Cet ouvrage est un livre d'histoire, l'histoire de ces maîtres d'école qui ont eu, au long de quelque douze siècles, le redoutable privilège de donner à des millions d'enfants les éléments de l'instruction, les clés de la culture intellectuelle, mais aussi de la conduite humaine. Étonnante continuité d'une fonction qui a enrichi ses praticiens de plus de mérites que de profits : « Hommes. de bien, plutôt qu'hommes de biens », disait déjà à leur propos un texte du XVIIe siècle... Continuité et changements car, finalement, il y a loin du magister sacristain du Moyen Âge (qui mettait trois à cinq ans pour apprendre la lecture à quelques marmots) à l'instituteur de 1980 qui, chaque année, transmet la matière d'une douzaine de disciplines à 20 ou 30 enfants si différents de leurs très anciens devanciers...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Jacques Lacan appartient à cette génération de psychanalystes qui, après Freud, n'ont cessé d'approfondir ses théories comme le firent Jones, Abraham, ou Mélanie Klein. Nul plus que lui n'a tenu à redéfinir l'essence de la psychanalyse contre toutes les falsifications dont elle a été l'objet, et à en défendre la vérité. La difficulté extrême de ses « Écrits », l'audience surprenante qu'a rencontrée son oeuvre auprès d'un public toujours plus vaste ont donné naissance à de nombreux contresens et polémiques, qui, loin d'éclairer la profondeur de son apport l'ont souvent défiguré. Le présent essai est la première tentative de préciser l'apport de Lacan à la théorie analytique. Il l'articule autour de cette coupure essentielle du Symbolique et de l'Imaginaire dont l'analyse de Freud « L'homme aux loups » fut sans doute la reconnaissance décisive et l'acte de fondation. L'oeuvre de Lacan s'inscrit aussi comme l'une des plus originales parmi les recherches contemporaines sur le langage par la dimension essentielle qu'elle donne à la parole comme lieu de la vérité analytique.
André Niel est professeur et conférencier à l'Alliance française de Paris. Il a obtenu - en 1971 - un Doctorat ès lettres et sciences humaines pour sa thèse : « Théorie structurale de l'homme ». Depuis cette époque, il a mis au point un modèle cybernétique décrivant le fonctionnement créateur de la pensée. Il pense que ce modèle est capable de décrire la formation de tous les systèmes de la nature et de la culture. Ce sera le sujet de ses prochains livres.
Cet ouvrage ouvre une nouvelle étape dans l'étude et l'analyse des textes - il procure de nouveaux outils de travail aux professeurs de langues, ainsi qu'aux étudiants et aux chercheurs en sciences humaines. En effet, l'auteur utilise - dans ses analyses - des modèles structuraux universels, de sorte qu'on passe, le plus aisément du monde, d'un poème de Baudelaire à une théorie du langage, d'une fable de La Fontaine à un reportage de France-Soir, et d'une page de Mauriac à une affiche de Savignac...
Un autre aspect capital de l'ouvrage, c'est, que pour la première fois, l'affectivité est intégrée dans l'analyse scientifique des structures.
Par exemple, dans ces trois métaphores - la roue du soleil, le caillot sanglant du soleil, l'hostie du soleil - la première image seule et purement poétique, les deux autres se chargeant de pathétique. La distinction des affects pathétiques et poétiques va sans doute s'imposer désormais dans l'analyse et la critique littéraires. Elle s'intègre ici dans une véritable théorie dynamique de l'affectivité, où la fonction créatrice joue un rôle capital. (L'ouvrage nous montre notamment la créativité à l'oeuvre dans la formation du langage, et l'auteur rejoint ici la linguistique générative de Noam Chomsky).
C'est dire que ce livre est un ferment de réflexion et de découverte. Par-delà les spécialistes et les éducateurs, il s'adresse au grand public. Les nombreux schémas, figures, tableaux, reproductions qui illustrent l'ouvrage, ajoutent encore à sa valeur comme instrument de travail, de réflexion et de culture.
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La Doctrine de la Sécurité Nationale constitue en quelque sorte la bible des régimes militaires sud-américains, bible dont il faut chercher les promoteurs aux USA. (Conseil National de Sécurité - Présidence Impériale - Guerre du Vietnam - Multinationales...) et en France, à l'époque ou celle-ci était engagée dans la guerre d'Algérie après l'avoir été dans celle d'Indochine. La Doctrine de la Sécurité Nationale fonde les états militaires et favorise leur maintien ; elle justifie leur pratique institutionnelle ; elle érige la violence en unique et indispensable moyen de gouvernement. Car, fondamentalement, la Doctrine de la Sécurité Nationale, c`est la guerre. Une guerre à outrance et tous azimuts contre le communisme considéré comme une gangrène dont il faut enrayer la dangereuse progression au sein de tous les corps de la nation. Ici, par une singulière perversion, la politique est devenue la continuation de la guerre par d'autres moyens : ainsi inversée, la formule de Clausewitz est mise au service de ce système monstrueux : le pouvoir militaire en Amérique latine.
Martin a trois ans et demi. C'est un enfant triste, le plus souvent pénible très exigeant, toujours avide de la présence de sa mère dont il ne peut se passer ; il a avec elle et son entourage des explosions insolites d'agressivité, il exige que sa nourriture soit entièrement passée à la moulinette. À la maison comme à l'école, adultes et enfants, déconcertés par son comportement, le supportent mal. Parfois même, il leur fait peur. C'est pourquoi, pendant près de deux ans, Martin et sa mère rencontrent régulièrement une psychothérapeute. Peu à peu, la mère de Martin découvre le plaisir de jouer avec son fils, de s'occuper de lui ; et surtout, elle perçoit les problèmes dans lesquels il se débat, qui sont en grande partie liés à sa manière de vivre et de se comporter avec lui. Elle va laisser Martin être lui-même. Martin change, elle aussi. Il va devenir le petit garçon gai brillant, affectueux qu'il est maintenant. Séance après séance, Hélène Frédéric raconte cette expérience qui a marqué sa vie et celle de son fils. Martine Malinsky, la psychothérapeute, analyse ces récits, et commente pas à pas la démarche personnelle de Martin e l'évolution de ses parents. Le livre s'achève sur la dernière séance, quand Martin décide qu'il n'a plus besoin de revenir.
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La dénonciation du totalitarisme alimente aujourd'hui le procès de l'imagination utopique. Mais cette remise en cause salutaire demeure partielle tant qu'on ne démystifie pas la prétention de l'utopie à incarner la figure idéale du rêve et de l'espérance. Il est possible d'éclairer la lourde responsabilité de l'utopie dans la crise moderne de l'imaginaire : jouant sur tous les tableaux, investissant la littérature comme la praxis, elle a contribué à appauvrir, orienter, et finalement stériliser l'imagination individuelle et collective. C'est cet entrelacement subtil d'une écriture stéréotypée et d'un activisme messianique qui a permis à l'utopie occidentale de prendre en charge toute la dynamique sociale et culturelle, en enfermant l'imagination dans le carcan du modèle unique. La confrontation de l'utopie avec les données les plus récentes de l'anthropologie symbolique, de la pathologie culturelle et des sciences religieuses permet d'opérer une émancipation de l'image, confisquée et aliénée jusqu'alors par l'histoire à son usage exclusif, et d'ouvrir à l'imaginaire un champ nouveau. La critique des utopies ne se confond plus, dès lors, avec une simple indignation morale ou un repli sceptique, mais s'ouvre sur la réconciliation urgente de l'homme moderne avec le sens de la pluralité et de la profondeur, et sur la redécouverte d'une lecture mythique et poétique du monde.
Aloysius Bertrand, poète dijonnais d'adoption représentant majeur du romantisme français, auteur de Gaspard de la Nuit est quasiment l'inventeur du poème en prose ; il a initié également la vogue de la transposition d'art puisque Gaspard regarde du côté de Callot et de Bamboccio. À vrai dire, Bertrand dénote aussi des parentés troublantes avec Rembrandt ou avec Hoffmann ; et il a inspiré David d'Angers autant que Maurice Ravel. Les rapports entre littérature et art, l'influence germanique en France au début du XIXe siècle, la culture dans la province française à l'époque romantique, voilà les principales directions de ces actes d'un colloque tenu en décembre 1991 à l'Hôtel de Vogüé à Dijon, qui vient opportunément renforcer la bibliographie existante, plutôt mince sur Bertrand.
Frosine a du sang bohémien dans les veines et dans le coeur, celui de sa mère. Jean Charrette, son père, a du bien en Languedoc. Entre l'un et l'autre, Frosine sera toujours déchirée : la route l'appelle et les feux du soir d'où monte la mélancolie des chants tziganes ; la maison la retient où l'on est à l'abri des tourments.
Elle commence plus tôt qu'autrefois, elle finit plus tard : elle concerne sans cesse plus de sujets. La crise paraît donc s'aggraver et il s'avère indispensable d'en connaître les raisons ainsi que les manifestations psychologiques et sociales. Quelle est l'incidence de la scolarisation prolongée ? Le rôle des « mass medias » ? Les conditions d'une adultisation sexuelle ? La violence des troubles émotionnels ? Le « pourquoi » de la bande ? La dilution des valeurs ? L'ambiguïté à l'égard de l'âge adulte ? etc. L'auteur situe avec précision tous les problèmes que pose ce délai prolongé entre l'enfance et l'âge adulte servitude ou avantage ? et indique comment donner à l'adolescent une autorité qui sécurise sans exaspérer, une affection qui soutienne sans entraver, une éducation qui libère sans peser.
André Malraux écoutait dévotieusement Les Voix du Silence, dont il retirait une leçon d'art raffiné et de suprême sagesse... Joseph Rassam nous convie à une tout autre réflexion : à l'analyse même du silence, dans sa contexture la plus profonde ou la plus secrète, et à la découverte progressive de son sens spirituel. Le silence se révèle ici comme la propédeutique indispensable à toute métaphysique authentique, susceptible de nous introduire au coeur du Réel. Tout projet philosophique, écrit l'auteur, pourrait être apprécié en fonction de la place qu'il accorde, de façon explicite ou implicite, au silence. On trouvera dans ces pages vigoureuses et subtiles, au style toujours clair et élégant, une remarquable confrontation entre l'idéalisme et le réalisme. Le dialogue, mené sans aucun compromis, avec Hegel, Brunschvicg, Parain, Gusdorf, Hyppolite, Ricoeur, Lacan ou d'autres, fait ressortir l'impossibilité d'admettre la transcendance du langage, car celui-ci se réfère à l'Être et au mystère, qui nous sont donnés uniquement à travers le silence.
Qui sont-ils donc, ces paysans dont le nombre se réduit inexorablement, d'année en année ? Certains survivent sur une exploitation dont ils savent qu'elle disparaîtra avec eux. Leur seule ambition est de durer au moins jusqu'à leur mort. D'autres ont allègrement pris le virage d'une agriculture mécanisée, spécialisée, modernisée. Ils ont rêvé de plus de liberté et de responsabilité. Mais, pour certains, le réveil est aujourd'hui douloureux. Les dettes croissent plus vite que le travail capable de produire les remboursements. Ils rejoignent donc la paysannerie pauvre traditionnelle. Récents ou anciens, les paysans pauvres sont les victimes de l'évolution du système économique. D'autres encore ont réussi à agrandir leur exploitation et peuvent tirer parti du « progrès » technique qui élimine inexorablement les paysans pauvres. Cette paysannerie-là n'a pas les mêmes intérêts que la précédente. Mais elle ne peut pour autant être assurée d'avoir gagné son pari : sans cesse l'évolution économique provoque le glissement de paysans moyens vers les rangs de la paysannerie pauvre. Il y a enfin les « patrons » : ceux qui sont à la tête de plusieurs salariés. Leur nombre n'a guère varié depuis cinquante ans. Serait-ce que l'agriculture, par nature, ne convient pas aux formes capitalistes qui se sont si bien épanouies dans l'industrie ? Il existe des paysanneries en France. Et non pas un ensemble homogène. Des couches traversées de conflits, aux intérêts parfois convergents, parfois opposés. Michel Blanc examine comment se sont formées ces couches sociales, selon quels mécanismes, économiques et sociaux, elles évoluent, et quel est leur avenir.
À l'origine de l'acte d'écrire, il y a toujours, chez Bernai os, un besoin de dialogue. Les grandes scènes romanesques et leur mise en forme dramatique. les interpellations et prosopopées des écrits de combat modèlent le texte au risque d'en compromettre l'achèvement, laissant parfois l'impression d'une certaine confusion que l'on a pu reprocher à l'auteur de Monsieur Ouine. Considérant le dialogue comme voie d'accès privilégiée à l'oeuvre, le livre d'André Not relève à la fois de la critique bernanosienne et d'une réflexion sur la nature du phénomène dialogique et sur les méthodes aptes à en rendre compte. L'unité de la vision bernanosienne se dégage de la polyphonie et de ses enjeux, au terme d'une démarche où l'herméneutique prend le relais d'une rhétorique qui l'accepte comme complémentaire.
La nature est intelligible et pensable. Elle tend à la stabilité, à l'ordre, et la simplicité, à répéter les mécanismes qui réussissent, d'où l'analogie et la symétrie. La matière semble aspirer à la forme, le rapport causal existe. La nature nous a dotés des appareils nécessaires pour la comprendre. À la stabilité des formes correspond le déterminisme inscrit dans les systèmes de symboles, dans leurs façons de générer des énoncés et des explications. La connaissance est un processus naturel, le résultat de la coopération entre la nature intelligible et l'organisme intelligent. Ce sont des idées anciennes, aujourd'hui oubliées. N'étant pas réalistes, comment les philosophes contemporains pourraient-ils prendre au sérieux l'intelligibilité de la nature ? Les scientifiques, trop occupés, sont devenus insensibles à la philosophie. Cet essai est une contribution à la théorie de l'intelligibilité. L'une des idées principales est que les aspects naturels, métaphysiques et symboliques de l'intelligibilité s'impliquent mutuellement. Il est difficile d'être philosophe aujourd'hui : comment faut-il s'y prendre pour toucher le fond des choses sans ignorer la démarche scientifique, pour avoir des idées claires tout en voyant loin, pour être capable de finesse concrète et de généralité abstraite ?
Comment s'en défaire. Telle a été longtemps l'obsession des légiférants à propos de l'homosexuel. En particulier du temps du régime gaulliste (en 45 comme en 60). Dorénavant, on est à la veille du jour où se pose au législateur cette question ; comment faire avec : prévenir, réparer les troubles, modifier le comportement homosexuel. Faire avec : en introduisant dans la machine juridique l'aliment psychiatro-sexuel et ainsi l'homosexualité aura servi de cheval de Troie pour un affinement général de l'encadrement juridique. Le problème pour un juge aujourd'hui n'est plus tant de condamner un homosexuel que de savoir qu'il l'est, et quelles conséquences on peut en tirer. S'ils acceptent de renoncer à leurs désordres, s'ils laissent les enfants tranquilles, ils deviennent sujets juridiques acceptables et même utiles (en portant plainte contre leurs agresseurs). Si cette « science sociale » infiniment plus efficace que la répression morale se met en place, dont la justice ne sera plus que sanction et reflet correcteur, alors oui il faudra se demander comment se défaire homosexuel.
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Étonnant destin que celui de Sébastien Lebrun, curé de Denneville en 1789. Jusqu'en 1830, la France connaît une succession de régimes et de gouvernements. Suffit-il de suivre le mouvement, comme tant d'autres l'ont fait, pour survivre ? Sébastien Lebrun, lui, choisit d'être fidèle à ses choix. Il prête serment à la Constitution Civile du Clergé, rompant ainsi avec le clergé qui avait lié son sort à celui de l'Ancien Régime. Alors que tant d'autres au cours de ces années réussiront à « s'adapter » aux régimes successifs, Sébastien Lebrun va choisir, lui, de rester fidèle à son engagement premier en faveur de la Déclaration des Droits de l'Homme. Une chronique historique, dont le thème reste parfaitement actuel : la liberté de conscience.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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« Couples suédois vers un autre idéal sexuel » fait le point sur un mythe qui a la vie dure : les belles Suédoises libérées. Qui sont ces Suédoises, et comment sont leurs compagnons dans la vie de tous les jours ? Cet ouvrage, à l'aide d'une information claire, bien documentée et à jour, présente sur fond historique l'évolution survenue ces deux dernières décennies en Suède dans les domaines de la libération sexuelle et de l'égalité des sexes. On y voit comment l'évolution économique entraîne le changement de la structure sociale et des mentalités. On y voit comment s'imbriquent comme dans un puzzle tous les moments de la vie entre un homme et une femme pour que ceux-ci puissent avoir une relation égalitaire. En Suède le discours féministe dur et intransigeant des années soixante et soixante-dix a été quelque peu mis en sourdine et on essaie de mettre en place, par une politique volontariste, les conditions indispensables à une réelle égalité des sexes. Nulle part ailleurs on a approfondi la réflexion et le débat au niveau de ce qui existe en Suède. Ce pays, qui a été pionnier dans ce domaine comme dans de nombreux autres, bénéficie en effet d'un matériel d'observation unique. Il y a vingt ans qu'on parle de « libération de la femme », et le discours n'est pas marginal puisqu'il est soutenu par des mesures officielles d'ordre économique et social. Nous allons, d'ici à quelques années, nous trouver confrontés à une évolution similaire. Saurons-nous alors tirer profit de l'expérience des Suédois, c'est-à-dire éviter les écueils auxquels ils se sont heurtés et faire les « bons » choix ?
Il y a dans la vie de Sartre une courte période sur laquelle ses biographies ont été peu prolixes. De juin 1940 à mars 1941 il était prisonnier de guerre au Stalag 12 D près de Trèves en Allemagne. Le témoignage de première main de l'Abbé Marius Perrin comble donc une lacune. Il révèle que Sartre a entretenu avec l'auteur, et un certain nombre d'autres prêtres prisonniers, des relations à la fois intellectuelles et amicales. On voit Sartre traduire pour eux à livre ouvert un Heidegger qu'il s'est procuré, leur soumettre le manuscrit, inédit, de L'Âge de Raison et, avec leur complicité, écrire pour la Noël 1940 des prisonniers du Stalag un mystère : Bariona qu'il joue avec eux et dont René Laurentin dira plus tard : « Sartre, athée délibéré, m'a fait voir mieux que quiconque, si j'excepte les Évangiles, le mystère de Noël. C'est pourquoi je lui garde une immense reconnaissance ».
Magloire Heurtevent est un « sans famille » depuis la mort de sa femme. Magloire n'est pas un « sans terre », mais sa terre est veuve depuis le temps qu'elle n'est plus travaillée. Magloire vieillit doucement entre cheval et chien. Peu d'argent, beaucoup de misères, mais avec toute sa tête, et bien à lui. Cela lui permet de voir et de comprendre la convoitise de ses voisins, paysans rudes et travailleurs : ils veulent sa terre, chacun espérant bien qu'elle n'ira pas à l'autre. Et Magloire, avant de mourir, va leur jouer un tour à sa façon, un tour de Normand bien sûr, mêlant rouerie et générosité. « Admirable chronique de notre temps, écrite de la plume la plus sûre et émaillée de trouvailles et de hardiesses techniques qui sont la marque d'un écrivain véritable » (préface de Gilles Perrault).