Littérature
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Hard romance ; Cinquante nuances de Grey et nous
Eva Illouz
- Seuil
- Débats
- 25 Septembre 2014
- 9782021180909
La trilogie Cinquante nuances de Grey connaît un succès phénoménal. Comment comprendre cet engouement planétaire pour une romance érotique mettant en scène l'initiation sadomasochiste d'une jeune ingénue par un séducteur richissime qui finit par épouser sa soumise ? Suffit-il d'invoquer le caractère osé du livre et ses ficelles narratives ou d'ironiser sur la popularité naissante d'une pornographie pour mères de famille ?
Dans la lignée de Pourquoi l'amour fait mal, c'est une tout autre lecture, autrement subtile et troublante, qu'Eva Illouz propose dans cet ouvrage. Considérant les best-sellers comme un baromètre des valeurs, elle montre que, dans cette bluette SM, le jeu de la soumission et de l'autonomie, de la souffrance et de l'épanouissement sexuel, de l'assignation des rôles et de la confusion des identités entre en résonance avec les apories contemporaines des relations entre hommes et femmes. Si cette histoire semble procurer à ses lectrices un tel plaisir, c'est qu'elle formule allégoriquement les contradictions émotionnelles et sentimentales qu'elles éprouvent et que, à la manière des guides de développement personnel, elle s'avise de leur prodiguer d'audacieux conseils pour les résoudre.
Professeure de sociologie à la Hebrew University de Jérusalem, Eva Illouz a notamment publié Les Sentiments du capitalisme et Pourquoi l'amour fait mal (Seuil, 2006 et 2012).
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Le coq et la perle ; cinquante ans d'europe
Sylvie Goulard
- Seuil
- Débats
- 1 Octobre 2009
- 9782021007558
Aimer l'Europe mais honnir Bruxelles. Rêver d'une " Europe puissante " en la bridant. Invoquer l'amitié avec l'Allemagne avec l'Allemagne tout en la redoutant. À force de contradictions et d'incohérence, de supériorité affichée et de complexes inavoués, la France s'est détournée de l'Europe qu'avaient voulue les pères fondateurs. Au pays de Jean Monnet et de Robert Schuman, rares sont les hommes politiques français qui pensent et agissent en Européens. Plus personne ne se sent responsable de l'intérêt commun. Depuis les débuts de l'aventure communautaire, les Français ont parfois été des meneurs engagés et de formidables " inspirateurs " capables d'inventer une méthode révolutionnaire de coopération entre peuples. À plusieurs reprises, ils se sont aussi révélés être des lâcheurs, intéressés, arrogants, violant les principes que le génie propre des meilleurs d'entre eux a légués à l'Europe. Le coq gaulois a gaspillé la perle.
Pourtant, rien dans ce constat ne doit nous désespérer : l'Union européenne telle qu'elle se fait n'est pas l'Europe ; c'est au mieux un ersatz. Les difficultés actuelles sont passagères et réversibles : que l'on se remette enfin à faire l'Europe sérieusement, dans l'esprit communautaire, et l'élan reviendra.
Chercheur associé au CERI (Sciences Po), enseignante au Collège d'Europe (Bruges), Sylvie Goulard est présidente du Mouvement Européen France.