux temps sur les routes de la France, de l'enfance et de l'amitié. -
Eylau, c'est la rencontre paroxystique de l'Histoire et de la géographie. Une bataille napoléonienne qui a lieu le 8 février 1807 contre les Russes, en Prusse orientale, là où se trouvait autrefois la célèbre Knigsberg fondée par les chevaliers teutoniques. Aujourd'hui Eylau est située dans l'enclave de Kaliningrad, territoire russe séparé de la Russie par la Pologne et la Lituanie.
Jean-Paul Kauffmann qui s'était rendu une première fois à Kaliningrad en 1991 voulait y revenir mais, cette fois, en famille. Un voyage de cohésion familiale en quelque sorte.
Eylau est une bataille à part dans les faits d'armes napoléoniens. Une victoire à la Pyrrhus, à l'arrachée, dont Napoléon n'aimait pas évoquer le souvenir quand il fut exilé à Ste-Hélène. Une bataille particulièrement meurtrière qui se déroula dans le brouillard, l'obscurité, sous la neige.
Eylau est restée célèbre dans l'histoire pour la fameuse cavalerie de Murat mais aussi dans la littérature grâce au Colonel Chabert de Balzac. Le colonel Chabert que l'on donnait mort est un fantôme d'Eylau. Quand il revient en France, il doit prouver son identité pour recouvrer son territoire, sa femme, ses droits. C'est l'un des romans les plus captivants de Balzac. Une sorte de roman noir sur le mariage.
Jean-Paul Kauffmann est l'auteur, entre autres, de L'Arche des Kerguelen (1993), de La Chambre noire de Longwood (1997), de La Maison du retour (2007) et de Courlande (2009). Il vient de recevoir le prix Prince-Pierre-de-Monaco. -
L'opticien de Lampedusa
Emma-jane Kirby
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 1 Janvier 2019
- 9782849904688
"Là, là-bas, des centaines. Les bras tendus, ils crachent, hoquettent, s'ébrouent comme une meute suppliante. Ils se noient sous mes yeux et je n'ai qu'une question en tête : comment les sauver tous ?"
La cinquantaine, l'opticien de Lampedusa est un homme ordinaire. Avec sa femme, il tient l'unique magasin d'optique de l'île. Ils aiment les sardines grillées, les apéros en terrasse et les sorties en bateau sur les eaux calmes autour de leur petite île paradisiaque.
Il nous ressemble. Il est consciencieux, s'inquiète pour l'avenir de ses deux fils, la survie de son petit commerce. Ce n'est pas un héros. Et son histoire n'est pas un conte de fées mais une tragédie : la découverte d'hommes, de femmes, d'enfants se débattant dans l'eau, les visages happés par les vagues, parce qu'ils fuient leur pays, les persécutions et la tyrannie.
L'Opticien de Lampedusa raconte le destin de celui qui ne voulait pas voir. Cette parabole nous parle de l'éveil d'une conscience. Au plus près de la réalité, d'une plume lumineuse et concise, Emma-Jane Kirby écrit une ode à l'humanité. -
« Peut-être que je veux la paix avec beaucoup de naïveté, peut-être que je veux la paix comme les jeunes qui ne connaissent rien à la vie, comme les artistes perchés, comme les déconnectés de la réalité, comme ceux qui ont été épargnés par la souffrance, qui l'ont vécue d'assez loin pour ne pas disjoncter, ceux qui ne connaissent pas assez le monde pour savoir que ça ne marche pas comme ça, que c'est trop simple de vouloir la paix, qu'il faut choisir un camp, que sinon on lutte dans le vent. Mais je m'en fous, tu vois. L'avantage d'avoir vingt et un ans, c'est qu'on peut penser ce qu'on veut, et même le bien, qu'on peut se battre pour toutes les vies, même les petites, qu'on peut lutter pour l'idéal qu'on a dans la tête, même si ça paraît impossible ; on nous le pardonnera. » Le 7 octobre 2023, une étudiante juive se réveille à Paris au bruit de la guerre. Shabbat noir est le roman de sa journée qui en contient mille autres. Le roman d'une jeunesse dont la furieuse envie de vivre se heurte au fracas du monde.
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Deux jeunes gens d'aujourd'hui, deux amis qui rêvent de détachement et de béatitude. Ils ont une vingtaine d'années et ont déjà parcouru l'Europe à pied jusqu'à Israël (voir Le Syndrome de Tom Sawyer de Samuel Adrian). Mais il leur faut le monde.
Ils décident alors de partir à sa découverte au volant d'une antique Peugeot 204, plus âgée qu'eux, chargée de bouteilles de vin et de livres à satiété. Une voiture pour le moins inadaptée aux pistes de la taïga qu'ils vont devoir affronter... Ils quittent la France par l'est, traversent l'Allemagne, la Serbie, la Roumanie, la Turquie, la Russie, le Japon, puis rallient les Etats-Unis où ils tombent sur un pays en plein confinement. Le voyage au grand air devient alors un périple de l'intériorité. Un périple de quinze mois, mais aussi une histoire d'amitié à bord d'un destrier qui menace de syncope et provoque d'immenses éclats de rire. Un demi-siècle après Nicolas Bouvier, ces beatniks du XXIe siècle tracent la route comme d'autres se retirent dans un monastère ou un ashram. Ils font retraite dans le mouvement avec pour seuls mantras : ne pas perdre son temps et se consacrer à l'essentiel. Dans ce livre qui, par son style et l'intensité de son cheminement spirituel échappe à la banalité des récits de voyage, la sagesse est le graal recherché par ces fougueux aventuriers qui se sentent étrangers aux engouements tristes et vides de notre monde à demi virtuel. Tels des personnages beckettiens, ils s'interrogent sur l'absurdité de cette idéologie : faut-il voyager à tout prix ? -
Via Appia ; voyage sur la plus ancienne route d'Italie
Jacques de Saint Victor
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 12 Mai 2016
- 9782849904442
En descendant la Via Appia, cette route mythique qu'empruntaient les légionnaires romains, les éléphants d'Hannibal, les esclaves de Spartacus et les chars de Césars, Jacques de Saint Victor nous invite à un voyage peu commun. Outre le fait qu'il déteste la marche et ne se départit jamais d'un décapant sens de l'humour, l'auteur est l'un des plus fins connaisseurs de l'Italie. Au volant de sa vieille Fiat, il nous introduit dans l'Italie profonde. Loin des tours opérateurs, des exploits sportifs et de l'égotisme gratuit, c'est une plongée au coeur des mythes, au croisement des grandes cités antiques et de l'ultra-violence des mafias d'aujourd'hui. Suivre l'Appia, la plus ancienne route de l'Occident unissant le christianisme et le paganisme, l'Antiquité et le Moyen Âge, l'Occident et l'Orient, c'est retourner au berceau de la civilisation et de la vie publique. La Philosophie, la Démocratie, la Tragédie et la Comédie, Dieu et le Droit n'ont-ils pas trouvé leur source au creux de cette via publica ? Emprunter l'Appia, c'est aussi se frotter à la rudesse des « Sibéries du sud » et du populino, le petit peuple qui échappe aux statistiques et se reconnaît à son esprit « baroque », ses rites insolites et ses superstitions. D'ailleurs, la Regina Viarum, la Reine des Voies, n'a rien perdu de son antique vocation de lieu de perdition. L'auteur nous révèle certaines anecdotes inédites et troublantes sur ce Far-west fasciste, sur l'épisode des Marocchinate, sur les « nouveaux Guépards », la Camorra et la Casa Nostra, ces organisations secrètes et criminelles qui terrorisent et pillent le pays. Jacques de Saint Victor est un érudit passionnant qui a fait de cette traversée géographique un voyage heuristique, une remontée dans le temps et un petit traité du libéralisme intellectuel, ce qui n'est pas sans susciter de vifs débats avec sa femme. Naturellement, Michela, l'Italienne des Pouilles à l'irrésistible franc-parlé, est une députée féministe de gauche et professeur de philosophie morale tandis que son historien de mari ne jure que par Montesquieu et Tocqueville. Toujours dans un avion entre Rome et Paris, elle donne des conférences sur le couple pendant que lui développe « un cas préoccupant de régression touristique » en s'enfonçant dans les méandres de l'Appia. Mais n'est-ce pas aussi pour retrouver un peu de ce temps perdu de l'enfance, de cet état d'équilibre originel ?
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Tendre est la province
Thomas Morales
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 2 Octobre 2024
- 9782382847817
Comme Johnny Hallyday retenait la nuit, Thomas Morales retient la province dans un essai littéraire où l'auteur nous livre ses souvenirs d'enfance. Né au siècle dernier dans un village de moins de 2 000 habitants, il écrit un hommage sincère et enfiévré à ces « territoires oubliés » de la République. Sans folklore, sans passéisme et avec une grande tendresse, il en dessine les paysages, les habitudes, les personnages, les espoirs et les dignités, tout un cadre de vie qui a été balayé par la modernité. Ce texte aux allures de plaidoyer oscille entre le portrait intimiste d'un pays tant admiré et quelques piques adressées à ceux qui voudraient le déconstruire. C'est surtout un plongeon amusé, gourmand et culturel dans l'histoire récente de la France. Thomas Morales nous emporte dans sa balade des jours heureux, du Berry au Finistère, des plats en sauce à la Peugeot 404, des comédies de Philippe de Broca à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot, de la chanson populaire aux exploits sportifs en Mondovision, de la gare de Tracy chère à Georges Simenon au Paris canaille de la rue Mouffetard saisie par l'objectif de Robert Doisneau. Tout refait surface sous la plume de cet écrivain à la nostalgie rieuse et partageuse. Cet éloge de la province est un voyage à l'intérieur d'une France cachée et souvent méprisée. Thomas Morales en capte l'éclat et nous donne mille raisons de l'aimer.
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Un été à l'aube des années 80. Dans les rues désertes d'une ville de province et sous la chaleur des après-midi passés autour d'un lac ou d'une table de jardin, des amis se retrouvent. Archétypes de leur génération fière, désabusée et mélancolique, ils se tiennent au seuil de l'âge adulte, redoutant la bascule. Alors que la fête bat son plein, entre deux verres de gin-ananas et deux bouffées de Camel, ils s'interrogent : que faire de leur vie ? Partir ou rester ? Le temps s'étire et pourtant il faut choisir. Dans ce roman d'une nuit et d'un demi-siècle, ciselé au scalpel d'un style onirique et tendre, de futurs boomers se regardent dans le miroir de leurs occasions manquées. Un dernier verre pour la route. Un dernier disque avant que l'aube ne se lève comme un rappel à l'ordre...
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Bernard et Annabel Buffet : l'amour fou
Jean-Claude Lamy
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 3 Juillet 2024
- 9782382845608
En 1958, Bernard Buffet et Annabel Schowb de Lure se rencontrent par hasard lors d'un reportage photos sur Saint Tropez pour Paris Match. C'est un coup de foudre immédiat. Bernard Buffet, jeune peintre expressionniste hanté par la grâce et par Dieu, vient de se séparer de son amant Pierre Berger. Il traverse une période de doute profond. De son côté, Annabel est une jeune femme longiligne ayant des aventures féminines comme masculines et vivant dans l'entourage de Françoise Sagan. Elle écrit des romans qui ne sont pas sans rappeler d'ailleurs ceux de l'autrice de Bonjour tristesse. Leur histoire d'amour fusionnelle a duré une trentaine d'année jusqu'au suicide de Bernard Buffet en 1999 qui souffrait de la maladie de Parkinson. Leur vie, c'est à la fois la folle liberté de Saint Germain des Pré et de Saint Tropez, le soleil éclatant et les amis extravagants. Mais la mélancolie se cache derrière le soleil. La mère d'Annabel, femme libre, amatrice de bateau, s'est suicidée. Son propre père suivra le même chemin. La mère de Bernard Buffet est morte prématurément, ce qui a traumatisé le futur artiste. Tant d'ombres expliquent les fêlures de ces deux artistes qui cèderont notamment à l'addiction de l'alcool, mais il y a une chose intacte qui est le coeur de ce livre : leur folle histoire d'amour fusionnelle, surréaliste, digne d'un roman d'André Breton. Grâce à des documents inédits l'ancien journaliste et biographe Jean-Claude Lamy raconte ces folles années 50, 60, 70 et 80, où l'incandescence de la vie se confondait avec la liberté créatrice. Ce récit est à la fois une biographie croisée, l'histoire d'une folle passion et le portrait de deux artistes qui aujourd'hui encore séduisent les jeunes générations comme Matthieu Chedid.
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Les misères des enfants trouves Tome 1
Eugène Sue
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 13 Septembre 2023
- 9782382846179
La saga de la rentrée, un feuilleton en quatre épisodes haletants ! Sologne - 1845. Le petit peuple trime du matin jusqu'au soir, tentant de faire naître quelque chose des terres marécageuses ingrates, l'estomac et les mains chaque jour plus vides. Les riches, blasés et impitoyables, galopent à travers champs, sur les fidèles destriers lors de prolifiques parties de chasse, et rivalisent de bêtise et d'orgueil lors d'exubérantes réceptions. Sans jamais oublier d'encaisser les loyers et fermages de leurs chers paysans. Mais dans ce « meilleur des mondes » campagnard, quelques grincements souterrains agitent soudainement la tranquillité des nantis. « Bête-Puante », le braconnier qui distribue sa chasse aux miséreux, est partout et semble tout savoir... « Bamboche », le forçat, s'est échappé et rode dans la forêt. Et que fait Martin, l'énigmatique valet qui semble si bien connaître le roi ? Beaucadet, le gendarme, ne pense qu'à mettre la main sur tous ces criminels... Sur les traces de son enquête, à mesure qu'il tente de démêler les fils de ces mystères, nous remontons peu à peu le temps, alors que ces anciens enfants orphelins brulaient les planches du cirque de l'homme-poisson, Léonidas Requin... A la croisée du vaudeville, de la tragicomédie à la française et du roman social, Les Misères des enfants trouvés nous plonge dans une série haletante, entre grandeur et misère, rire et larmes, dont la petite musique politique et sociale fait diablement écho à notre époque. Grand écrivain populaire du XIXe siècle, Eugène Sue est également sans aucun doute l'auteur du feuilleton de la rentrée !