"Les douze articles ici rassemblés entrent dans la série de ce que j'appelle, pensant à Schubert, mes impromptus : des textes brefs, résolument subjectifs, écrits sur le champ et sans préparation (comme dit le Dictionnaire de Littré), qui s'adressent au grand public et sont le plus souvent, malgré l'éventuelle légèreté de l'écriture, d'une tonalité quelque peu grave ou mélancolique. C'est encore le cas dans ce recueil, et d'autant plus, s'agissant de ce dernier point, que la plupart de ces minuscules essais (pour reprendre cette fois le mot de Montaigne) portent sur des sujets en effet sombres ou douloureux : le pessimisme, le tragique, la mort des enfants, le handicap, l'agonie, le bagne, le suicide, l'euthanasie... J'ose croire qu'ils ne seront pas pour autant cause de tristesse, mais aideront plutôt à accepter, si possible joyeusement, la part, en toute vie, de deuil, de chagrin ou de détresse. C'est la joie qui est bonne, mais d'autant plus méritoire et belle qu'elle est souvent difficile. À l'exception du dernier, qui est de très loin le plus long, tous ces textes ont été (ou seront, pour deux d'entre eux) publiés ailleurs, dans des ouvrages collectifs ou à titre de préface ou postface. On trouvera en fin de volume la date et le lieu de leur publication passée ou à venir. Ils sont tous ici revus, corrigés, parfois sensiblement augmentés. Merci aux auteurs ou éditeurs qui les ont suscités ou accueillis. Quant au dernier texte, qui est inédit, il ne doit d'exister qu'aux lecteurs (et plus souvent aux lectrices) qui m'ont expressément demandé de l'écrire. Qu'ils en soient eux aussi remerciés."
Les émotions ont mauvaise presse et souffrent depuis toujours d'un préjugé tenace. Les émotions, ce sont les « humeurs », ou encore les « passions » ? passivité de l'âme. Aujourd'hui encore, les hommes, bien souvent, ne doivent pas montrer leurs larmes, tandis que les femmes passent pour hystériques quand elles le font. Pourtant, ce sont nos émotions, ce que nous ressentons, qui nous rendent humains. À rebours du développement personnel, c'est un guide philosophique des émotions que propose Ilaria Gaspari. Nostalgie, angoisse, gratitude, etc. : les mots que nous mettons sur nos maux ont une histoire, celle de toutes les personnes qui les ont vécues, dites, chantées, étudiées. En s'appuyant sur les plus grands philosophes et la littérature, des récits initiatiques d'Homère à Schopenhauer en passant par Spinoza, Ilaria Gaspari montre que ce qui est le plus intime est aussi universel : les émotions nous inscrivent dans la lignée des hommes. À travers ce voyage émotionnel dans le temps et la philosophie, à partir de son expérience personnelle, Ilaria Gaspari enjoint à se reconnaître comme émotif afin de ne pas se laisser dominer par elles, ne pas les subir, ni les réprimer, mais les vivre et nous fier à ce qu'elles nous disent. Car c'est l'émotion que nous ressentons qui nous rappelle nos besoins profonds, qui nous rappelle que nous sommes humains.
Des vertus, on ne parle plus guère. Cela ne signifie pas que nous n'en ayons plus besoin, ni ne nous autorise à y renoncer. Mieux vaut enseigner les vertus, disait Spinoza, que condamner les vices : mieux vaut la joie que la tristesse, mieux vaut l'admiration que le mépris, mieux vaut l'exemple que la honte. De la politesse à l'amour, dix-huit chapitres sur les vertus, celles qui nous manquent parfois, celles qui nous éclairent. Il ne s'agit pas de donner des leçons de morale, mais d'aider chacun à devenir son propre maître et son unique juge. Il n'y a pas de bien en soi : le bien n'existe pas, il est à faire et c'est ce qu'on appelle les vertus.
Peut-on jouir, dans un monde injuste, sans être complice de l'injustice ? La question se pose aujourd'hui alors que nos plaisirs, qu'ils soient érotiques, alimentaires ou festifs, semblent formatés par le capitalisme contemporain et butent sur des impératifs politiques nouveaux : le refus de la violence patriarcale, la préservation du vivant, les exigences sanitaires. Plutôt que de céder à l'ascèse, ce livre nous invite à redécouvrir la dimension politiquement subversive du plaisir. La gauche n'a aucune raison d'abandonner l'allégresse à la pensée réactionnaire et sa défense de l'« art de vivre à la française » opposé au « moralisme progressiste ». A condition d'être partagé, le plaisir est une émotion qui inscrit dans les corps une issue positive à la catastrophe. Dans cet essai, Michaël Foessel propose de renouer avec les traditions qui articulent plaisirs et émancipation. Il montre que les expériences politiques prometteuses sont celles d'où la terreur et la honte sont absentes.
La situation est inédite. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons disposé d'autant d'informations et jamais nous n'avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Nos prédécesseurs en avaient rêvé : la science et la technologie libéreraient l'humanité. Mais ce rêve risque désormais de tourner au cauchemar. Le déferlement d'informations a entraîné une concurrence généralisée de toutes les idées, une dérégulation du « marché cognitif » qui a une fâcheuse conséquence : capter, souvent pour le pire, le précieux trésor de notre attention. Nos esprits subissent l'envoûtement des écrans et s'abandonnent aux mille visages de la déraison. Victime d'un pillage en règle, notre esprit est au coeur d'un enjeu dont dépend notre avenir. Ce contexte inquiétant dévoile certaines des aspirations profondes de l'humanité. L'heure de la confrontation avec notre propre nature aurait-elle sonné ? De la façon dont nous réagirons dépendront les possibilités d'échapper à ce qu'il faut bien appeler une menace civilisationnelle. C'est le récit de cet enjeu historique que propose le nouveau livre événement de Gérald Bronner.
Nous sommes en l'an 55, Ramsès II est à la fin d'un règne qui fut exceptionnel. Renaud Pietri nous invite à descendre le Nil et à reconstituer ce que fut une journée normale sous Ramsès II. Des temples jusqu'au Palais Royal, du travail d'un artisan à celui d'un scribe, ce livre redonne vie à l'Egypte ancienne, dans son quotidien, à travers ses croyances, ses dieux et ses hommes. Une épopée vivante et érudite pour redécouvrir ce royaume des mystères.
Le présent volume porte sur les philosophies féministes de ces cinquante dernières années, dont la richesse et l'engagement en font l'un des champs les plus novateurs de la recherche philosophique actuelle : le féminisme marxiste, le féminisme « post-moderne » et la théorie queer, l'épistémologie, l'éthique féministes, l'histoire et la philosophie féministes des sciences, le black feminism et l'intersectionnalité. L'ensemble de ces pensées constitue un vaste corpus riche d'outils critiques pour réfléchir à nouveaux frais sur de nombreux enjeux de la philosophie mais aussi pour éclairer les débats contemporains sur le genre et la sexualité, la matérialité des rapports de pouvoir comme leur articulation et leur représentation dans la modernité, les violences sexuelles et le sexisme.
L'histoire n'est pas une réalité brute, mais surtout, le récit que l'on en fait, à l'échelle individuelle comme à l'échelle des groupes et des sociétés, pour donner sens au temps, au temps vécu, au temps qui passe. Jadis, le sens était tout trouvé : il avait pour nom(s) Dieu, Salut, Providence ou, pour les plus savants, Théodicée. À l'orée du XXe siècle, la lecture religieuse n'est plus crédible, dans le contexte de déprise religieuse qui caractérise l'Occident - l'Europe au premier chef. La question du sens (« de la vie », « de l'histoire »...) en devient brûlante et douloureuse, comme en témoignent les oeuvres littéraires et philosophiques du premier XXe siècle, notamment après ce summum d'absurdité qu'aura constitué la mort de masse de la Grande Guerre. La littérature entra en crise, ainsi que la philosophie et la « pensée européenne » (Husserl). On ne peut guère comprendre le fascisme, le nazisme, le communisme, le national-traditionnalisme mais aussi le « libéralisme » et ses avatars sans prendre en compte cette dimension, essentielle, de donation et de dotation de sens - à l'existence collective comme aux existences individuelles -, sans oublier les tentatives de sauvetage catholique ni, toujours très utile, celles du complotisme. Au rebours de l'opposition abrupte entre discours et pratiques, ou de celle qui distingue histoire et métahistoire, il s'agit d'entrer de plain-pied dans l'histoire de notre temps en éclairant la façon dont nous habitons le temps en tentant de lui donner sens.
Le terme de toxique, d'un siècle à l'autre, semble avoir changé de signification. Du sens propre, concernant les paradis artificiels et les stupéfiants en tout genre, nous sommes passés à un sens métaphorique. Quelle est cette substance nouvelle, qui s'est glissée entre les êtres, qui se faufile entre les interstices du monde, entre les mots et les choses, et qui dit notre fragilité et notre angoisse ? Le toxique désigne ce qui vient empoisonner nos vies, soumises à des discours qui nous prennent au corps. Si la flèche du toxikon nous vient des Grecs, elle a accompli une trajectoire traversant l'Histoire pour se planter dorénavant dans la chair de chacun. Les prémices du toxique peuvent être trouvés dans les tourments de Trless, le héros de Musil, mais aussi dans la maladie d'amour dont souffre Emma, l'héroïne de Flaubert, comme empoisonnée par sa propre jouissance. Pour explorer cette hybris nouvelle, Clotilde Leguil démontre avec Lacan la dimension toxique du Surmoi contemporain et l'égarement de la jouissance lorsqu'elle oublie le désir.
L'imprévu a déserté nos vies, a été banni de nos sociétés, toujours plus avides de planification. Nous laissons ainsi se perdre l'essentiel : la poésie insoupçonnée du quotidien, le goût des rencontres, les découvertes du hasard. Il est encore temps de changer notre regard et de pratiquer un art subtil de la fugue. Il faudrait pour cela transformer ce que nous voyons comme des contrariétés - retards, annulations, pannes - en occasions de bifurquer. Et profiter de ces lieux d'évasion facile que sont les bancs publics, les premiers étages des cafés, les halls d'aéroports, les restaurants vides, les escaliers d'immeubles...
La première partie de l'ouvrage relève à proprement parler du genre journal en commentant l'actualité de ces dernières années, de l'assassinat de Samuel Paty à l'invasion de l'Ukraine en février 2022 en passant par l'assaut du Capitole à Washington en janvier 2021, avec systématiquement une perspective écologique. D'autres thèmes sont abordés comme la convention citoyenne, le véganisme, la forêt primaire ou l'arbre, l'écoféminisme, la fuite sur Mars, la Covid, le glyphosate, le fascisme climatique, ou encore le "grand remplacement". La deuxième partie, même s'il y est encore question de thèmes généraux comme le progrès, la spiritualité, le loup ou le peuple, ne constitue pas moins une réflexion de philosophie politique cherchant peu à peu à cerner les contours d'une démocratie écologique, impensable en dehors d'une bascule de civilisation.
Guildhall, 24 novembre 1992. Lors du banquet donné en l'honneur de ses quarante ans de règne, Elizabeth II prend la parole d'une voix légèrement cassée : pour la première fois, la souveraine sort de sa réserve et fait une entorse à son célèbre principe « Never complain, never explain ». Divorces, presse à scandale, incendie de Windsor : en cette année, la monarchie vacille. Mais Elizabeth II ne plie pas. Traversant les modes, surmontant les crises, elle est devenue une icône de notre époque, et sans doute de l'histoire. C'est ce destin que ce livre raconte, en tentant d'approcher au plus près le quotidien de la souveraine.
La Poétique de l'espace explore, à travers les images littéraires, la dimension imaginaire de notre relation à l'espace, en se focalisant sur les espaces du bonheur intime. Le « philosophe-poète » que fût Gaston Bachelard entend ainsi aider ses lecteurs à mieux habiter le monde, grâce aux puissances de l'imagination et, plus précisément, de la rêverie. Aussi l'ouvrage propose-t-il tout d'abord une suite de variations poético-philosophiques sur le thème fondamental de la Maison, de celle de l'être humain aux « maisons animales » comme la coquille ou le nid, en passant par ces « maisons des choses » que sont les tiroirs, les armoires et les coffres. Il ouvre de la sorte une ample réflexion sur l'art d'habiter le monde, impliquant une dialectique de la miniature et de l'immensité, puis du dedans et du dehors, qui s'achève par une méditation des images de la plénitude heureuse, condensant les enjeux anthropologiques, métaphysiques et éthiques de cette oeuvre sans précédent.
Alors que le XIXe siècle a fait l'objet ces dernières années de nombreuses publications, il n'existait aucune tentative récente de proposer une lecture renouvelée du XXe siècle. S'interrogeant d'abord sur ses temporalités, l'ouvrage s'ouvre sur un tableau des trois grandes phases ayant scandé le siècle et se poursuit par une analyse de ses moments charnières (1917, 1945, 1968, etc.). Le siècle est ensuite envisagé au prisme de ses spatialités au travers d'essais envisageant l'empreinte spécifique qu'il a laissé dans chaque grande région d'un monde qu'il a élargi aux horizons extra-atmosphériques. Une attention particulière est accordée aux lieux qui ont cristallisé certaines des dynamiques les plus saillantes du siècle (Jérusalem, Auschwitz-Birkenau, l'Amazonie, etc.). Enfin, le siècle est abordé sous l'angle des principaux enjeux auxquels ses contemporains ont été confronté, du déchainement de la violence à la dégradation de l'environnement en passant par les mutations de la démographie, de l'économie, de la culture ou encore des religions.
Le rose est un balcon sur le temps présent, une couleur mobilisant aujourd'hui une constellation d'acceptions qui se bousculent au gré des actualités, des individus, des régions du monde et des idéologies. Car nous employons un mot similaire pour qualifier différentes réalités, certaines opposées, d'autres complémentaires. À l'issue d'une promenade à travers siècles et civilisations, on voit que le rose contemporain, désormais global et mondial, devenu un intermédiaire consensuel entre le rouge historique et le transgressif violet, est un étendard de la modernité autant que l'un de ses stigmates. Transferts culturels, orientalisme ou encore soft power sont autant de clefs de lecture d'une couleur à l'intersection de l'histoire culturelle, des relations internationales... et des études japonaises. Car cette enquête sur plusieurs rivages et plusieurs époques a bien pour objet de saisir la spécificité d'une couleur qui cannibalise la période actuelle et qui prend la teinte des sakura nippons. Mais cette couleur existe-t-elle réellement ou n'est-elle qu'une chimère que nos esprits ont formée, gisant dans nos réminiscences et l'espoir d'un monde renouvelé ?
Le tsunami d'informations déclenché par la numérisation menace de nous submerger dans une mer de communication frénétique qui perturbe de nombreuses sphères de la vie sociale, y compris la politique. Les campagnes électorales sont maintenant menées comme des guerres d'information, et la démocratie dégénère en infocratie. Dans son nouveau livre, Byung-Chul Han soutient que l'infocratie est la règle dans le capitalisme d'information contemporain. Alors que le capitalisme industriel a fonctionné avec la contrainte et la répression, ce nouveau régime d'information exploite la liberté au lieu de la réprimer. La surveillance et la punition font place à la motivation et à l'optimisation : nous imaginons que nous sommes libres, mais nos vies entières sont enregistrées afin que notre comportement puisse être contrôlé psychopolitiquement. Sous le régime néolibéral de l'information, les mécanismes du pouvoir fonctionnent non pas parce que les gens sont conscients de la surveillance constante, mais parce qu'ils se pensent libres.
Les croyances aux théories du complot sont souvent analysées à travers le prisme de l'irrationalité individuelle. Dans cet ouvrage, elles sont abordées à l'aune des liens qu'elles entretiennent avec nos appartenances à des groupes sociaux. En effet, nos croyances reflètent nos identités collectives. Être issu d'un groupe socialement privilégié, ou au contraire discriminé, impacte notre vision du monde, nos croyances, nos valeurs, et les croyances aux théories du complot - manifestement farfelues pour les uns, simple bon sens pour les autres - ne font pas exception à la règle. Dans une réflexion ancrée dans la littérature scientifique en psychologie sociale et ses propres travaux de recherche, l'auteur analyse les croyances complotistes comme vecteur de lien social, de valorisation de soi et des siens. Au passage, il initie à la complexité de l'étude scientifique du complotisme, et notamment à la difficulté de définir le phénomène.
Aujourd'hui, Moscou et Pékin affichent leur « nouveau type de relations interétatiques » et leur « amitié qui ne connaît aucune limite ». Pourtant, si ce n'est une hostilité commune envers l'Occident et une volonté de pérenniser leurs régimes respectifs, rien ne conforte véritablement cette alliance de circonstance. Les relations entre ces deux puissances sont empreintes de la même ambivalence et de la même défiance historiques. Le fort déséquilibre actuel, faisant de la Russie un « junior partner » de la Chine, apparaît évident. Même en Asie centrale, la Russie perd pied face à elle. L'agression russe contre l'Ukraine, sans que les Chinois en aient vraiment été informés, ne fait qu'approfondir ces déséquilibres et pourrait être préjudiciable à leurs intérêts. De l'ignorance réciproque à l'alliance opportuniste en passant par une période d'hostilité puis de rapprochement idéologique, cet ouvrage revient sur l'histoire des relations entre ces deux États, dont l'alliance représente une des questions géopolitiques majeures de notre temps.
À travers de très courts chapitres qui sont autant de briques emboîtées les unes dans les autres, l'auteure embarque les lecteurs dans une réflexion ponctuée de questions qui donnent à son essai des allures d'enquête. Après avoir indiqué l'impasse écologique, politique et existentielle dans laquelle la « logique d'ingénieur » (calculante, instrumentaliste et planificatrice) semble nous conduire collectivement, elle explore la richesse d'une voie alternative : celle du « bricolage ». Faisant dialoguer les grands philosophes de la modernité - Spinoza, Kant - avec les penseurs de l'après-guerre - Hannah Arendt, Walter Benjamin, Claude Lévi-Strauss, Michel de Certeau, André Gorz - aussi bien que ceux de notre temps - Byung Chul Han, Timothy Morton -, elle dévoile peu à peu les facettes d'un mode de penser et d'agir qui promeut aussi bien la pratique de la collection ou du recyclage que des tactiques subversives permettant de détourner les ordres et les appareils dominants. Replongeant le « monde » dans la « nature » et faisant l'hypothèse d'une continuité entre le souci pour les choses et le soin des vivants, elle invite chacun, par la préoccupation pratique qu'il pourrait témoigner aux autres, à « être pris » autant qu'à « prendre en charge » ce qui l'entoure.
Alexandre Dumas a été étroitement mêlé à l'histoire du XIXe siècle : à la fois en s'impliquant directement dans les événements et en les chroniquant en témoin ou en journaliste. La plus grande partie de son oeuvre est d'inspiration historique, qu'il s'agisse de l'histoire de la France d'Ancien régime, ou de l'histoire de la Révolution et du XIXe siècle. Dumas développe très tôt une réflexion sur le devenir historique, dans une perspective providentialiste alors partagée par les historiens qui sont ses contemporains. Lui qui se voulait vulgarisateur, était fier de l'éloge fait à lui par Michelet : « Vous avez appris plus d'histoire au peuple que tous les historiens réunis. » Il n'a pas manqué de détracteurs pour lui reprocher la grande liberté qu'il prenait parfois avec les faits ou, de façon bien plus contestable, la valeur littéraire et intellectuelle de son oeuvre, longtemps méjugée. A l'évidence, Dumas n'était pas historien selon nos critères scientifiques actuels. Mais il contribue encore aujourd'hui à susciter des vocations pour ce métier et surtout, incontestablement, il continue de marquer nos représentations collectives de l'histoire de France.
De sa naissance en 1808 à sa mort en 1873, la vie de Louis-Napoléon Bonaparte est une épopée. Fils du roi Louis et neveu de l'empereur Napoléon, son avenir semble radieux. Exilé à la chute de l'Empire, il combat pour la liberté en Italie puis tente par deux fois de prendre le pouvoir en France, mais il est condamné à l'enfermement à perpétuité. Il s'évade et rejoint Londres où il mène une vie de dandy, sans perdre ses ambitions politiques. Après la révolution de 1848, élu au suffrage universel masculin, il devient président de la République. Un an après le coup d'État de 1851, il restaure l'Empire et prend le nom de Napoléon III. De 1852 à 1870, le Second Empire marque profondément la France, l'Europe et le monde, de la Chine au Mexique. C'est une défaite militaire face à la Prusse qui marque la fin d'un règne essentiel dans notre histoire, par l'image donnée au pouvoir, la « fête impériale », et par la proposition politique originale, le césarisme, même s'il fut longtemps décrié.
La révolution numérique bouleverse nos modes de vie, nos économies et nos pratiques sociales. Elle transforme aussi en profondeur notre rapport à l'information. En effet, nous sommes aujourd'hui confrontés à une masse inédite d'informations disponibles et à une concurrence généralisée des points de vue, qui s'expriment sans filtre et selon une logique peu intelligible pour les utilisateurs du web et des réseaux sociaux. Cette saturation et cette dérégulation du marché de l'information en ligne mettent à rude épreuve nos capacités de vigilance intellectuelle, ce qui nous rend davantage perméables aux fausses informations. Désinformation, infox... : les vocables se multiplient pour désigner ces fausses nouvelles qui circulent en ligne et sont susceptibles d'influencer nos attitudes, nos comportements, mais aussi notre représentation du monde environnant, au risque de faire émerger des réalités parallèles et de voir disparaître l'espace commun nécessaire à la confrontation des opinions, des idées et des valeurs : autrement dit, à la vie démocratique.
Les animaux fantastiques sont omniprésents dans nos sociétés contemporaines. Dragons, licornes, sphinx et phénix peuplent les oeuvres de fiction et notre imaginaire, peut-être même notre quotidien. Ce sont, pour la plupart, des créatures mythiques apparues à la fin de la préhistoire. Leur rôle et leurs fonctions ont évolué au cours des millénaires. Il existe cependant des constantes dans leur représentations, comme leur rapport étroit au sacré et à la mort, leur appartenance au monde des marges. C'est sans doute ce qui explique que les animaux fantastiques continuent de nous fasciner : ils nous attirent et nous terrorisent ; ils interrogent notre rapport au monde, à la nature et à notre propre animalité. Cet essai retrace, à travers six mille ans d'histoire, l'apparition, l'évolution et l'actualité des plus emblématiques d'entre eux. Certains animaux fantastiques sont en effet omniprésents dans la culture populaire alors qu'ils sont apparus à la fin du Néolithique. Quelles fonctions remplissent-ils ? Pourquoi avons-nous aujourd'hui encore besoin d'eux ? D'où vient cette longévité dans la fascination qu'ils exercent ?
Il est souvent question aujourd'hui de protéger la nature (le vivant, les animaux sauvages, la biodiversité, les écosystèmes...). Pourtant, dans les espaces naturels, les animaux souffrent très fréquemment de faim, de soif, de froid, de parasites, de blessures ou encore de maladies, quand ils ne se font pas dévorer par des prédateurs. Dans ces conditions, pourquoi vouloir à tout prix sanctuariser la nature ? Pourquoi ne pas plutôt entreprendre de la transformer pour le bien-être des animaux, à l'instar de ce que l'on fait pour les humains ? Contre une écologie qui voudrait préserver la nature des activités humaines, Thomas Lepeltier défend ainsi une démarche éthique qui nous conduit à y intervenir et à la modifier. De la même manière que l'on vient en aide à des humains en souffrance, il n'y a en effet aucune raison, si on en a les moyens, de ne pas assister les animaux sauvages quand ils souffrent et de ne pas transformer leur espace de vie pour accroître leur bien-être. C'est là une question éthique fondamentale : comme le montre ce livre, pour diminuer la souffrance sur Terre, mieux vaut transformer la nature que la préserver telle quelle.