Le « Je préférerais pas » du Bartleby de Melville n'est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Ne nous sommes-nous pas progressivement autorisés à refuser la limite, à rejeter la contrainte, toutes deux étant aujourd'hui « ressenties » comme des atteintes au développement de notre individualité ?
Jean-Pierre Lebrun lance une alerte : il existe un lien étroit entre la construction psychique individuelle et la dimension sociétale aujourd'hui largement tributaire de l'idéologie néolibérale. Notre société en mutation n'a pas pris la mesure de la nécessité de mettre fin au fantasme de toute-puissance de l'enfant pour qu'il devienne un citoyen responsable et non pas uniquement un consommateur avide, pris toujours davantage dans des addictions.
Le vivre ensemble dans nos démocraties s'en trouve ainsi mis en grande difficulté. Les impasses actuelles de la vie collective sont interrogées et illustrées par cette légitimité donnée à l'enfant comme à l'adulte d'énoncer un « Je préfèrerais pas » qui permet de se soustraire à toute contrainte ou obligation, sans même avoir à la contester.
Au début des années 1990, en marge de ses propres recherches, Patrick Tort découvre que les États-Unis, par le truchement de leurs fondations philanthropiques, ont financé le nazisme avant de le combattre. Dans cet essai, il montre comment leur puissance s'est construite sur l'intégration des productions de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales, l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix.
S'appuyant sur les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, l'auteur conduit une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de totalitarisme. Il met en évidence la manière dont les États-Unis ont fabriqué, grâce à la propagande politique, la publicité commerciale, la psychologie des foules et les technologies de l'influence, un nouveau totalitarisme euphorisant et consensuel dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
Pour les ados particulièrement, les récits de fiction, mangas, sagas, séries, univers de jeux, sont un élément vital, viral et omniprésent. Malgré le côté incontestablement commercial de certaines oeuvres à succès, ils en font quelque chose de très personnel et de collectif en même temps.
L'indétrônable Harry Potter, Naruto, One Piece... dessinent les contours d'une culture adolescente, dont ils constituent les nouveaux mythes. Loin de ne faire que consommer, les jeunes se réapproprient, réinventent, échangent, écrivent, mais surtout vivent, à travers les fictions, l'expérience, en première personne, d'une construction de soi, forcément chaotique. Supports d'une initiation singulière, ces récits les aident à entrer dans le monde adulte... tout en retardant cette échéance.
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » est la devise qu'illustrent les combats, la souffrance des héros ou anti-héros, la violence omniprésente, une violence qui pourrait venir de l'intérieur... Entre bien et mal, narcissisme et charisme, les personnages les plus populaires sont aussi les plus troubles. Aux limites de l'humain. Face aux monstres de la crypte, les fameux pouvoirs des héros sont sans doute nécessaires pour affronter les risques et sauver sa peau.
Ainsi ces mythes contemporains dressent le portrait-robot d'une jeunesse désorientée, en proie à l'incertitude, mais plus créative qu'on ne le croit souvent.
Les critiques féministes de notre temps ne veulent plus entendre parler du phallus, le considérant seulement comme un symbole du pouvoir masculin, malencontreusement promu par la psychanalyse.
Les discours et les lois ont, au long des temps, voulu intégrer le féminin entier dans une grammaire phallique, l'un qui l'a et l'autre qui l'est, à l'aide de logiques fantasmatiques et de femmes mythiques. Freud en a montré le ressort inconscient, masqué derrière les discours chrétiens, mais il a semblé considérer lui aussi que le féminin s'y résumait.
Cette grammaire toute phallique est récusée et rectifiée par Lacan qui constate au contraire qu'elle ne rend pas compte du féminin en son ensemble. Il décrit la logique nouvelle qui divise les femmes entre une position de sujet, massivement intégrée désormais dans les discours, et le choix d'une féminité qui se déploie hors de cette fonction phallique du discours, les deux cohabitant fort bien le plus souvent.
Si les savoirs feministes s'enoncent au nom de toutes les femmes et de toute la femme, les logiques analytiques se choisissent, en partie independamment du sexe, entre un tout de l'Homme et un pas-tout des feminites. Déchiffrer ainsi la fonction du phallus la rend progressivement contingente, en la montrant à l'oeuvre dans les deux sexes.
Un ouvrage richement illustré
Lire l'entretien avec Michèle Forestier (propos recueillis par Audrey Minart)
De la naissance aux premiers pas : laissons les bébés bouger !
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance :
Le passage par le quatre pattes est-il important ?
Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ?
Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ?
Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Cet ouvrage vivant et pédagogique, largement illustré de photos et de dessins, incite à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs, mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude. Il propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au bébé toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Une affiche (format A3) est disponible sur demande à : a.bardou@editions-eres.com
Le président Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de faire de la lecture une grande cause nationale pendant une année (été 2021-été 2022) pour mobiliser l'ensemble de la chaîne du livre, redonner le désir de lire, transmettre le goût de la lecture au plus grand nombre.
Il convient dès lors, nous dit-on, d'agir dans tous les espaces et à tous les temps de la vie, en particulier le plus en amont possible, c'est-à-dire dès la très petite enfance.
La littérature au berceau est alors convoquée, ne contribuerait-elle pas à développer le langage, à favoriser l'entrée dans l'écrit ? Accompagner les plus jeunes vers la lecture, pour que, demain, ils soient de grands lecteurs ou tout simplement des lecteurs, voilà donc un projet bien ambitieux !
Mais pour remettre la lecture au coeur de la vie des petites Françaises et des petits Français, encore faudrait-il clairement saisir ce que lire signifie pour un bébé, un tout-petit.
Précisons, les bébés lecteurs, si souvent célébrés, n'existent pas. Il n'existe, aux aubes naissantes de la vie et durant toutes les premières années, que des lectures partagées. Des adultes (ou des enfants plus grands) lisent AVEC des bébés ou des tout-petits. Et dans cette rencontre autour du livre, qui précède toute lecture, le vocabulaire pédagogiste, développemental, littératique ou linguistique, doit toujours demeurer second : « lire avec » ne saurait constituer une « activité » extérieure au moment, aux personnes (leur histoire, leur milieu social, culturel), tout autant qu'au texte et aux images lus.
Encore faut-il que les livres pour enfants, et les albums en particulier, qui accordent une part importante aux images, acquièrent une légitimité culturelle qu'ils sont encore loin d'avoir conquise. Même si la critique les étudie, si l'université les consacre, si des chercheurs les analysent, ils demeurent encore trop souvent des oeuvres mineures, une petite littérature pour tout-petits. Ainsi, avant d'attirer de nouveaux lectorats, ne conviendrait-il pas de revisiter voire revitaliser la relation qu'entretiennent les très jeunes générations avec le livre et donc avec l'autre et l'humain ?
Jean Oury s'est formé à la psychiatrie avec François Tosquelles et auprès de différentes personnalités de la psychiatrie et de la psychanalyse : Lacan, Ey, Bonnafé, Ajuriaguerra, Daumezon... En appui sur une culture encyclopédique, il a proposé une psychiatrie pétrie d'humanité qui a fait école en France et dans divers pays. Avec ses nombreux amis, il a su remodeler une psychiatrie accueillante et sans discrimination. Des milliers de stagiaires du monde entier sont venus apprendre auprès de lui et de son équipe, dans la clinique de La Borde, les conditions de mise en oeuvre de la psychothérapie institutionnelle. Son enseignement a été rendu possible par ses séminaires hebdomadaires de La Borde, ses séminaires mensuels de Sainte-Anne à Paris, sur plusieurs décennies, et ses très nombreuses publications, livres, articles, revues et conférences, dont une partie seulement est éditée.
« J'essaie de comprendre pourquoi je suis, et je reste, un homme, même si je ne suis pas que cela.»
Daniel Welzer-Lang, homme et sociologue, professeur en études genre à Toulouse, décrit son parcours où expériences personnelles et recherches sont intimement liées. Il montre comment l'étude des hommes, de leurs changements comme de leurs résistances, enrichit l'analyse globale de la domination masculine hétéronormative.
Auteur de plus d'une vingtaine de livres sur le genre, le masculin et les sexualités, témoin et souvent acteur des évolutions sur le genre depuis plus d'une trentaine d'années, il ethnographie les coulisses du masculin, y compris dans les lieux de sexualités gais, bisexuels et libertins.
Tout en explicitant ses méthodes empiriques, il présente ses analyses de la révolution actuelle du genre qui traversent époques et thèmes : de l'accueil des hommes violents par des hommes antisexistes dans les années 1980 à l'expression des fluidités de genre au sein des nouvelles générations, en passant par les liens entre homophobie et violences faites aux femmes, les renégociations sur le propre et le rangé dans l'espace domestique ou les questions sur le libertinage comme utopie.
« Lorsqu'au début (mars 2020) des mesures politico-sanitaires autour de la pandémie j'ai constaté qu'une majorité de psychanalystes lacaniens s'enfermaient chez eux, renonçaient à recevoir en présence des analysants et pratiquaient éventuellement la télé-analyse, cela fut un choc et je fus envahi par des sentiments de colère et de solitude. Ainsi mes collègues désertaient-ils leur poste en pleine tempête et se calfeutraient dans leur domicile, retranchés derrière des injonctions qui en fait ne les concernaient pas puisqu'on était autorisés par dérogation à se déplacer pour des soins ! Quelle démission ! L'argument selon lequel la psychanalyse n'était pas une profession réglementée ou qu'un psychanalyste n'est pas un soignant m'apparaissait scandaleux et de mauvaise foi. La psychanalyse n'a-t-elle pas été par identifiée par Lacan, en 1973, à un poumon artificiel face à l'angoisse déclenchée par les progrès de la science ? Et là, la science était appelée en renfort d'une politique impuissante !
Je mis quelque temps à relier les sentiments que j'éprouvais à mon histoire personnelle. Suite à une tuberculose, attrapée sans doute à l'hôpital où j'étais externe et après avoir justement été vacciné par le bcg, j'avais été atteint par l'épidémie et je dus me confiner dans un sanatorium quelques mois. Expérience très riche qui m'avait conduit à demander à Lacan de faire une analyse.
L'excès des sentiments qui m'envahissaient se changea vite en réaction de ne pas en rester là et de les transformer en ce que j'appelle "épreuve de vérité". Comment des analystes lacaniens pouvaient-ils aborder les événements en se fixant sur des personnifications guignolesques du virus sans même prendre le temps d'analyser les effets des discours qui sont tenus sur lui et qui encadrent les significations et les actes que cela autorise. Qu'en était-il de l'acte du psychanalyste ? Derrière son écran d'ordinateur ?
Il me fallait prendre la parole en public. Pas pour seulement m'insurger, dénoncer ce qui me choquait, mais dire mes raisons de pratiquer autrement. » E.P.
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
Né d'une alerte scientifique qui s'est progressivement affirmée à partir des années 1970, le changement climatique constitue un élément récurrent du paysage scientifique, mais aussi politique, et médiatique. Si on note aujourd'hui une reconnaissance publiquede cet enjeu, il subsiste malgré tout face à ces problèmes climatiques une forte réticence qui prend des formes multiples, et qui joue un rôle négatif majeur dans un contexte où des décisions rapides sont nécessaires.
Des enquêtes régulières le montrent : si l'existence d'un réchauffement en cours n'est plus vraiment contestée, le rôle essentiel de l'augmentation des gaz à effet de serre n'est en revanche pas toujours bien compris, et l'ampleur des changements attendus, la responsabilité des activités humaines continuent de faire l'objet d'interrogations.
Par ailleurs, le problème climatique n'est que rarement analysé comme un problème rapidement évolutif. C'est sans doute là l'un des points les plus paradoxaux et les plus difficiles : le problème du changement climatique engage notre futur de manière irréversible sur des durées très longues. Pourtant, il suscite auprès d'une partie probablement majoritaire de l'opinion publique une forme de lassitude, face à des alertes climatiques qui sont perçues comme la répétition sans fin des mêmes arguments, comme inutilement anxiogènes et déconnectées des problèmes plus immédiats qui affectent nos sociétés. »
Les problèmes climatiques sont transdisciplinaires (au sens des disciplines scientifiques), trans-activités (au sens des activités économiques), trans-enjeux (au sens des enjeux environnementaux) et trans-acteurs... Ils doivent se concevoir en fonction d'échéances très courtes comme d'horizons plus lointains. Comment aider à élaborer aujourd'hui des solutions ?
Décider des politiques, à l'échelle des grandes transitions énergétiques comme à celle de l'aménagement du territoire, demande plus qu'un point de vue strictement descendant allant de l'information scientifique vers les décideurs et les citoyens. Si l'alerte climatique est une affaire de consensus et d'unanimité, le passage à l'action, la prise de décisions réclament des lieux de débat, où l'on puisse évaluer des actions et des stratégies alternatives, argumentées, entre lesquelles les décisionnaires trancheront.
Lire l'entretien avec Anna Tardos et Geneviève Appell
À travers de nombreuses descriptions, photos et séquences vidéo, Geneviève Appell nous invite à partager son regard sur le bébé et à nous émerveiller de voir chaque enfant développer à sa manière ses propres compétences pour peu qu'il soit accompagné par des adultes attentifs dans un environnement à la fois riche et sécurisant.
En s'appuyant sur les travaux originaux d'Emmi Pikler et sur leurs implications pratiques pour le bien-être quotidien de Bébé, elle nous livre ses propres observations et découvertes qu'elle accompagne de nombreuses propositions concrètes pour aider les parents et les professionnels à trouver leur chemin avec un tout-petit.
Cette approche réfléchie et empathique, qu'elle décrit minutieusement, n'a rien d'exotique. Proche de nos manières d'être et de faire habituelles, elle s'en différencie par des détails apparemment minimes mais porteurs d'effets importants. En effet, quand l'adulte a confiance en la force de développement de Bébé, il lui donne la possibilité d'être actif par lui-même dans une tout autre dynamique que « l'apprentissage classique ».
Tous deux pédiatres et contemporains, Donald Winnicott (1896-1971) et Emmi Pikler (1902-1984) sont très différents. L'un, anglais, connu pour sa fantaisie, son humour et son absence de dogmatisme, est devenu une figure emblématique de la psychanalyse. L'autre, issue de la Mitteleuropa, a dirigé avec rigueur, sérieux et exigence la pouponnière de la rue Lóczy à Budapest.
Et pourtant, entre Winnicott et Pikler, les convergences sont remarquables, tant dans leurs représentations du développement de l'enfant que dans celles du rôle de son environnement humain et matériel. Patrick Mauvais les analysent comme autant de ressources à explorer par les professionnels de l'enfance : les soins corporels, l'attention à l'environnement humain et matériel, l'activité libre et la capacité à être seul, la qualité de présence des adultes auprès du bébé, la formation des professionnels, l'observation de l'enfant, attentive, individualisée, continue et partagée en équipe...
Vingt ans après L'homme sans gravité, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun poursuivent leur dialogue sur les conséquences de la mutation de société à l'oeuvre depuis près d'un demi-siècle, véritable bouleversement anthropologique pour la vie collective et la subjectivité de chacun.
À partir du film Petite fille, exemplaire sur la problématique de la dysphorie de genre en pleine expansion, ils se demandent si la possible autodétermination de l'enfant qui serait capable de se penser sexué à partir de lui-même est une avancée sociétale ; ou si elle témoigne d'un déni de la réalité, en l'occurrence anatomique, d'une récusation du sexuel et d'un refus de consentir à ce qui le détermine en tant qu'être parlant.
À travers l'actualité brûlante où les présupposés implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même, ils osent s'attaquer au point crucial : l'évolution de notre société nous entraîne-t-elle vers davantage de civilisation ou contribue-elle à nous déciviliser ?
Les nouvelles formes de parentalité et la compréhension des enjeux qui les traversent sont au coeur de l'actualité. Les débats récents pour la révision de la loi de bioéthique en témoignent. Cependant, aucun ouvrage, même en anglais, ne traite spécifiquement de ce sujet, et encore moins du vécu des pères et de l'impact sur le couple de cette aide médicale à la procréation. Isolés et en manque d'informations, les 800 à 1 000 nouveaux couples demandeurs d'un don d'ovocytes chaque année en France sont en attente de ce type de livre.
Ce travail, issu d'une recherche universitaire menée auprès de couples pendant et après la grossesse, au sein d'un Centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme (cecos), s'est enrichi au fil des années dans le cadre d'une pratique de psychologue clinicienne, notamment au sein d'un service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction.
Tout en maintenant une approche scientifique, l'auteur s'attache à transmettre des éléments de réflexion, cliniques, éthiques et sociétaux, dans un langage accessible à tous : couples concernés et professionnels qui les accompagnent (gynécologues, biologistes, pédopsychiatres, psychologues, infirmiers, sages-femmes, puéricultrices, pédiatres...).
En quelques années, les technologies numériques ont bouleversé notre vie publique, nos habitudes familiales et même notre intimité. Les parents et les pédagogues en sont souvent désorientés. Les balises que j'ai appelées « 3-6-9-12 » donnent quelques conseils simples articulés autour de quatre étapes essentielles de la vie des enfants : l'admission en maternelle, l'entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l'écriture, et le passage en collège. A nous d'inventer de nouveaux rituels.
Découvrez l'affiche de la campagne en téléchargement gratuit ici ou en format A1 (poster) ici au prix de 3 EUR
Littérature, arts, politique, enseignement, journalisme, culture..., toutes les strates de la société sont infiltrées de psychanalyse, et l'ont profondément intégrée. Cependant, le seul domaine dans lequel elle se trouve rejetée reste étrangement le monde de la santé et le système de soins.
La médecine, toujours plus technicienne, travaille à la disparition du symptôme considéré comme dysfonctionnement organique, alors que, pour la psychanalyse, « le corps ne ment pas, il énonce une vérité du sujet invisible à la conscience », ce que cet ouvrage s'attache à explorer par de multiples approches. De quelles complexités inconscientes les corps tentent-ils de s'extraire en multipliant symptômes, maladies et passages à l'acte ?
Psychanalystes et médecins affrontent les énigmes posées par les maladies somatiques et tentent d'améliorer les approches contemporaines de cette « clinique du fracas » : maladies graves, auto-immunes, lésions corporelles, douleurs... A partir d'exemples cliniques, les auteurs montrent la nécessité d'articuler corps et langage pour un système de soin à l'écoute du sujet.
Collection « Le corps a ses raisons » publiée avec l'Association psychanalyse et médecine
Ce livre marque clairement une révolution dans la manière de penser le développement précoce du bébé. Durant des décennies de travail scientifique, les chercheurs ont soutenu que le bébé naissait sans capacités, pour en acquérir au fur et à mesure de sa croissance physique et psychique.
À l'encontre de cette littérature qui le décrit comme un être passif, entièrement soumis à l'autre, Erika Parlato-Oliveira présente le bébé comme capable et actif dans sa propre constitution psychique. Dans une approche novatrice, elle expose ce que nous savons aujourd'hui sur ce que savent les bébés, à travers diverses recherches récentes menées à travers le monde. Le bébé nous révèle sa condition surprenante d'interprète de ce qui lui vient à travers les perceptions qu'il construit et nous montre par différents moyens expressifs ce qu'il veut nous dire sur ce qu'il vit.
En guidant le lecteur vers une reconnaissance de ces savoirs et de la capacité interprétative du bébé, elle fournit aux professionnels de précieux indicateurs pour repenser et transformer leur écoute, leur regard, et plus généralement leur clinique auprès du bébé.
Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, sont un phénomène contemporain et sociétal en pleine expansion, accéléré par l'utilisation massive d'Internet. Ils appartiennent à un nouveau domaine d'expression de la souffrance intime que l'auteure désigne comme « pathologies de l'image ».
À partir de son expérience clinique de psychiatre spécialiste des addictions, de psychanalyste et de philosophe, l'auteure analyse les liens entre les troubles des conduites alimentaires et les représentations du corps des femmes. La prolifération spectaculaire des images, qui vont jusqu'aux photos de soi produites par soi, via les réseaux sociaux, et leurs simulacres retouchés dans les magazines de mode, participe au développement d'une relation pathologique de la femme avec son propre corps.
Ainsi l'anorexie et la boulimie permettent de mieux saisir notre époque où l'image, le corps, la mode, la beauté et le paraître constituent les termes de l'inscription postmoderne des sujets. Comment les femmes s'accommodent-elles d'un corps pris dans les attentes sociales ? Comment certaines, en parodiant jusqu'à la caricature cette idéalisation extérieure à leur propre chair, en font-elles le sacrifice ? Car tel est aussi le destin des troubles des conduites alimentaires comme pathologies de l'image : commettre le sacrifice du corps afin d'atteindre l'idéal éphémère d'une beauté contemporaine.
Les salariés sont pris dans un dilemme qui les met en grande vulnérabilité. Au-delà du besoin financier qui les tient, et malgré les contraintes permanentes qu'impose la subordination inscrite dans leur statut, ils ont pour leur travail de réelles aspirations en termes de sens, d'utilité sociale, d'identité professionnelle et citoyenne.
Cette situation permet aux directions d'entreprise d'asseoir et de pérenniser leur emprise sur leurs salariés, de façon de plus en plus savante et sophistiquée. En stimulant et exacerbant les désirs qui sous-tendent leur rapport au travail, elles parviennent à imposer de nouvelles méthodes d'organisation et d'implication des salariés, toujours plus déstabilisantes et délétères.
Danièle Linhart décrypte la capacité patronale à faire renaître, sans cesse, sa domination, afin de préserver, voire sublimer, un lien de subordination qui devient de plus en plus personnalisé et intrusif, et qui compromet toute capacité collective des salariés à s'emparer des véritables enjeux du travail. Des DRH « bienveillantes » et préoccupées du « bonheur » de leurs salariés aux « entreprises libérées » par leur leader, en passant par l'esprit start-up et l'offre éthique, l'auteure analyse tous ces faux-semblants des innovations managériales qui paralysent l'intelligence collective.
La main ou l'outil ? La sage-femme ou le chirurgien ? Ces deux questions dessinent une alternative, a priori radicale, autour du rôle de ceux qui accompagnent les naissances d'hier à aujourd'hui.
En effet, au cours de l'histoire, les accouchements se sont peu à peu technicisés. La main et, au-delà, l'exercice des cinq sens ont été remplacés, prolongés ou amplifiés par des outils et des machines. De nombreux récits, gravures, tableaux et témoignages l'illustrent.
Toutefois, cet ouvrage s'efforce de questionner l'opposition facile entre sages-femmes à mains nues et accoucheurs instrumentés. Car si les chirurgiens continuent longtemps à faire usage de leurs mains, les sages-femmes, mieux formées depuis le XIXe siècle, utilisent les forceps à domicile en cas de nécessité. Aujourd'hui dans les naissances hospitalières, de plus en plus médicalisées, comment la main et les cinq sens des soignants sont-ils encore sollicités ? Que reste-t-il du « tour de main » des praticiens d'autrefois ?
Des spécialistes de disciplines différentes (histoire, sociologie, anthropologie, médecine) venant de divers pays (France, Allemagne, Grande Bretagne, Suisse, Italie, Etats-Unis), des sages-femmes et des obstétriciens d'aujourd'hui contribuent à construire une histoire nuancée des changements techniques progressifs dans l'art de naître.
Le nouveau-né n'est pas seulement le produit de ses relations primordiales. Très tôt, il peut avoir un pouvoir d'action sur l'autre et sur le destin de la parentalité. C'est le pari de l'auteure qui s'appuie, pour le soutenir, sur les productions du tout-petit, élevées au rang de langage. Elle nous invite à rencontrer un bébé au travail et à oser faire l'hypothèse d'un sujet analysant aussi jeune soit-il.
En déplaçant l'attention restée trop longtemps centrée sur le discours du parent ou le savoir du soignant, Marie Couvert montre que les professionnels peuvent prendre résolument appui sur la part active du bébé pour orienter leur clinique. A travers le récit de séances, où elle met en évidence les initiatives et les créations du bébé et ce qui fait insistance chez lui sous la forme de trait, elle dessine des perspectives novatrices pour dynamiser le cours de ces cures.
Ce paradigme du trait initié par le bébé vient infléchir les théories psychanalytiques, restées rivées au champ du sémantique. Il bouscule également le champ de la recherche et de la prédictibilité parce qu'il constitue une sorte de savoir que le tout-petit met à notre disposition. La clinique du trait pose ainsi un autre regard sur le tout-petit sujet et accuse réception de l'inédit.
Ce livre est une invite à penser l'inceste ou plus exactement les incestes, car il n'est pas une seule façon de fabriquer une famille incestueuse. Ce n'est ni un traité de victimologie ni un ouvrage à but thérapeutique, mais une incitation à décrypter les mécanismes, les stratégies conscientes et inconscientes et les significations de l'inceste. La question de l'inceste dépasse de loin la problématique de la criminalité sexuelle. L'inceste est un crime contre l'humanisation qui perdure depuis que le monde des mammifères a engendré, avec le langage, l'être humain et son besoin d'être institué dans une filiation.
Les mouvements sociétaux récents qui permettent que l'on entende la parole des victimes ont engendré une frénésie législative pénale (quatre lois en cinq ans !). Or on ne peut combattre par la seule force répressive une problématique qui est plurimillénaire et surtout solidement ancrée dans nos inconscients individuels et collectifs.
Aujourd'hui, nous en sommes au temps de la compassion : les gouvernants, après des années d'ignorance où l'on n'écoutait pas plus les victimes que ceux qui produisaient des travaux de recherche en sciences humaines et en droit sur le sujet, s'agitent et chacun y va de sa petite recette pour entendre/traiter/punir. Avant de fabriquer des réponses, il faudrait s'interroger sur ce qu'il y a de plus troublant : pourquoi ce crime universellement réprimé continue-t-il à se perpétrer sur des millions d'êtres humains ?
Le déclin de la référence à la psychanalyse et la médicalisation de la maladie mentale dépossèdent le patient d'un quelconque savoir à l'égard de ses troubles et de la valeur de sa parole. Ainsi la pratique clinique hospitalière s'est grandement appauvrie dans l'art de la rencontre et du dialogue. Or Jean-Claude Maleval rappelle que les psychoses ordinaires et extraordinaires s'ancrent dans une logique subjective qui doit être prise en compte dans leur traitement.
Tirant enseignement de son expérience clinique, il montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s'orienter sur une conversation, qui vise l'apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l'inconscient. Ces conversations psychanalytiques s'inspirent de stratégies spontanément utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse : productions d'écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l'acte, voire recours à l'absence de désir, aussi bien qu'à des fantasmes ou des symptômes originaux. Celles-ci témoignent d'une grande créativité qui n'a rien en commun avec les déficits cognitifs auxquels la psychiatrie actuelle tend à réduire la psychose.