Au moment où la barbarie prend des formes planétaires inédites, la figure de celle qui a été pionnière de la psychanalyse en Argentine, Marie Langer (1910-1987) mérite d'être mieux connue du public français. Les valeurs qu'elle a défendues, les combats qu'elle a menés pour la liberté, la prise en compte de l'influence de la société sur l'individu, les droits des femmes ou encore la nécessité du dire, sont toujours d'une criante actualité. La conviction profonde de Marie Langer pourrait se résumer ainsi : la psychanalyse est l'une des meilleures armes de la civilisation contre la barbarie et l'oppression des minorités.
La psychanalyse est une théorie de l'appareil psychique qui met en lumière la double vie de l'être humain : celle du corps et celle de l'esprit. C'est aussi une éthique qui rappelle que notre destin, c'est de "croître en humanité". Souvent combattue, calomniée et trahie, la psychanalyse n'en fait pas moins partie de notre culture. Elle apporte un éclairage spécifique dans des domaines aussi différents que la médecine, la pédagogie, le travail social, l'analyse politique... La psychanalyse reste un discours qui permet de lire "autrement" ce qui se joue en nous et hors de nous.
Les auteurs décrivent le sujet encore largement méconnu la relation de couple, de sa pathologie et de sa thérapie. Quittant les chemins battus, ils se sont fondés sur une observation minutieuse et sans préjugés de la clinique. Leurs résultats mettent au jour non seulement une foule de mécanismes relationnels jusqu'ici inconnus ou banalisés (restés dans l'ombre), mais aussi le fonctionnement psychique individuel aberrant qui les sous-tend. Le lecteur est amené à les suivre pas à pas dans le questionnement sur la genèse d'une telle monstruosité, à traverser des apparences souvent très trompeuses pour parvenir aux territoires sombres, dangereux et destructeurs de la relation perverse du couple.
La mémoire est vivante, sensible aux effets que le présent exerce sur elle. Avec le temps, elle travaille et fournit des récits diversement composés, des variations du roman familial, comme si l'on était plusieurs, successivement, à l'intérieur de soi. La psychanalyse est le lieu où l'on peut observer électivement le phénomène : ces modifications s'y produisent de façon plus rapide, sollicitées par la marche de la cure, comme a pu l'observer l'auteure. Mais elle a constaté aussi que chacun, pour peu qu'il soit attentif à ce qui évolue en lui, à ses remaniements internes, peut en prendre conscience au long des années.
Enrique Pichon-Rivière (1907-1977) fut psychiatre à Buenos Aires. Il revitalisa la tradition clinique française. Psychanalyste, il est un des fondateurs de la Asociacion psicoanalitica argentina. Grand enseignant, il intègre certains concepts kleiniens avant de s'orienter vers l'élaboration d'une théorie sur la psychologie sociale. Il était naturel que l'Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale lui consacre ce recueil qui s'ouvre et se ferme sur deux textes de cet homme remarquable.
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Choc des cultures ! Ronde infernale des mots armés : racisme, esclavage, colonialisme, ethnocide, eugénisme, dégénérescence, xénophobie, ségrégation, multiculturalisme, appartenance, identité nationale, discrimination, intégration, libertés individuelles... Différences culturelles à promouvoir (indianité, négritude...) ou droit à la fluidité identitaire, au métissage universel ? Psychiatrie coloniale et Frantz Fanon, la psychanalyse entre deux. Merah, Breivik se veulent les défenseurs de la pureté culturelle, paranoïa apocalyptique...
Antonin Artaud a donné lieu à de nombreux commentaires et analyses comme acteur, metteur en scène du théâtre de la cruauté, poète. Interné pendant des années, il a déchaîné beaucoup de passions contre l'enfermement psychiatrique. Antonin Artaud fascinait à tel point qu'on l'a vu longtemps comme la victime expiatoire de la folie des autres et d'un monde qui sombre dans l'apocalypse. Ce livre tente d'approcher la nature de la folie.
Jean-Paul Descombey s'est attaché à étudier, essayer de comprendre et faire connaître la biographie de Schumann, la composition de ses oeuvres musicales, pianistiques, instrumentales et vocales, la constitution de l'extraordinaire couple de musiciens formé par Robert et Clara Schumann, pour se pencher finalement, mais en dehors de toute intention réductrice, sur la problématique mélancolique et addictive de ce créateur d'une oeuvre immense et merveilleuse.
Au croisement de la psychanalyse et de l'anthropologie, les tensions entre corps et amour sont marquées par l'empreinte des civilisations et des cultures mobilisant de nouvelles formes de subjectivité. Face aux violences des mutations sociales et culturelles, l'amour reste néanmoins l'un des paradigmes contemporains. Les auteurs, psychanalystes, philosophes, sociologues et écrivains, explorent ici des courants de pensée novateurs, ce qui donne à cet ouvrage toute sa force pour approfondir les aventures des passions humaines.
L'histoire tragique de gens typiques de notre temps qui traînent leur vie de castration, d'inhibitions oedipiennes et qui encombrent leur psyché de désirs sexuels inconscients, de leur Moi névrotique, mais ils comprendront, petit à petit, que l'amour s'amène avec sa peine. S'ils élucident le "projet" de Fatima, peut-être apprendront-ils aussi que l'amour et le bonheur ne sont pas le but du voyage mais une façon singulière de voyager.
Voici une réponse sans a priori mais sans concessions à l'essai de Michel Onfray sur l'oeuvre de Freud : l'auteur répond point par point à ses critiques. Le texte de M. Onfray n'étudie que la partie théorique de la psychanalyse en faisant l'impasse sur sa pratique. Ceci pousse l'auteur à débusquer tout un pan de l'activité théorique du psychanalyste : chaque séance doit être soutenue par une visée théorique. Chaque séance apprend quelque chose au psychanalyste.
Cet ouvrage s'efforce d'explorer ce qui se passe dans la cure psychanalytique des enfants névrosés et de montrer que peut y être accompli avec eux un véritable travail analytique, comparable à celui qui est réalisé dans la cure classique des adultes névrosés. Il s'intéresse également à l'application du traitement analytique aux enfants qui présentent des pathologies non névrotiques et non exclusivement psychotiques et soutient qu'un modèle très différent de celui de la névrose doit y être utilisé pour parvenir à modifier favorablement et durablement les perturbations de leur fonctionnement psychique.
Alain Delbe poursuit l'étude de la dimension psychique de la voix, entamée par la publication en 1995 de son essai Le Stade vocal, aux éditions L'Harmattan. Il y présentait une conception de la construction de la subjectivité et de l'accès au langage centrée sur un stade où l'enfant reconnaît sa voix comme lui appartenant. Il s'est proposé ici d'approfondir cette exploration selon deux nouveaux axes : le premier concevant la voix comme un signifiant, et le second basé sur le dégagement d'un Moi vocal.
Cet ouvrage s'adresse à tous les amoureux de Rome et de l'Italie, aux passionnés de Freud et de la psychanalyse. Il propose un parcours baroque. Une promenade avec un Freud sensuel sous le soleil de la Ville éternelle. Savoir tout ou presque sur la difficile implantation de la psychanalyse en Italie. Savoir ce qu'il en est des rapports entre le Vatican et Freud. Un Freud passionné d'archéologie. L'antiquité romaine sera aussi au rendez-vous.
Jade, figurante prédestinée d'une histoire familiale, ô combien cruelle, décide de partir sur le lieu de ses origines, Hué. Psychanalyste, elle part explorer un monde inconnu qui résonne encore du bruit de la guerre. Accompagnée de l'auteur dans ce périple, ils parviennent au bord du "trou noir", de l'angoisse de non-origine et plongent dans l'inconscient originaire et ses mythes. Ils iront sur les lieux saints du bouddhisme, puis au Vietnam...
Une analyste voudrait transmettre à ses jeunes collègues ses années d'expérience, dire en même temps sa gratitude envers les Anciens, si inventifs. Les moments de quelques vies sont ici contés dans un style clair. Des incidents imprévisibles, survenus dans la cure, comme autant de signes de vie, du dehors ou du dedans de la maison de l'analyste, le "cadre" étant strictement respecté, ont eu un effet mutation. Le lecteur lira ici l'oeuvre d'une vie de femme, d'analyste, d'écrivain.
Les attentats terroristes de Paris et Bruxelles ont placé la panique au premier rang de la scène publique. Certains individus entretiennent un tout autre rapport avec la panique. Ils font des crises d'angoisse paroxystique en l'absence de toute expérience stressante ou catastrophique. De quels rouages inconscients ces foudroyants assauts de subjectivité sont-ils le fruit ? L'expérience du divan peut-elle permettre de déconstruire l'horreur panique ?
Le langage, en tant que corps et expression de la pensée ou médium de la communication, connaît de nombreuses altérations. Séglas va donc décrire minutieusement les troubles de la "fonction langage" dans ses différentes modalités. Au coeur de l'ouvrage, à la section des "dysphasies" fonctionnelles, se trouve ce qui fera du livre un grand classique de la psychiatrie : une description novatrice des hallucinations verbales. L'exposé raffiné et soigneux que Seglas nous offre ici n'a nullement perdu de son intérêt au vu de la richesse sémiologique de ses observations cliniques.
Freud avait repéré l'occurrence de la scène primitive chez L'Homme aux Loups. Il s'était posé la question : cette scène, où l'enfant surprend ses parents en train de faire l'amour, réalité ou fiction ? En inventant la psychanalyse, il opéra sur le plan de la méthode un renversement de l'objectivité à la subjectivité. L'auteur suit la piste de ses propres rêves à partir d'une question que se posent beaucoup de personnes : ai-je été victime d'un viol dans mon enfance ? Puis-je me fier à mon souvenir ? Est-ce fantasme ou réalité ?
Les rêves éveillent la curiosité ; ils constituent notre jardin secret. Evidemment, on n'a pas toujours le choix de l'oubli. Le rêve est-il point de départ d'une rêverie solitaire, ou plutôt point de départ d'un dialogue avec un psychanalyste ? Dans ce cas ce sont les associations du rêveur qui comptent, son monde intime qui se dessine. Ou encore le rêve comme point de départ d'un itinéraire biblique ou littéraire ? Grâce aussi aux recherches récentes, ce livre ouvre de larges perspectives.
A travers une série de thèmes qui reflètent les problèmes de notre vie en société (éducation, politique, compétition, inégalités, guerre...), l'auteur s'interroge sur la forme que les sociétés ont prise. Ces sociétés ne semblent pas apporter, à la plupart de leurs membres, l'épanouissement que l'on pourrait espérer d'une espèce intelligente. Dans cet ouvrage, le lecteur est invité à parcourir l'itinéraire psychologique de notre espèce qui, lentement, tend à développer des attitudes que l'on pourrait qualifier d'humanescentes, c'est-à-dire qui rendent plus humain.
C'est dans cet ouvrage classique que William James (1842-1910) affirme sa célèbre théorie selon laquelle l'émotion ne serait "rien autre que la sensation des effets corporels réflexes de ce que nous appelons son objet" : grossièrement, nous sommes tristes parce que nous pleurons, et non parce que nous sommes envahis par une immense affliction. Cette tentative de donner corps, littéralement, aux vécus psychiques, a été contestée par différents mouvements neuropsychologiques, mais trouve aussi des partisans parmi certains psychophysiologistes actuels.
Après avoir parlé de la fin de vie et de la mort, dans le cadre des soins palliatifs, dans son précédent ouvrage Questions de vie et de mort, Florence Plon aborde ici le sujet par le biais du deuil et de sa traversée. Quel est-il, combien de temps dure-t-il, comment s'en emparer pour n'en être pas désemparé ? C'est aussi une réflexion sur la fin de vie : ne pas mourir avant l'heure, mourir à son heure.
Dans ce qui se joue à l'intérieur de l'espace de la séance analytique, espace des transferts, il existe un intervalle où la relation entre la source, la pulsion et le fantasme, entre la voix et les représentations verbales, entre les innervations organiques et l'agir, est à interroger. Intervalle fait des mots, des bruits, des sons, des gestes, des images qui donnent raison de l' « absent » qui n'arrive à se préfigurer, parfois, que dans le silence des mots. Retrouver la parole, là où elle n'est qu'une empreinte, une marque, cela nécessite alors, une activité qui se dessine à travers des registres discursifs différents où le fil tendu entre écoute et regard permet d'accueillir tout ce qui, du vécu du sujet, est empêché d'être entendu.